chapitre 36

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Lou

1 an plus tôt...

Dès l'instant où je pose un pied chez moi, ma mère et Tessa se jettent sur moi. Elles étouffent mon cri de leur corps, et Tewis ricane derrière moi.
– Et moi, je n'ai pas le droit à un câlin ?
Ma mère se recule, gênée, alors que Tessa lui saute au cou. J'ai un pincement de jalousie, mais je le chasse très vite. Après tout, c'est ma meilleure amie.
On répond brièvement à leurs questions, mais je n'ai qu'une seule envie, m'allonger.
Ce week-end a été plus que fatiguant, bien que merveilleux.
Je passe alors à côté de ma mère pour poser mes affaires, et elle me suit à la trace en me bombardant de questions. À croire que je suis partie pendant des années.
Heureusement, Tewis me sauve en lui demandant de nous laisser un peu de temps pour se poser.
Une fois enfermés dans ma chambre, je m'adosse contre son torse et il me masse les épaules.
– J'ai cru qu'on ne serait jamais tranquille.
Il soupire et m'embrasse les cheveux.
– Moi aussi.
Je lâche mon sac et m'écroule sur le lit, Tewis à ma suite. Je sens vaguement sa main dans mes cheveux, avant de sombrer.

Quand je me réveille, Tewis n'est plus avec moi dans le lit. Et dehors, il fait nuit.
Je me redresse et baillant et m'étire. Bordel, ce que ça fait du bien !
C'est en traînant des pieds que je sors de ma chambre, et je trouve ma mère et Tewis en grande discussion sur le canapé. Elle a l'air affligée et lui, désolé.
– ...c'est pour ça qu'avec Lou, on a toujours dit que c'était impossible entre vous.
Ah, alors ils parlent de son père. Je comprends mieux. Je m'affale près de mon petit-ami, qui sursaute. Tout le deux se taisent soudainement et je fais un geste dans les airs.
– Vous pouvez continuer.
Ma mère soupire, mais ne reprend pas la parole. Tewis non plus, et il tourne la tête vers moi quand je lui prends la main. Il m'embrasse sur la tempe et marmonne :
– Tu veux manger ? On t'a laissé une assiette sur la table.
Je hoche la tête et me lève en étirant mes bras au-dessus de ma tête. Tewis m'accompagne, et je lui demande s'il veut rester dormir ici.
En haussant les épaules, il répond :
– C'est comme tu veux. T'en a peut-être marre de voir ma tronche.
Je ris, la bouche pleine et attend d'avaler pour répondre :
– Je ne pourrais jamais en avoir marre de toi.
Il lève les yeux au ciel.
– Tout le monde finit par se lasser.
Je secoue la tête. C'est fou comme cet homme confiant peut se sentir incertain parfois.
– Impossible. Je t'aime et je ne crois pas qu'on puisse...
Je m'arrête en plein milieu de ma phrase quand je me rends compte de ce que je viens de laisser échapper. Je relève les yeux vers lui, et son visage s'est complètement fermé.
Il baisse la tête, se racle la gorge et je sens que j'ai dit une connerie.
Je gigote sur ma chaise, mal à l'aise. Le silence est pesant, tellement que j'ai l'impression qu'aucun de nous ne respire. Et, brusquement, Tewis se lève en marmonnant qu'il doit partir.
J'essaie de le rattraper, mais il s'enfuit littéralement.
– Tewis, je...
Il me lance un regard désolé, attrape son sac, et claque la porte. Tout s'est passé si vite que quand je cligne des yeux, j'ai l'impression de sortir d'un rêve. Ma mère me dévisage.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Euh, je...
A vrai dire, je ne sais pas vraiment. C'est impossible de savoir ce qu'il se passe dans la tête de Tewis. Et bien que je m'en doutais, je ne sais pas pourquoi il a réagit de cette manière. Peut-être simplement qu'il ne ressent pas la même chose que moi, et qu'il a paniqué, parce qu'il ne sait pas comment me le dire. La peur grandit en moi. Et si je ne le revoyais jamais ?
– Lou ?
Je sors de mes pensées pour fixer ma mère d'un air vide.
– Je vais à la douche, je marmonne en sortant de la salle.
Sous le jet d'eau, je rumine.
Je n'en reviens pas de lui avoir dit ça. Et puis, merde, comment il a réagi ! C'est incroyable d'oser faire ça, alors que moi, ces mots, je les retiens depuis des mois.
C'était censé être un moment important pour moi. Pour nous.
J'entends vaguement mon téléphone sonner, mais je reste sous la douche et l'ignore. Je lui en veux tellement d'avoir gâché un moment si important. Surtout, sans aucunes explications.
Je pars me coucher sans retourner voir ma mère, la colère bouillant dans mon ventre. Merde, ce qu'il peut être con, parfois.
Prise d'une impulsion, je demande à Tessa si elle veut sortir au Joice et compagnie demain, alors que je devais aller au ciné avec Tewis.
Tant pis pour lui.
Mon amie me répond très vite par l'affirmative, et je suis soulagée. Ça fait bien trop longtemps qu'on n'a pas passé du temps toutes les deux.

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