Chapitre 9

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Je n'ai pas eu de nouvelle de Faure depuis plus d'une semaine. Je devrais me sentir soulagée, mais c'est tout le contraire en réalité. Son silence m'oppresse.

(Silence)

Mais il n'y a pas que ça. Je n'ai parlé de mon altercation à Rebecca à personne. Personne à part Jonathan.

(Jonathan)

Me confier à Faure, après avoir appris toute ses choses à son sujet, me bouleverse. J'ai l'impression qu'il s'immisce dans ma relation avec Jonathan. Encore un peu plus. Par sa faute, il a dû s'exiler, partir loin d'ici. Loin de moi. Je le hais.

(Hais)

J'espère que cela incitera le juge à libérer Samuel et Elisabeth. Il ne peut plus raisonnablement retenir les charges d'incitation au suicide. Même Faure et sa cabale ne suffiront à le convaincre.

(Convaincre)

J'essaie de me rassurer avec cette idée. D'autant plus que l'absence prolongée du Maître commence à avoir des répercutions sur le fonctionnement de la communauté. Je dois tenter de vider ma tête de toutes ces préoccupations. J'ai convoqué les Bergers pour évoquer avec eux notre organisation. J'ai naturellement pris la place du Maître, mais je ne pensais pas qu'une telle situation pouvait durer aussi longtemps.

Nous nous réunissons dans le bâtiment principal, le lieu où se réunit parfois la communauté, lorsque le temps ne permet pas de le faire en extérieur. Cette grande bâtisse, faite de pierre et de bois, n'est pas spécialement ornée et ne possède pas d'architecture particulière, elle se veut avant tout d'être agréable et fonctionnelle. Samuel l'a construite de façon à rappeler les anciens bâtiments agricoles de la région. La grande salle principale, très haute de plafond afin de disposer des tentures, est ornée de plusieurs grandes cheminées à foyer ouvert, au design moderne. Une salle plus petite, dans laquelle nous accédons par l'arrière du bâtiment, sert pour les réunions du conseil. Elle se veut, elle aussi, sobre. Une immense table de réunion est disposée en son centre. Plusieurs armoires métalliques, disposées aux quatre coins de la pièce, contiennent les archives de la Ferme : dossiers personnels, compte de la communauté, ...

—Merci d'être venues ce matin. Je vais être brève, je sais que nous avons tous fort à faire, mais nous devons statuer sur un certain nombre d'élément, dont la tenue ou non du séminaire de la semaine prochaine, tentant de faire bonne figure face aux sept autres Bergers se tenant face à moi.

Cela fait maintenant un mois que le corps de Rebecca a été repêché dans la Seine. Samuel et Elisabeth sont toujours en détention provisoire avec interdiction de rentrer en communication avec quelconque membre de la communauté. Nous apprenons à vivre et à fonctionner sans eux. La saison maraichère débute, il nous faut pour assurer les plantations commencer les recrutements. Heureusement je peux compter sur le soutien des autres Bergers dans cette tâche. Mais ce qui nous préoccupe le plus c'est la tenue des séminaires de renforcement personnel, que Samuel a lancé il y trois ans maintenant. C'est de cette activité que nous retirons la majeure partie des revenues qui nous permettent de faire vivre la communauté. C'est Samuel qui assurait la majeure partie des cours. Les gens venaient pour le voir, l'entendre. Pour qu'ils les guident.

Je marque une pause, scrutant des yeux l'assemblée des Bergers. Ils semblent tout aussi perdus et inquiets que moi.

—Cassiopée finit par dire Thomas, un des premiers Berger formés par le Maître, Samuel a toujours été clair dans ses intentions. Il t'a formée pour que tu reprennes la Ferme après son départ. Il ne pensait pas que cela arriverait si tôt, ni dans ses conditions mais il n'avait pas de doute sur ta capacité à nous guider. Les voix le lui ont dit. Je parle au nom de tous. Tu as notre soutient.

Dark Hold (La face cachée du Maitre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant