Chapitre 38

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Tewis

1 an plus tôt...

Quelque part, je me suis toujours cru indestructible. Je crois que c'est un peu le cas pour la majorité des gens. Alors, quand j'ai réalisé qu'il y avait plus fort que moi, j'étais perdu. Quand j'ai compris que je ne pouvais pas la protéger indéfiniment, je ne savais pas quoi faire. Mais, tout, plutôt que de la laisser entre ses mains.

Quand Lou gigote entre mes bras pour se lever, j'hésite à la lâcher. Après tout, elle serait bien plus en sécurité, dans notre cocon protecteur pour toujours.
Enfin, elle ne semble pas du même avis puisqu'elle finit par se redresser pour me chasser.
Je me tourne sur le dos en grognant. Je n'ai pas envie d'affronter les problèmes maintenant. Mais, il va bien falloir que je gère le souci David clignotant au-dessus de ma tête.
En attendant, j'observe Lou s'étirer comme si c'était la dernière fois que je la voyais faire ça. Et, en y réfléchissant, c'est pas impossible que ce soit le cas.
Merde.
Je me redresse en grognant, passe la main sur mon visage et attire Lou vers moi. Elle s'appuie contre mon torse en soupirant et je la vois sourire avant même qu'elle ne relève la tête vers moi.
– Bien dormi ?
Je hausse une épaule.
– Comme d'hab.
Pour les dix minutes où j'ai fermé les yeux.
J'inspire son odeur et je la sens se raidir.
– Tout va bien ? Me demande-t-elle de sa voix encore endormie.
Et merde, elle est trop sexy.
– Oui, je chuchote. Pardon de ne pas avoir été là quand...
– Chut, me coupe-t-elle. Ce n'est rien.
De toute façon, il fallait bien que ça arrive.
Je me voilais la face. Un marché est un marché et jamais David ne nous laissera tranquille. Enfin, surtout, elle.
Putain de bordel de merde.
Je saute du lit, pris d'une pulsion et enfile mon pantalon en vitesse. Il faut que j'aille régler la situation. Quoiqu'il m'en coûte.
J'attrape mes affaires, met mon t-shirt, me passe la main dans les cheveux. Et, je me stoppe dans mon empressement deux minutes pour observer Lou. Je détaille ses sourcils froncés, ses yeux lumineux, ses cheveux en bataille, son air étonné et retiens chaque putain de partie de son visage.
Je cligne des yeux quand ses traits sont imprimés dans mon esprit et attrape vivement son visage. Je lui caresse les joue et l'embrasse fougueusement. Ce baiser a trop goût d'au revoir à mon goût.
– J'ai un truc important à faire. Je te promets que plus jamais on ne te fera du mal.
Je la regarde une dernière fois, l'entends prendre une inspiration comme pour parler, mais me barre aussi vite que mon ombre. Pourtant, pour une fois, je ne fuis pas.

Lou

Je referme la bouche au moment où Tewis claque la porte. Merde, il me fait encore le coup de se barrer sans aucune explication ? On en est toujours là ?
Et puis, sa dernière déclaration n'est pas du tout rassurante.
Hier, j'étais ok pour qu'il me venge. Mais maintenant remise de mes émotions, pas vraiment.
Je sors de ma chambre en même temps que ma mère et elle marmonne en baillant :
– C'était quoi ce raffut ?
Je hausse les épaules et me dirige vers la cuisine en traînant des pieds. Je déteste les matins qui commencent comme ça.
– C'était bien la fête foraine, hier ?
Je hoche la tête.
– Mmm mmm.
– Et bah, t'en es bavarde aujourd'hui, ma fille.
Je relève la tête vers elle en souriant.
– Désolée. C'était cool. Mais Tewis...il est parti sans rien dire. Encore.
Elle hausse les épaule et pose sa main sur la mienne.
– T'en fais pas. Je suis sûre que ce n'est rien.
Je hoche la tête et me retiens d'ajouter que quand il part en coup de vent, il y a toujours une mauvaise raison.
– Tu as sûrement raison. Je t'aime.
– Moi aussi, ma chérie.
Ses bras frêles m'enlacent et j'ai un pincement au cœur.
Je ferme les yeux, savourant son odeur.
– Quand je repense au début d'année, je me dis que ma petite fille a bien grandi. Je devais presque te mettre dehors pour que tu sortes.
On rit toute les deux à ce souvenir et je murmure :
– Heureusement, j'ai rencontré Tewis.
– Oui. C'est un bon garçon.
Je soupire.
Oh oui, il l'est...quand il n'est pas occupé à faire des conneries.

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