Reviens moi

chapitre 34

Tewis

Merde, faut quand même être con. Elle est dans mes bras, en parfaite sécurité, mais je n'arrive pas à calmer les battements de mon cœur. Putain, la frayeur qu'elle m'a fait. C'est quand même dingue de se mettre dans un état pareil pour une fille.
J'inspire l'odeur apaisante de ses cheveux.
Enfin, pas n'importe quelle fille.
Pendant un instant, j'ai eu peur que David ait décidé de mettre fin à notre accord, et qu'il nous ait suivi jusqu'ici pour lui faire du mal. C'est complètement irrationnel, je le sais, mais je ne me le pardonnerais jamais s'il lui arrivait quelque chose à cause de moi.
Je desserre légèrement mon emprise sur son corps, et elle relève la tête. Son regard doux et désolé se plante dans le mien, et j'ai un regain d'amour, enfin d'affection en tout cas, pour ce petit bout de femme.
– Ça va ?
Je hoche la tête et l'embrasse.
– Oui.
Je lorgne le sachet dans ses mains.
– Tu as acheté à manger ? Je crève de faim.
Elle rit, de son rire presque angélique et hoche la tête en se mordillant les lèvres.
Merde, j'ai envie d'elle maintenant. Je prends le sac qu'elle me tend, et le pose derrière moi.
– Tu sais quoi ? Je pense à une autre sorte de faim, finalement.
Je l'attire contre moi et je le sens frisonner. Bordel, j'adore lui faire autant d'effet qu'elle m'en fait. Je l'embrasse, mais elle se recule en s'appuyant sur mon torse. Elle secoue la tête et s'écarte.
– D'abord, on mange.
Je la fixe, incrédule, et elle explose de rire.
– C'est ce qu'on va voir, je grogne.
Je la rattrape dans un rire, et très vite, son souffle se coupe.

*

J'attrape Lou par la main, et l'attire vers moi. Je sais qu'elle est fatiguée après notre après-midi à la plage et dans les magasins, mais je lui demande quand même si elle veut aller à la fête organisé dans le centre. À ma grande surprise, elle saute de joie et court se préparer. J'enfile moi aussi des vêtements plus habillés et soupire quand je l'entends s'enfermer dans la salle de bain. Je sens qu'on n'est pas près de partir, avec elle...
J'entre dans la pièce avec fracas, et elle sursaute.
– Sors de là ! Je me prépare.
Je fais mine d'être vexé et elle me lance une serviette.
– Je viens juste m'assurer que tu ne vas pas mettre une heure.
– Sans toi dans les parages, ça devrait aller.
Elle me repousse de ses mains mais je lui attrape les poignets.
– Je ne te dérangerais pas, promis.
Elle soupire et lève les yeux au ciel.
– Bon, j'aimerais juste pouvoir me déshabiller pour prendre ma douche tranquillement. C'est trop te demander ?
Je me mords les lèvres, et retiens un sourire.
– Mmm. Tu peux te déshabiller, ça ne me dérange pas.
– Comme c'est étonnant.
Elle recule, et je vois qu'elle aussi, elle retient un sourire.
– Je t'ai déjà vu nue donc...
– Donc rien du tout ! Laisse-moi tranquille et j'irais plus vite.
Elle me lance un œil mauvais mais le seul effet que ça a, c'est de me faire sourire, ce qui l'agace encore plus.
– Tu sais que t'es chiant, Tewis ?
– Et borné aussi. Tu en aura marre avant moi, Lou.
Elle soupire et cède, se tortillant pour enlever sa robe. Quand elle se retrouve en sous-vêtement devant moi, je ne me retiens pas de détailler chacune de ses courbes. Merde, ce qu'elle est belle. Son sourire se fait langoureux et elle ondule du bassin avant d'enjamber la baignoire.
– Tu te douches en sous-vêtements ?
Elle hoche la tête, le regard amusé, et je bande comme un âne. Putain, elle a une mauvaise influence sur moi. Je grogne et quand elle me demande de lui passer le shampoing, je me retiens de la rejoindre sous la douche. Seulement parce qu'on est pressé.
Je soupire de frustration.
Putain, faut que je sorte avant de me jeter sur elle.

*

– Lou !
Je l'appelle pour la troisième fois, et m'apprête à aller la chercher, quand elle entre dans la chambre. Et, sérieux, j'en ai le souffle coupé.
J'ouvre la bouche, et la referme, avant que mon esprit se mette à tourner à cent à l'heure. Elle est magnifique, et complètement bandante mais merde...
– Hors de question. Je secoue vivement la tête. Tu ne peux pas sortir comme ça.
Sa bouche forme un "o" parfait, sous le choc de ma réaction, et un air de défi passe dans ses yeux.
– Ah oui ? Et tu vas faire quoi, me retenir ici ?
Je serre les poings et elle place les siens sur ses hanches.
– Non. Mais tu veux te faire agresser, ou quoi ?
Elle soupire et secoue la tête, avant de retrouver son air malicieux.
– Tu seras là pour l'empêcher.
Je grogne. Merde, elle ne se rend pas compte de l'image qu'elle dégage ? Et de tout les mecs qui vont la regarder comme si elle leur appartenait ? La jalousie m'aveugle, je l'avoue, et je vois rouge.
– Et ça ne te dérange pas d'allumer tout les mecs qu'on va croiser alors que tu sors avec moi ?
Lou écarquille les yeux, et je sens que je la blesse mais, merde, je vois d'ici les regards des vieux pervers posés sur elle. Et c'est insupportable. Putain, comment je suis censé supporter qu'un autre mec que moi la regarde avec désir ?
– Pardon ? Tu me traites d'allumeuse, là ?
Je tends les mains et m'approche d'elle, mais elle recule.
– Non, ce n'est pas ce que...
Je soupire et me passe la main dans les cheveux, à court d'explications.
– Si tu restes habillé comme ça, je ne viens pas.
Elle me regarde, les yeux brûlant de colère, mais je sais qu'elle n'ira pas sans moi.
– Très bien. Je n'ai pas besoin de toi pour y aller.
Je ricane, conscient que ce n'est que sa fierté qui parle.
– Bien sûr. Vas-y, alors.
– T'es pas possible...
Elle tourne les talons, furieuse, et je marmonne :
– De toute façon, tu seras revenu dans 5 minutes.
Je la laisse partir, persuadé qu'elle reviendra très vite, quand elle aura fini sa crise. Elle veut juste me faire croire qu'elle a gagné.

Une demi-heure plus tard, elle n'est toujours pas là, et je commence à sérieusement me dire qu'elle y est allée pour de bon. Je tourne comme un lion en cage dans la chambre, et la colère s'empare de moi, de plus en plus forte. De nombreux scénarios me viennent en tête, et je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer avec quelqu'un d'autre. Merde, je n'ai jamais été si peu confiant quant à ma relation avec une fille. Elle me fout les jetons, putain.
Je m'en veux de douter d'elle mais, elle est impossible. Et puis, maintenant que je ne suis pas là, ils vont tous vouloir l'approcher.
J'attrape ma veste et mon portefeuille d'un geste rageur et dévale les escaliers à toute allure.
La porte claque derrière moi, faisant écho à la rage qui gronde en moi.