Chapitre 2

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Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil. L'inspecteur Faure est après nous. Le Maître se méfie de lui depuis des mois maintenant.

Faure le fouineur.

Il a été nommé par la commission d'enquêtes sur les sectes comme inspecteur en chef. Il devait déterminer si notre mouvement était qualifiable de secte. Mais Faure était déjà convaincu avant de commencer son investigation. Il voue au Maître une haine profonde. Il nous méprise, nous et notre mode de fonctionnement. Comme beaucoup d'Ignorants, il refuse de voir que nous ne cherchons qu'à sauver le monde des Démons. Nous ne leur voulons pas de mal. Juste les sauver.

Mais tout le monde ne peut pas être sauvé.

Au milieu de la nuit, je me suis décidée à aller dans le bureau du Maître.

Jonathan m'a suivie. Comme toujours, il veille sur moi. Je lui souris. Il me protège où que j'aille. Je sais que je pourrai toujours compter sur lui.

Avant de le rencontrer, je me sentais seule, perdue. Rebecca était là pour moi, bien sûr. Mais nous avons grandi. Elle a changé. J'ai changé. Achille est entré dans sa vie et elle a commencé à s'éloigner de moi. J'avais l'impression que personne ne me comprenait vraiment.

A l'école, je n'avais pas le droit de parler de notre Famille. Le Maître disait que les Démons pourraient en profiter pour nous attaquer. Il disait que personne ne pourrait comprendre notre mode de vie.

Mais Jonathan était différent. Il se préoccupait de moi. Il n'avait pas peur de moi, de notre Famille. Il me comprenait déjà à l'époque mieux que tout le monde. Mieux que quiconque. Mieux que Rebecca. Il a cru en moi.

Il a toujours été là.

Notre avocat m'a dit qu'il ne pourrait pas les faire libérer avant la fin du délai légal de la garde à vue. Je dois me montrer à la hauteur de la communauté et préparer la cérémonie de demain. Deux Ignorants nous rejoignent. En l'absence du Maître et d'Elisabeth, il n'y a que moi pour les accueillir. Je suis la plus élevée des Bergers, le Berger Suprême. Je dois les guider. Je dois montrer la voix aux sept autres Bergers, qui à leur tour guideront leurs Brebis.

Les guider.

Je m'attelle à peaufiner la cérémonie de demain. Le rituel est immuable à chaque arrivée. Avant d'entrer dans notre communauté, les Ignorants doivent être purifiés, accepter de laisser leur ancienne vie derrière eux. Ils sont marqués à même la peau de la lettre I. I comme Ignorant. Pour qu'ils se rappellent toujours qu'ils ont été sauvés. Que nous les avons sauvés. Les Ignorants se déshabillent et leur Berger jette leurs vêtements dans un grand bûcher. Ils sont alors lavés par la communauté, leurs cheveux tondus et jetés au feu. Puis après avoir prêté serment sur le brasier originel, ils sont marqués à même la peau de la lettre A, qui incrustée dans leur chair sera le symbole de leur évolution parmi nous. A comme Apprenant. Le Maître récite alors son prêche, pour rappeler à tous notre mission.

Mais demain le Maître ne sera pas là. Il n'y a que moi qui puisse le remplacer.

Je regarde ma feuille blanche assise sur son fauteuil en espérant trouver les mots justes.

Jonathan s'approche doucement de moi, et commence à me masser le dos.

—Tu vas y arrive, Cassie. Tu es incroyable. Te l'ai-je déjà dis ?

Je souris et un frisson parcourt mon corps.

—Oui des dizaines de fois ... mais j'aime quand tu me le répète encore et encore.

Du coin de l'œil, je le dévisage. Hormis sa carrure imposante, Jonathan n'a rien d'un mauvais garçon. Il émane de lui une douceur, une sorte de force tranquille. Ses gestes se font précis et souples à mesure qu'ils parcourent mon dos. Il est sûr de lui, maître de ses émotions. Il accentue peu à peu la pression de ses doigts et je vois un sourire narquois se dessiner à la commissure de ses lèvres.

—Qu'est-ce qui te faire rire ? lui demandé-je malicieusement.

—Rien. Tout. Toi.

Il me retourne alors violement vers lui et prend ma tête entre ses deux mains.

Je n'arrive plus à réfléchir. Aucun son de parvient à sortir de ma bouche. Mon esprit semble se vider à mesure qu'il parcourt mon corps avec ses mains. Mes pensées s'évaporent, tous mes problèmes s'évanouissent quand je suis dans ses bras.

Ses yeux explorent mon corps, s'attardant sur la courbure de ma bouche. Je me mords comme par réflexe la lèvre inférieure. Je sais ce que cela provoque chez lui.

—Cassie ...

Sa voix devient rauque, son souffle se fait court et alors qu'il s'approche de moi, je peux sentir l'effet que je lui procure à travers son jean. Je laisse mes mains toucher son torse à travers le tissu de son-t-shirt, puis descendre lentement vers ses cuisses moulées dans son pantalon.

—Cassie, arrête ... je ne vais pas pouvoir me contrôler plus longtemps tu sais.

—Je sais ... et si je n'avais pas envie que tu te contrôle justement. Je ne suis plus une enfant maintenant Jonathan. Et j'ai besoin de toi.

Besoin de toi. Maintenant.

—Je suis là avec toi. Je serai toujours là pour toi.

—Oui mais pas comme ça. Enfin ... maintenant j'ai besoin d'autre chose, Jonathan.

J'appui mon regard en détaillant chaque partie de son corps. Je peux sentir ses muscles se tendre.

Ses lèvres s'étirent un peu plus, dévoilant de jolies fossettes au creux de ses joues.

—Quoi ? lui demandé-je

—Rien. Je sais que tu n'es plus une enfant. Oh Cassie. Si seulement je pouvais ...

—Si tu pouvais quoi ?

—Rien. Rien.

Jonathan se recule d'un pas sans pour autant se défaire de mon étreinte. De fines mèches retombent en cascade sur son front, voilant au passage une partie de son regard.

—Tu as du travail, Cassie. Tu devrais retourner à ton discours. Je serais encore là demain. Ok ?

Et avant que je ne puisse protester, il a disparu dans la nuit me laissant seule.

Il a raison. Je le sais. Je dois me montrer à la hauteur de la tâche. Demain est un grand jour.

****

—Cassie, Cassie, ma chérie réveille toi

Je sursaute. Je ne sais pas où je suis. Martha me regarde avec inquiétude.

—Cassie, tout va bien. Tu t'es endormi dans le bureau du Maître. Tout va bien, tu es parmi nous.

Je reprends peu à peu contact avec la réalité. Tous les évènements de la veille me reviennent en mémoire.

—Oui, ça va Martha, merci. Je n'arrivai pas à trouver le sommeil, alors je suis venue ici pour trouver l'inspiration pour le prêche d'aujourd'hui.

Elle me sourit avec bienveillance.

—Et bien on dirait que tu as été inspirée ma chérie.

Des dizaines de pages noircies par mes mots recouvrent à présent le bureau du Maître.

—J'ai du m'endormir en écrivant. Je ne me rappelle plus très bien. Laisse moi quelques instant tu veux bien Martha. Je dois mettre un pue d'ordre dans mes idées.

— Dépêche-toi. L'heure du petit déjeuné est bientôt passée. Tout le monde t'attend Cassie.

—Je me dépêche, c'est promis.

Dark Hold (La face cachée du Maitre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant