Chapitre 35

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Nous revenons au bout d’une semaine au sein de la communauté. Malgré les événements, m’éloigner de la Ferme m’a fait du bien. Je suis assise derrière le bureau du Maître, en train d’éplucher les derniers courriers reçus. Martha a fait un travail formidable en mon absence. 

A la mort de mes parents j’ai survécu grâce à trois rêves : continuer leur œuvre, être digne de mon héritage et pousser leur rêve, devenu mien au-delà de leur espérance.

Ces rêves, je les ai réalisés. Excepté le troisième. C’est à deux doigts de se réaliser…. Durant des années la flamme de la revanche m’a fait vivre.

J’ai parfois l’impression d’être en prison, enfermé dans cette vie. La communauté a été fondé par mes parents. A leur mort, Samuel s’est érigé en maitre suprême. Il fallait quelqu’un pour nous guider, nous aider dans cette quête de nous-même. J’étais bien trop jeune à l’époque. Mais aujourd’hui, je ne suis plus une enfant. J’ai occupé durant son absence sa place, ma place. Celle qui me revient de droit. Un jour, les Bergers l’ont dit qu’il avait fait de moi son héritière. J’ai alors pris cette remarque comme une reconnaissance. Je me trompais. Je ne suis pas son héritière. Il n’est pas le maitre. Le Régent seulement. En bon Berger, il a accompli sa tâche, en attendant que je sois prête à le faire par moi-même.

J’ai enfin compris ce que Martha et Jeremiah essaye de me dire depuis des semaines. Je suis le Maître de cette communauté. Je l’ai toujours été.

Quant tout à coup un brouhaha retentit à l’extérieur. J’ai le pressentiment que quelque chose se passe dehors.

J’observe un attroupement par la fenêtre. Plusieurs éclats de voix s’élève mais les murs épais et le triples vitrages des fenêtres étouffe les sons et je ne parviens pas à percevoir distinctement ce qu’il se passe. Je me lève, soudain prise d’un mauvais pressentiment. 

Lorsque j'ouvre la porte des éclats de rire viennent à mes oreilles. Je rejoins rapidement l’attroupement joyeux qui s’est formé autour d’une voiture. Les membres de la Ferme s’écarte pour me laisser passer, me tapotant le dos.

-C’est merveilleux, Cassie, me dit lorsque qu’elle me laisse passer une brebis

-Une vrai surprise! me hurle presque dans les oreilles Judith.

Mon estomac commence à se nouer plusieurs fois sur lui-même. Le dernier rempart de Brebis s’ouvre devant moi, dévoilant le visage souriant du Maître et d’Elisabeth. A côté d’eux, notre avocat, Maître Thomas, me regarde, l’air soudain ennuyé.

-Cassiopée, ma fille!

Samuel se précipite vers moi, l'enveloppant de ses bras et me serrant contre lui. Je l’enserre à mon tour, comme un automate incapable de ressentir autre chose qu’un profond malaise et une sidération la plus totale. Alors que l’ensemble de la communauté exulte de joie, j’ai l’impression de recevoir un coup de poignard dans le ventre. 

-Mais … que faites… vous là? finis-je par articuler avec difficulté.

Un silence, des regards curieux se posent sur moi, pour tenter de déchiffrer l’expression vide qui se dessine sur mon visage.

Samuel se retire d’un pas, son expression se ferme immédiatement et je vois le regard d’Elisabeth se noircir d’un seul coup.

-Ils ont voulu te faire la surprise cassiopée. Vous faire la surprise à tous! s’exclame fou de joie l’avocat.

-C’est grâce à toi, ma chérie. Ton interview à fini de décrédibiliser Faure. Le juge, a fini par classer l’affaire m’indique Samuel en souriant.

Dark Hold (La face cachée du Maitre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant