Epilogue

43 4 0
                                    

Lou

5 ans plus tard...

Les pierres grincent sous mes pas, et j'appréhende le moment où je vais arriver au bout de l'allée. Pourtant, ça fait des années que je viens régulièrement. Alors, on pourrait croire que ça brise de moins en moins le cœur.
Mais non.
J'ai toujours la même boule au ventre quand je me laisse glisser jusqu'au sol en reniflant.
Je passe ma main sur la pierre tombale devant moi en grimaçant.
Merde, même après toutes ces années je n'arrive pas à venir ici sans pleurer.
– Tu me dois toujours une explication, je lance dans le vide.
Comme toujours, seul le silence me répond.
J'ai eu beaucoup de mal, à me remettre de notre dernière soirée ensemble. De toutes ses questions sans réponses. J'ai passé des nuits entières à essayer de comprendre pourquoi, et comment Tewis en était arrivé là. Je restais persuadée qu'il m'aimait, alors pourquoi me promettre à cet ignoble personnage ?
Mais, j'ai finalement réussis à lâcher prise. Je n'aurais jamais de réponses, et je l'ai accepté.
Les yeux dans le vague, je continue :
– Je ne suis plus en colère, tu sais. Tu me manques. Tellement. Ta spontanéité, ta liberté. Enfin, quel genre de personne emmène une fille de 16 ans en boîte pour leur premiers rendez-vous ?
Je ris avant de marquer une pause, sachant pertinemment que je n'aurais pas de réponse.
– J'ai une grande nouvelle.
Je tourne la carte entre mes mains et la lis à voix haute :
– Nous avons le plaisir de vous conviez à notre mariage. Nous vous attendons à la Grange des peupliers, rue blablabla. Signé Tessa et Antoine.
Je laisse un blanc.
– Tu te rends compte ? Je n'y aurais jamais cru. Merde, on était supposé se marier avant eux, non ?
Je souris, et le voit se moquer d'eux. Lui non plus, n'aurais pas imaginé ce retournement de situation.
Tu m'étonnes, qu'il n'avait pas imaginé sa mort.
– Je t'aime, Tew.
Je reste assise là encore quelques minutes sans un mot. Comme si, si j'attendais assez longtemps, tout cela disparaîtrait et j'aurai enfin une réponse. Mais je suis restée assise ici en pleurant assez longtemps depuis ces dernières années pour savoir que cela n'arrivera pas.
Je savoure l'air frais, ferme les yeux quand le vend me caresse le visage et, prise d'un soudain courage, me redresse. Je repars avec un simple " À plus" en direction de ce qu'il reste de l'amour de ma vie.
J'aime faire comme s'il était encore là.

Théo m'attend dans la voiture sur le parking, un sourire aux lèvres.
Il a tellement été présent pour moi, ces dernières années.
Depuis le soir de l'accident, on se voit régulièrement. Il est souvent chez moi, et sa compagnie est rassurante. Toujours tellement calme et simple.
Et puis, on se voit tout les jours au travail. Il a repris un bar près de chez moi et m'a embauché.
Peut-être qu'un jour, je ferais des études.
Je m'assois dans la voiture en soupirant.
– Ça va ?
Comme toujours, Théo plonge ses yeux dans les miens, à la recherche d'une vérité que je ne peux pas lui donner.
Je hoche la tête.
– Je crois, oui. C'est de plus en plus facile, malgré tout.
Un frisson me parcours à cette idée. J'aimerais que ça ne devienne pas plus facile. Parce que ça veut dire que je m'habitue à son absence. À sa mort.
Mais je sais aussi que je dois avancer. Que c'est ce qu'il aurait voulu.
Mon ami me serre la main, et démarre.
Sur le trajet, je froisse le carton d'invitation entre mes mains.
– Je n'en reviens toujours pas, pour ces deux-là.
Il comprend tout de suite de quoi je parle, et sourit.
– Ils sont bien, ensemble.
– C'est vrai, je confirme.
Je suis tellement contente pour eux.
Même si, secrètement, leur union me plonge dans une tristesse infinie, quand je songe à celle que je n'aurais jamais.

Quand on arrive chez moi, j'envoie un message à Tessa. Je sais qu'elle est très occupée à préparer son spectacle, mais après tout, on est vendredi soir.
Apéro à la maison ce soir ?
La réponse arrive très vite.
Oh oui bordel ! J'en peux plus, là, j'ai besoin de me détendre.
Super ! Disons 19h ?
Elle m'envoie un pouce en l'air et précise qu'Antoine ne sera pas là.
Je soupire. Bien sûr, je m'en doutais.
On ne l'a pas beaucoup vu, depuis l'accident. Après les quelques jours passé à l'hôpital, il s'est totalement renfermé.
La mort de Tewis l'a mis en quarantaine.
Ça fait pourtant cinq ans, mais je crois que j'ai dû le voir cinq ou six fois depuis l'enterrement.
À part Tessa, il a mis tout le monde à l'écart.
La preuve, mis à part notre petit groupe (que Tessa a pris la peine d'invité) et ses parents, il n'a convié personnes à son mariage.
Je sais qu'on était trop jeune pour vivre ça.
Moi aussi, les tuyaux sortant du corps de Tewis, son visage abîmé, ses mains brisées, me hantent encore. Mais, ce n'est pas une raison pour se couper du monde. Surtout de ceux qui ont traversé la même épreuve. Je veux dire, merde, je me suis sentie tellement coupable, au début. J'avais besoin de mon ami autant qu'il avait besoin de moi.
Je m'inquiète pour lui. Souvent.
Mais à force de ne pas avoir de réponses, j'ai arrêté d'essayer de le joindre.
– Alors, ils viennent ? Crie Théo depuis la cuisine.
– Tessa oui, je réponds. J'envoie un message à Carter, mais je crois qu'il rentre à Paris que demain.
On essaie de se voir le plus souvent possible, depuis qu'il a déménagé dans le sud avec son copain. Même si parfois, c'est compliqué.
Apéro chez moi ce soir, tu rentres aujourd'hui ou demain ?
J'envoie aussi un message à Steeve et Maggie, qui se sont enfin mis ensemble après deux ans de galère, Paul, et les jumeaux. Je ne demande pas à Eric, parce que je sais qu'il ne viendra pas. Avec Paul, ils ne peuvent plus se voir et, de toute façon, il doit s'occuper de son bébé.
Eh oui, il a eu un gosse, ce con...
Je laisse mon téléphone sur le canapé pour rejoindre Théo et faire la cuisine.

Reviens moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant