Chapitre 25

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Lou

Aujourd'hui...

Quand je me réveille, mon salon n'est plus qu'un tas de corps ronflant. Je me redresse sur mes coudes, et ma tête me brûle. Je me lève donc discrètement et vais à la cuisine en slalomant entre mes amis qui pour la plupart, dorment sur le sol.
J'avale un cachet et me dirige sans un bruit vers ma chambre. Personne n'a dormi dans mon lit, c'est la règle. Je déteste qu'on s'introduise dans mon espace personnel. Et puis, finalement, ça ne dérange personne de dormir dans le salon. On est toujours trop comateux pour s'en soucier.
Je me change et, des coups retentissent à la porte. Je vais donc ouvrir au plus vite, avant que tout le monde ne se réveille. Je ne sais pas qui c'est, mais faut vraiment que je change mon code à l'entrée. Si le gardien savait qu'autant de personnes peuvent aller et venir dans l'immeuble, il me tuerait. J'entrouvre la porte et retiens un cri de surprise en découvrant Tewis sur mon palier. Merde, je l'avais oublié, lui !
Je le regarde d'un air suspicieux.
– Comment tu fais pour entrer comme ça ?
Il hausse les épaules et répond simplement :
– Le code était facile à trouver.
C'est sûr, c'est l'anniversaire de ma mère. Mais, quand même, j'aime pas qu'il me connaisse autant.
– Et, euh, qu'est-ce que tu fais là ?
– Je viens accepter ton offre, si c'est toujours ok. Deux nuits dans une voiture, c'est suffisant.
Je lui lance un sourire contrit, la porte toujours à peine ouverte, et c'est à son tour de me regarder suspicieusement.
Soudain, Eric pousse un grognement derrière moi. Toujours discret, lui.
– C'est qui, Lou ?
Je ne réponds pas et fixe Tewis.
Il n'est pas vraiment le bienvenu, parmi eux.
– Oh, tu n'es pas seule ?
Je vois bien à sa façon de parler, et de me regarder, qu'il pense que je suis avec un plan cul. Je ne prends pas la peine de démentir, et lui arrache son sac des mains.
– Écoute, je pose tes affaires, et tu reviens dans quelques heures, ok ?
Les mâchoires contractées, il me fusille du regard.
– Toi, écoutes. Je préfère encore vivre dans ma voiture si tu ramènes tes plans culs à tout va. Tu sais très bien que...
Il est coupé par Eric qui ouvre la porte à la volée derrière moi. Son regard est dur comme la pierre.
– Pour qui tu te prends, toi, à lui parler comme ça ?
Je me tourne directement vers lui, et pose mes mains sur son torse, pour l'empêcher de faire une connerie.
– Eric, calmes toi. Je gère.
Il regarde Tewis de travers, mais finis par m'écouter et s'éloigne d'un pas lourd. Quand je me retourne vers Tew, il me fixe bizarrement. Trop intensément pour que ce soit naturel.
– Quoi ?
Il secoue la tête.
– Rien.
Je soupire.
– Bon. Mes potes ne t'aiment pas, ok ? Alors s'il te plaît, reviens dans quelques heures, et on établira les règles. Mais je ne te laisse pas la rue.
Non, parce que c'est au-dessus de mes forces, je me retiens de dire.
Ses yeux passent de mon visage à son sac, puis de son sac à mon visage, et il semble prendre sa décision.
– Ok.
Il détourne les talons sans rien ajouter, et je le fixe tandis que les portes de l'ascenseur se ferment entre nous. Je pousse un long soupir et rentre en traînant des pieds. Mais, je ne suis pas au bout de mes peines...
Paul m'attend au milieu du salon, les bras croisés et le regard dur.
– Dis-moi que j'ai mal compris.
Je baisse les yeux et déglutis.
– Bordel, Lou ! Alors, quoi, tu vas t'installer avec lui et puis vous allez former un joli petit couple et tu vas redevenir la gentille et innocente petite Lou ?
Je lui lance un regard noir.
– Ne parle pas d'elle. Tu sais que je la déteste.
– Alors pourquoi tu le laisses reprendre le contrôle sur ta vie ?
Je secoue la tête et souris sarcastiquement.
– C'est ça que tu ne comprends pas, Paul. Cette fois, c'est moi qui ai le contrôle.
– Tant mieux si tu le crois.
Il se détourne et marche droit jusqu'aux toilettes. Je le soupçonne de fuir, mais je laisse tomber et pars me faire un café. Assise dans la cuisine, et renfermée sur moi, c'est Maggie qui viens me tirer les vers du nez.
– Eh, ça va ?
– J'ai envie d'un joint. T'as quelque chose sur toi ?
– Non, désolée.
Merde. J'aurais dû aller faire mes courses hier. Mag s'assoie à côté de moi et rentre dans le vif du sujet.
– Tu sais qu'on le déteste tous. Et on a nos raisons. On pense à toi.
– Je sais.
Elle hoche la tête et continue :
– Et moi je sais que tu l'aimeras toujours, mais le faire venir ici, c'est une mauvaise idée.
Je soupire longuement.
– Mais, Maggie, il est à la rue, et son connard de père...
La colère monte en moi, et je n'arrive plus à la contrôler, ni à la retenir. J'ai besoin d'évacuer, alors je lance ma tasse pleine de café contre le mur dans un rugissement. Mag pousse un cri effrayé, et tout le monde se rameute.
– Lou, qu'est-ce qu'il se passe ?
Eric pose prudemment sa main sur mon épaule, mais je le repousse d'un geste rageur et pousse les jumeaux pour sortir.
– Lâchez-moi, je crie avant de claquer la porte, prenant la peine d'attraper mon sac en même temps.
Le cœur battant à une vitesse folle, je m'adosse à la barre des escaliers, et me laisse glisser jusqu'au sol. J'en peux plus de touts ces sentiments contradictoires. Je ne sais plus quoi faire, ni ce que je veux avec Tewis. Mon mère me manque beaucoup trop. J'ai besoin d'elle. Qu'on me conseille. Qu'un putain d'adulte veille sur moi, pour une fois.
Je ferme les yeux et des larmes s'échappent malgré moi. Je les efface d'un geste rageur, et envois un message à Carter.
J'ai besoin d'un verre. Ça te branches de noyer ta peine avec moi une nouvelle fois ?
Sa réponse ne se fait pas tarder. Je saute donc sur mes pieds après lui avoir donné rendez-vous au même bar que d'habitude, et pars en laissant les autres derrière moi. Ils savent se débrouiller.
Je pars en sautillant, heureuse d'aller boire un verre avec mon ami.

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