- Tu as qualifié Travis Anderson de « sale con » ?!
Après avoir couché Noah, Elena et Brooke se retrouvèrent dans le salon. Il était déjà tard, et la jeune assistante ne désirait que se glisser dans ses draps et éteindre la lumière, mais Brooke n'avait pas l'intention de la laisser partir sans savoir les moindres détails de sa journée.
Alors, Elena lui raconta tout ; la réunion, la gentillesse et l'amabilité de Harold, le dédain de M. Anderson, la froideur de Travis, le déjeuner, l'arrivée à la chambre d'hôtel... tout y passa.
Et les derniers mots qu'Harold avait eus pour elle.
Brooke exultait.
- Ne te préoccupe pas de Travis. Tu plais à Harold !
- Je ne pense pas, avança prudemment Elena. À mon avis, c'est simplement sa nature et sa manière d'être. Et qui te dit qu'il me plaît, à moi ?
- Personne, c'est vrai, concéda Brooke. D'ailleurs, cela fait tellement longtemps que tu es seule que je me demande si tu es encore sensible aux charmes des hommes, et même des femmes.
- Très spirituel, commenta sarcastiquement Elena.
Son amie n'avait pas tort. Son célibat commençait à peser dur dans la balance, et plus les années passaient, moins Elena avait le temps pour les hommes. L'idéal aurait été de rencontrer un homme capable d'accepter la situation avec Noah et de l'adopter immédiatement. Quelqu'un qui comprendrait son emploi du temps. Quelqu'un qui...
- Allô, la Terre appelle Elena !
- Hmmm ?
- Tu pensais à ton prince charmant ? lança joyeusement Brooke.
- Oui, celui que je m'apprête à rejoindre dans mes rêves, répliqua Elena en se levant du canapé. Tu es sûre que tu ne veux pas parler d'Aiden ?
- Berk. Son seul nom me répugne.
- Je vois, soupira la jeune femme devant l'immaturité de sa colocataire. Bonne nuit, alors.
- Bonne nuit, Miss Anderson !
Elena pouffa de rire puis, après un dernier signe de la main à Brooke, elle s'enferma dans l'obscurité de sa chambre. Elle eut à peine le temps de se revêtir de ses habits de nuit qu'elle s'écroulait sur son lit et plongeait dans un sommeil profond. L'angoisse accumulée au fil des dernières heures s'évanouit aussitôt.
Les jours suivants s'avérèrent plus reposants que la veille. Bien qu'Elena se tienne constamment sur le qui-vive, il semblait que les Anderson soient repartis de Londres dès le lendemain matin. La jeune femme ne les revit pas une seule fois de la semaine au siège d'Anderson Luxury. Au moins, elle ne risquait pas de croiser par mégarde les yeux de glace de Travis.
Après cette première journée chaotique, assister d'autres hommes d'affaires au sein de l'entreprise lui paraissait plus facile. Elena commençait à prendre ses marques, et Kaitlyn n'avait déjà plus besoin de veiller sur elle. Les automatismes de sa formation lui revenaient.
À la maison, cependant, les événements n'étaient pas aussi roses. Noah tombait de plus en plus régulièrement, signe que la maladie progressait. Brooke et Elena avaient eu de longues conversations le soir ; elles avaient espéré que le diagnostic soit faux, que Noah aurait quelques années de plus.... mais non. C'est ce qui brisait le cœur d'Elena. Elle aurait donné cher pour prendre sa place.
Le traitement coûtait définitivement trop cher. À elles deux, Elena et Brooke n'avaient pas les moyens de venir en aide au petit garçon, et les associations ne pouvaient rien pour lui.
Une semaine et demie après avoir passé la journée avec les Anderson, Elena était assise devant son bureau. La journée s'achevait et la jeune femme profitait du peu de répit qui lui était accordé pour chercher sur son ordinateur des nouveaux centres de soins, moins coûteux, pour Noah. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner la seule famille qui lui restait depuis la mort de leur père.
La jeune femme était plongée dans ses recherches lorsque M. Carmichael entra sans frapper dans le bureau. Aussitôt, Elena se mit debout ; depuis la dernière fois, elle s'était mise au diapason avec le chef des assistants. Ils ne s'étaient pas reparlés, mais elle avait surpris à plusieurs reprises son regard lourd sur elle, presque à l'affût de la moindre erreur de sa part.
- Mademoiselle Charles, salua-t-il brièvement.
- Bonsoir, M. Carmichael. Vous désirez quelque chose ?
- Rien de particulier, en réalité. Je vous que vous cous acclimatez bien à l'entreprise, observa-t-il.
L'étonnement envahit Elena. Carmichael était décidément bien plus avenant et sympathique que lors de leur dernière conversation. Avait-elle réussi à faire ses preuves ? Non, la jeune femme ne le savait que trop bien ; dans ce métier, rien ne suffisait jamais.
- Kaitlyn m'a raconté votre journée avec M. Anderson et ses fils. Vous avez fait du bon travail, Elena, M. Anderson n'a émis aucune remarque à votre sujet et M. Harold n'a cessé de tarir d'éloges sur vous.
Elena rougit, mais garda le silence, heureuse d'avoir réussi à satisfaire ses clients, étant donné qu'elle avait eu l'impression d'être plus un poids qu'une aide...
Carmichael se tut un instant et s'approcha d'elle.
- Il n'y a que M. Travis qui m'a envoyé une étrange requête...
Il la pénétra de ses yeux bleus perçants. Ils n'étaient pas aussi profonds que ceux de Travis, plus clairs, tirant presque sur le vert, d'une intensité moins vibrante. Pas de lueur de colère dans les siens, mais quelque chose accrochait pourtant irrésistiblement son regard.
Elena dut faire un effort pour ne pas s'y attarder plus longtemps.
- Oui ?
Connaissant le mépris que Travis avait pour elle, cela n'augurait rien de bon.
- Rien d'inquiétant, rassurez-vous, fit Carmichael avec un léger sourire. Il m'a simplement demandé quelques renseignements sur vous. Une formalité, mais ce n'est pas dans les habitudes de M. Travis de s'informer sur des domestiques qu'il ne voit qu'une seule fois.
Nouveau silence. Elena songeait. Qu'est-ce que Travis pouvait bien avoir à gagner à demander ses informations sur elle ? Un motif pour la discréditer aux yeux d'Harold ? Le jeune homme n'avait cessé de lui faire remarque qu'elle attirait trop l'attention de son frère aîné.
- Pourquoi pensez-vous que M. Anderson ait fait une telle chose ?
- M. Travis est un homme imprévisible.
Carmichael haussa les épaules et Elena baissa la tête, mordant sa lèvre. Cette histoire ne lui plaisait pas vraiment. La perspective que Travis en sache plus sur elle qu'elle ne connaissait de détails sur sa vie ne l'enchantait guère. Surtout qu'elle n'avait aucune once de confiance en lui, et que leur animosité était trop claire pour être ignorée... que lui voulait ce despote ?
Carmichael avait franchi le seuil de la porte et continuait de contempler Elena avec un air grave.
- Il vaut sans doute mieux rester en retrait de ses affaires.
- Oui, murmura-t-elle tandis que son patron s'engageait dans le couloir, sans doute...
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Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.
RomanceDepuis toujours, Travis Anderson rêve d'hériter d'Anderson Luxury, dont son père est le fondateur. Entreprise pionnière dans le monde du luxe, sa puissance ne fait plus aucun doute. Seul problème de Travis : son frère aîné, Harold. Plus brillant, pl...