Chapitre 25

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Je suis immobile, le regard planté fixement devant moi. J'observe le nœud qui pend du plafond. La corde beige semble assez forte pour soutenir mon poids. Le nœud a été exécuté avec soin. Je ne me rappelle pas l'avoir fait. Mais je ne peux pas le quitter du regard. Un tabouret est disposé en dessous. Je regarde autour de moi. La salle est silencieuse. Noir. Le noir est partout. Je ne sais pas où je suis. Il n'y a aucun bruit. Je n'arrive pas à bouger. Je suis comme hypnotisé devant cette scène macabre. Un bruissement me fait me retourner. Je ne comprends pas. Une jeune femme blonde, aux traits tirés avance doucement vers moi. Elle ne semble pas me voir. Elle parait tellement fatiguée. Ses yeux sont vides. Vides d'énergie. Vide de vie. Vide d'âme. Comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Elle me dépasse et d'un pas assuré, monte sur le tabouret. Je la regarde passer la corde autour de son cou. Elle prend une profonde inspiration, avant de pousser le tabouret avec son pied.

Elle ne tarde pas à étouffer. Instinctivement, je porte mes mains à ma gorge. J'ai l'impression d'en ressentir les effets. Mais elle ne bouge pas. Comme si la vie l'avait déjà quitté depuis bien longtemps. Le nœud se resserre de plus en plus autour de son coup.

Une panique indescriptible m'envahit.

Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je dois l'aider. Je dois la sauver. Elle ne peut pas mourir ainsi. Je ne peux pas la regarder mourir.

Mon corps refuse de bouger. Mon esprit lui hurle d'intervenir sans succès.

Soudain, elle semble reprendre ses esprits. Elle porte ses mains à son cou, tente désespérément de libérer sa gorge de l'emprise de la corde. Mais le nœud se resserre inexorablement autour d'elle. Je la regarde impuissante tenter avec son pied de reprendre le tabouret.

Mais il a roulé trop loin et plus elle s'étire, plus la corde se resserre autour de son cou.

Elle perd connaissance.

Je sais que dans quelques minutes, elle sera morte.

Je hurle de désespoir. Je dois l'aider. Quelqu'un doit m'entendre. Je ne peux pas la laisser mourir. Elle est ...moi.

Je me réveille en sursaut. Des sueurs froides coulent le long de mon front, de mes joues et de mon dos.

Que s'était-il passé ?

Je tourne la tête vers la droite. Une douleur aigue me transperce le crâne. Le bourdonnement que je perçois depuis mon réveil se fait de plus en plus intense. J'ouvre peu à peu les yeux. La lumière me brûle les yeux. Je reconnais malgré tout ma chambre. Je me redresse avec difficulté. J'ai mal partout. Mes mains sont dans un état pitoyable. Je n'arrive pas à fermer les doigts. Je les regarde avec insistance. Et tout me revient en mémoire. Le cimetière, les fleurs, Faure, Jonathan.

Je m'assoie d'un bond le corps endolori.

—Jonathan ?

Je chuchote plus que je ne parle. Je ne le vois nulle part. Je ne veux pas le brusquer.

Aucune réponse. J'élève le son de la voix. Mais sans plus de succès. Je me traîne vers la douche et lorsque j'en ressors je suis attirée à l'extérieur par un hurlement. Je prends à peine le temps de me vêtir, sans me sécher les cheveux. Lorsque j'ouvre ma porte, les cris se succèdent les uns après les autres.

Je me mets à courir, un mauvais pressentiment me tord les boyaux. La foule se tient amassée devant la porte de la grande salle. La plupart sont en pleurs. Je progresse comme au ralenti vers la porte, les brebis se dégagent pour me laisser le passage.

Alors que je passe le pas de la porte, je suis frappée de surprise. Je lâche un cri

—Irène .... Oh non, non, non.

Dark Hold (La face cachée du Maitre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant