Lou
Aujourd'hui...
Lorsque je me réveille après m'être rendormie sur la canapé, de nombreuses heures plus tard, j'ai loupé la moitié des cours de la journée.
Quand ça commence comme ça, autant continuer dans la même démarche, non ?
Je me prépare un petit-déjeuner complet, comme je n'en ai pas fait depuis longtemps.
Je prends tout mon temps pour manger, prendre ma douche et me préparer, et ça me fait un bien fou de traîner.
Et d'avoir une grand-mère cool comme tuteur légal. Elle me laisse faire ce dont j'ai envie, tout le temps. Et elle ne veille pas vraiment au grain quant à mes conneries.
Donc, je peux sécher les cours autant que je veux, le seul truc qu'elle fera, c'est râler contre cette "putain d'école qui appelle pour rien".
Elle me fait marrer, même si elle ne s'occupe pas vraiment de moi.
Comme moi, elle pense que l'école et toutes ses règles ne servent à rien. Elle a un avis bien tranché sur la question et ne se garde pas de le dire. C'est plutôt marrant quand elle en fait part aux surveillants qui appellent pour signaler mon absence.
Bref.
Il faut que je trouve quelque chose à faire.
Avec tout ce repos, et ce trop plein d'émotions, j'ai besoin de me détendre. Je me déhanche soudainement sur une de mes chansons préférées au milieu du salon, et une idée parfaite me vient.
Danser, j'ai toujours aimé ça. Dans le secret de ma chambre, au début. Puis, avec Tessa. Et avec lui, ça a pris une toute autre dimension. La vraie danse, sous les néons, la musique dans les oreilles, c'est magique.
Alors, le meilleur moyen de me changer les idées tout en m'amusant, c'est d'aller à la boîte qui est ouverte 24h/24h. Quand j'ai découvert le concept, je n'en revenais pas. Je ne comprenais même pas comment ça pouvait fonctionner. Mais il s'avère que c'est pratique, et que la boîte est étonnamment toujours remplie.
Je cours enfiler une robe et des collants, me maquille et pars en direction de la fameuse boite sans attendre plus longtemps.
Une heure plus tard, après un long voyage en compagnie de gens suspicieux à mon égard, je suis devant le Joice et compagnie.
Le nom est un peu à chier. Mais bon, c'est pas ça qui est important.
J'entends d'ici la musique électro et mon corps s'électrise.
Je tape dans mes mains et entre par la porte de derrière. J'ai appris des techniques, à force de me faire recaler par le videur.
Quand j'arrive dans la pièce principale, la piste est remplie de fumée, la musique me hurle dans les oreilles et une odeur d'herbe persiste.
J'adore cette boîte et l'ambiance qui y règne. Je m'y sens tellement...libre.
Je m'élance parmi les danseurs et commence à me déhancher sur la piste.
C'est fou qu'il est autant de monde à cette heure. Mais je m'en contrefiche. Ici et maintenant, il n'y a plus que moi et la danse.
Je lève les bras, et la foule autour de moi me paraît disparaître.Après plusieurs chansons, je suis à bout de souffle, et j'ai remarqué quelques gars pas nets me lorgner un peu trop longtemps à mon goût. Je m'arrête donc de danser et pars vers les toilettes, pour reprendre mon souffle, et m'éloigner de ces mecs louches.
Je commence à me laver les mains, quand j'entends du bruit derrière moi.
Je me retourne, pensant trouver une de ces filles un peu trop bourrée et chancelante, mais à la place, j'aperçois un des mecs de tout à l'heure.
Je me détourne et continue de me laver les mains, comme s'il n'était pas là. Mais je l'entends se rapprocher petit à petit de moi, jusqu'à ce que je sente son souffle alcoolisé dans mon cou.
Je commence à avoir un peu peur, mais je ne laisse rien paraître.
– On ne t'a jamais dit qu'il ne fallait pas venir ici seule et habillé de cette façon, ma jolie ? Murmure-t-il, au creux de mon oreille, son doigt parcourant lentement mon dos.
Mon corps se recouvre de frissons. Des frissons de dégoût.
Je ne sais plus quoi faire, et je commence à sérieusement baliser, alors je me retourne et le dévisage avec défi.
Il n'y a que moi pour me foutre dans des embrouilles pareille.
Je décide de la jouer forte.
– Écoutez, je ne sais pas pour qui vous vous prenez, mais...
Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase, qu'il me projette contre le mur.
J'en ai le souffle coupé et je cligne plusieurs fois des yeux avant de reprendre mes esprits.
Le mec se tient alors devant moi, ses bras de chaque côté de ma tête. Je suis piégée.
– Pour qui tu te prends, toi, à me parler de cette façon ?
– Je...
– Pour la peine, tu vas me faire plaisir et ne pas bouger, ok ?
Il me sourit, d'un sourire qui ferait trembler les morts.
Je ne peux pas répondre puisqu'il se colle à moi, me coupant le souffle et m'empêchant tout mouvement.
Il porte ensuite une main sur ma bouche et l'autre glisse sous ma robe. Il passe sa main rugueuse sur ma cuisse, puis la remonte lentement.
Il faut que je trouve un moyen de me libérer. N'importe quoi. J'essaie de remuer, de donner des coups de pieds, en vain, et lorsque je lui mords la main, il ne réagit pas.
Je suis vraiment tombée sur le seul homme de la planète qui ne ressent pas la douleur ?
Tout à coup, l'éclat de son regard me ramène 1 an plus tôt, dans ces même toilettes. Mais cette fois, personne n'est là pour s'apercevoir que j'ai disparue depuis un peu trop longtemps...
Je suis ramenée à la réalité quand sa main devient dangereusement proche de mon intimé.
– Noooon.
Je lève mon genoux et le projette de toutes mes forces vers lui. Ça le déstabilise assez pour que j'ai le temps de partir en courant.
De retour dans la salle de danse, je me précipite vers la sortie sans faire attention à ceux que je bouscule au passage. Mais on m'aggripe fermement le bras au passage.
– Lou !
Il me faut quelque seconde pour faire redescendre la panique et distinguer les traits de mon interlocuteur.
Je crie, surprise :
– Paul ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
– Bordel, Lou, on t'avait pourtant dis de ne pas revenir ici seule, t'es tarée ou quoi ?
Je cligne des yeux, et répond de la seule question qui me vient :
– Comment t'as su que j'étais là ?
Ma voix n'est plus qu'un murmure, et je me sens faible.
Reprends-toi, merde.
– On en discutera plus tard. Aller viens, je te ramène chez toi.
Il me redresse avec saisit avec force et me conduit jusqu'à sa voiture sans un mot de plus.*
Le trajet jusqu'à chez moi se fait dans un silence pesant. Paul est en colère et moi, je ne cesse de penser à cet inconnu. À ces mains sur moi. À...
Une voix me sort de mes pensées.
– On est arrivés, viens.
Je descends de la voiture et commence à marcher. Mes jambes tremblent et j'ai encore du mal à mettre un pied devant l'autre.
Paul le remarque, et vient m'offrir son aide.
Mais lorsque son bras entoure ma taille, je sursaute et m'éloigne de lui.
– Je suis désolée. Je vais monter toute seule, merci.
Imaginer les mains de Paul sur moi à nouveaux m'effraie, sans que j'en détermine la raison. On a été en contact physique de nombreuses fois, et ça ne m'a jamais gênée. Mais qu'est ce qui m'arrive ?
Paul m'adresse un sourire compréhensif et me répond :
– Tout va bien, c'est pas grave.
Je lui souris vaguement et on monte en silence. En entrant chez moi, Paul va directement s'asseoir sur le canapé et je lui propose un verre.
– Non merci, c'est bon. Viens plutôt me rejoindre, qu'on discute.
Son ton ne me dis rien qui vaille. Mais je ne peux pas me défiler, alors je le rejoins sur mon canapé d'un pas traînant.
– Oui ? Je lance, nonchalamment
– Tout va bien ?
– Euh...oui, évidemment.
– Pourquoi ? Il hausse le ton. Peut-être parce que tu disparâis sans prévenir et que je te retrouve au Joice en pleine panique !
J'écarquille les yeux, je n'en reviens pas qu'il me parle sur ce ton. Je commence à me lever pour m'éloigner mais il m'attrape le poignet.
– Attends, je...désolé, j'aurais pas dû te balancer ça.
– Effectivement.
– Mais on t'a répété pleins de fois de ne pas aller là-bas toute seule !
Je lève les yeux au ciel et les bras en l'air.
– Je sais ! Mais je ne pensais pas tomber sur un connard !
– Eh bah réfléchis deux secondes ! Je t'avais prévenu que cette boîte était mal fréquentée !
Ses yeux lancent des éclairs, et je suis sûre qu'il voit la même chose dans les miens.
– J'ai compris, c'est bon ! J'aime être là-bas, c'est tout. Mais je n'irais plus sans vous.
Je me lève d'un bond et le foudroie du regard. Putain, je fais encore ce que je veux. Il n'a pas son mot à dire.
– J'espère bien. Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?
Je m'adoucis devant son inquiétude et réponds :
– Rien de grave, promis, juste un relou. Comment tu savais où j'étais ?
Il souffle et se passe la main dans les cheveux.
– On était inquiets.
Il détourne le regard, mal à l'aise, et continue :
– D'habitude tu ne sèches pas toute la journée, et en plus, hier soir, impossible de te joindre. Alors ce midi, je suis allé voir chez toi pour vérifier que tout allait bien mais t'étais pas là. Et tu ne répondais pas à ton téléphone. Alors j'ai appelé les gars et chacun de nous est allé dans un endroit où tu aurais pu être. Je pensais vraiment pas que ce serait moi qui te trouverais. Mais je me doutais bien que y'avait une embrouille.
Je n'en reviens pas. Ce n'est vraiment pas le genre de mes potes de s'inquiéter. Ou de me chercher.
Mais ils étaient inquiets pour moi. Et ça me surprend mais, je me sens rassurée de savoir que je peux compter sur eux.
Je souris, afin d'essayer d'oublier cette histoire, et les émotions qui bouillonent de nouveau en moi.
– Tout va bien maintenant, tu peux rentrer chez toi.
– T'es sûre ?
– Ouais.
– Ok. On se voit demain au lycée alors.
Sur ces paroles, il se lève, m'embrasse sur la joue et s'en va.
Je le regarde partir, le cerveau en ébullition et me laisse tomber sur le canapé.
J'ai besoin de dormir. Et de manger.
J'ouvre le frigo, à la recherche d'un truc à grignoter. J'attrape un yaourt au hasard et le mange au plus vite avant de me cacher sous ma couette.
Mais dès l'instant que je ferme les yeux, je revois le visage de cet homme, je sens ses mains sur moi à nouveau. Je m'affole et ouvre les yeux brusquement, le souffle court.
Merde, je suis incapable de dormir comme ça.
Je tourne dans mon lit quelques instants, indécise. J'ai pourtant vraiment besoin de dormir. La solution est toute trouvée quand je pose les yeux sur ma table de chevet.
Un joint plus tard, je trouve enfin un peu de paix.

VOUS LISEZ
Reviens moi
Roman d'amourLou, 16 ans, a une façon bien à elle de tourner la page sur son passé. Et elle est persuadée d'avoir la bonne méthode. Mais a-t-elle vraiment oublié son amour ? C'est ce qu'elle va découvrir quand son passé va refaire surface. Ceci est peut-être un...