Chapitre 34

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« J’ai un cancer, un mauvais Jérémiah, des poumons. On me l’a détecté trop tard. Vraiment trop tard, mon fils. »
C’est avec ses mots simples, durs et froid que le père de Jérémiah a repris contact avec son fils il y a trois jours maintenant. N’ayant plus de contact avec son fils depuis des mois, il a téléphoné à l’accueil de la communauté. Je me rappelle sa voix, fatiguée et malade. J’étais de permanence et j’ai immédiatement couru chercher Jérémiah. Je me rappelle sa détresse, sa tristesse mais aussi sa colère.

Nous avons discuté toute la nuit avant que je ne parvienne à le convaincre de rendre visite à son père à l’hôpital. Il a tenu à ce que je l’accompagne. La communauté a besoin de moi, mais je n’ai pas eu le courage de le lui refuser.
Et maintenant, en regardant par le hublot de cette chambre d’hôpital, je sais que j’ai eu raison.
Raison de le convaincre de venir. Raison de l’accompagner aussi. Ils vont avoir besoin de moi pour se retrouver. Trop de non-dit, trop de distance, trop de rancœur de part et d’autre.

Jérémiah se tient à côté de moi, fixant lui aussi cette porte, comme s’il avait peur de la franchir.

—Qu’est-ce que tu ressens ? lui demandai-je doucement

—De la peur, mais aussi de la colère, finit-il par me répondre au bout d’un long moment, presque à bout de souffle.

Je n’ai pas vu mon père depuis des années, et je ne sais pas à quoi m’attendre. Au téléphone, sa voix …  sa voix était tellement différente Cassie. Il m’a toujours terrifié tu sais. Juste en élevant légèrement sa voie. Mais là … elle était si faible, si fragile que j’ai eu du mal à la reconnaître. Et de la colère aussi. Je n’ai pas oublié ses dernières paroles lorsqu’il m’a mis dehors de la maison, ni son regard vide, froid, sans amour envers moi. J’ai envie de haïr pour ça.
J’observe Jérémiah du coin de l’œil. Il tremble, mais je peux lire dans ses yeux, dans ses veines, se mélange de sentiment contradictoire.

—N’oublie pas Jérémiah que ce sont de nos peurs et de nos colères que se nourrissent les Démons qui noircisse notre cœur. Ton père est mourant, je ne te demande pas de lui pardonner aveuglément, mais tu dois entendre ce qu’il a a te dire, et ton cœur doit faire la paix avec ton passé. Sinon tu n’arriveras jamais à te libérer de tes chaînes.
Je sais que ce n’est pas facile, crois-moi. Moi aussi j’ai encore un long chemin à faire dans cette voie. Mais si tu ne franchis pas cette porte et que tu ne l’écoute pas, ce choix m'entrainera dans les ténèbres et nous ne pourrons rien faire pour t’en sortir, dis-je remplis de conviction en le prenant dans mes bras.

Nous restons un long moment ainsi, en silence, devant cette porte d’hôpital. Puis sans un mot, Jérémiah attrape ma main et m'entraîne à l’intérieur.

—Papa, dit-il doucement en s’installant sur un fauteuil disposé à côté du lit de son père. Papa, c’est moi Jérémiah, est-ce que tu m’entends ? Je te présente Cassie, une … une amie, lui indique-t-il tandis que son père hoche la tête en notre direction

—Enchantée de vous rencontrer, même si j’aurais aimé faire votre connaissance en d’autre circonstance, dis-je doucement, en posant ma main sur l’épaule de son fils.

—Jérémiah, tu es venue. Je suis ravi, tu sais. Même si je ne m’attendais pas à ce que tu viennes accompagnée. Vous faite aussi partie de la Secte que mon fils à rejoint, me questionne Jacques Gezicht, en laissant échapper une quinte de toux.

—Papa, je croyais que tu voulais parler. Si c’est pour une fois encore, m’insulter ou mes amis, je n’ai rien à faire ici, lui crache Jérémiah en se levant.

J’exerce une pression douce mais ferme sur son épaule, lui intimant l’ordre de se rassoir, et reprenant la parole pour répondre à son père :

Dark Hold (La face cachée du Maitre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant