Elena demeura muette, une étrange sensation se répandant au creux de son estomac. Leurs longs échanges, leurs touchers de plus en plus fréquents et les crises de rage qui explosaient régulièrement avaient fait naître dans l'esprit d'Elena l'idée d'une telle possibilité, cependant bien vite écartée, celle-ci ne répondant à aucune logique. Si elle devait rester parfaitement honnête, Elena devait avouer que son cœur battait plus fort lorsqu'elle y songeait, espérant presque que les sentiments confus qu'elle éprouvait pour lui se révèlent réciproques et manifestes.
- Je ne pense pas que ce soit le cas, finit-elle par confesser, la gorge un peu nouée.
- Catherine avait aussi cette voix légèrement brisée lorsqu'elle parlait de Travis. Je m'en souviens comme si c'était hier. À cet âge, il semblait déjà tellement charmant et séducteur. Impossible d'y échapper. Tu as la même lueur dans les yeux. Est-ce que tu es amoureuse de ton patron, Elena ?
La jeune femme tressaillit une troisième fois, choquée par le ton direct de mademoiselle Julienne et par la question qui venait de se cogner à elle. L'évidence, dure et brute, la heurta de plein fouet, délivrant les mots sur des sentiments qu'elle refusait d'admettre. Perturbée par l'inquisition de mademoiselle Julienne, Elena garda cependant la tête droite, rejetant l'idée de céder une parcelle de terrain à l'ennemi ; elle jouait le bluff, comme Marco le lui avait enseigné.
- Je dois dire que je ne vous imaginais pas du tout comme cela.
- Que veux-tu dire ?
- Vous sembliez tellement stricte et autoritaire, tout à l'heure... et puis, vous travaillez avec les Anderson. Vous avez remis William en place. Disons que je vous voyais plus sèche.
- L'autorité et la puissance ne signifient pas forcément un cœur de pierre, rétorqua Alexandra. Tu devrais en savoir quelque chose, Elena.
Son intonation était devenue soudainement plus sérieuse, plus grave, plus impérieuse. Des frissons parcoururent le corps d'Elena, la faisant trembler comme une feuille, subitement mal à l'aise, toute sécurité et assurance disparues. Cependant, elle décida de ne rien en montrer, restant stoïque.
- Que voulez-vous dire ? releva la jeune assistante d'un ton neutre.
- Ta natte est terminée, interrompit brusquement Alexandra en s'éloignant d'elle, sans prendre la peine de répondre à sa question. Je te laisse te vêtir, quand tu entendras la chanson Pretty Woman, tu rentres en scène, compris ?
- Je...
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Alexandra rejoignait déjà l'extérieur. Déglutissant, tentant de rassembler ses esprits, elle écarta une mèche de cheveux qu'Alexandra n'avait pas tressée. Pourquoi ce changement soudain de ton et d'attitude ? Pourquoi ce frisson lui parcourait-il le corps, comme un signe, un avertissement ?
N'ayant plus l'occasion d'y songer, la main de la jeune femme caressa l'étoffe de la robe posée sur ses genoux, la gorge nouée. Elle appréhendait de monter sur scène, mais le toucher de cette toilette lui procurait assurance et excitation ; rien de ce qu'elle eu possédé auparavant ne tenait la comparaison, que ce fut en termes de modèle ou de qualité. Si Elena devait admettre une chose, c'était que malgré les trahisons, les manigances, les plans retors qui caractérisaient ce monde dans lequel Travis l'avait entraîné, elle l'enviait pour cet amoncellement de vêtements somptueux, pour les belles dorures sur les bâtisses et les panoramas étourdissants des chambres d'hôtel.
Cela devait être tellement grisant de ne plus avoir à penser sans cesse à l'argent, à se maintenir à l'abri du besoin. C'était tout ce que Marco aurait désiré, lui aussi.
Expirant longuement, la jeune assistante se décida enfin à se remuer et enfila la robe verte, appréciant chacun des frôlements du jupon contre sa peau. Le bustier, en dentelle, rehaussait superbement ses seins avec classe et élégance - du moins, Elena se plaisait à le croire, n'osant lancer un regard en direction du miroir. Serrant les poings, Elena chaussa ses escarpins argentés et se rapprocha des rideaux violets qui cachaient le petit couloir qui menait vers la scène, respirant avec difficulté à mesure que les secondes passaient. La perspective d'être jetée au milieu de tous ces mannequins aux corps gainés, entraînés et minces ne l'angoissait pas autant que de savoir que Travis scruterait ses moindres mouvements.
La jeune femme ne put cependant pas y réfléchir plus longtemps ; les notes reconnaissables de la célèbre musique du film avec Julia Roberts retentissaient à l'instant, sonnant comme un glas pour Elena. Déglutissant et secouant la tête une dernière fois pour se redonner du courage, l'assistante s'avança d'un pas ferme le long du couloir tout en distinguant la lueur du jour à un mètre à peine. Bloquant les milles idées qui tourbillonnaient dans son esprit, elle se réfugia dans la mélodie, esquissant un sourire gêné.
Après tout, ce n'était qu'une fois. Elle avait participé à des événements bien plus terrifiants ; la robe était si belle, et l'occasion si inespérée de se sentir jolie et admirée. Alors pourquoi avait-elle les mains moites ?
Lorsqu'elle posa un pied sur le podium, la lumière des éclairages l'éblouit un bref instant, la forçant à plisser les yeux. Impossible de voir les autres mannequins, qui formaient une masse compacte derrière elle, ni Travis ou Alexandra. Hésitante, mais profitant de cet instant d'aveuglement pour chasser les angoisses qui l'enchaînait au revêtement de la scène, Elena redressa les épaules et la tête, se concentrant sur la musique ; elle avait déjà fait cela auparavant, elle pouvait bien recommencer.
Arborant un grand sourire, se sentant être la plus belle femme du monde, elle se mit à défiler d'un pas assuré, une main vissée sur la taille. Ce sentiment de puissance qui l'envahissait dans toutes les fibres de son être lui procurait un bien-être et une exaltation qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Était-ce cela, le privilège des personnes au sommet du monde ? Se savoir invincible, inatteignable ? Le tempo battait son plein dans ses oreilles, son cœur frémissait au rythme de la chanson, et Elena ne s'en rendait même pas compte, galvanisée par une foule imaginaire et une rage nouvelle. Pour la première fois de sa vie, la jeune femme se sentait belle : plus belle que n'importe laquelle de ces femmes derrière elle.
Mais ce ne fut que lorsqu'elle croisa les yeux de Travis, ses prunelles bleues dilatées sous la surprise, le désir et l'enthousiasme qu'elle ressentit toute la force et toute la violence de cette attirance dorénavant indéniable. Travis avait beau être l'homme le plus malhonnête, le plus détestable et le plus arrogant qu'elle ait jamais rencontré de son vivant, il était aussi celui dont elle ne pouvait plus se passer. Celui dont elle cherchait sans cesse à obtenir l'approbation, et celui qui restait toujours là tandis qu'elle se sentait faiblir.
Travis était celui qui l'empêchait de tourner les talons et de s'enfuir quand sa raison lui hurlait de quitter un monde où ses démons se plaisaient à reparaître.
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🌹🍃Bonjour ! Petite information générale. Je ne fais habituellement pas cela, mais je voudrais être sûre que tout le monde aura eu connaissance de ce qui va suivre.🌹🍃
🌸🍃Concernant Anderson Love, la publication ralentit ces derniers temps. Plusieurs raisons ; mes partiels approchent et je vise un master en édition ; se rajoutent un déménagement et un job au théâtre, ainsi que ma vie sociale, mon copain habite à deux cents kilomètres ; lorsque je le vois, je me concentre sur lui.🌸🍃
🌹🍃J'ai également d'autre projets dont j'ai repoussé l'écriture depuis trop d'années à mener. Vive les corrections et les relectures qui tombent en cascade !!!🌹🍃
🌸🍃Autre chose pour les lectrices qui suivraient éventuellement Le Premier Jour, la suite arrive dans peu de temps. Ma panne d'inspiration s'envole petit à petit...🌸🍃
🌹🍃Tout cela pour dire que cela ne sert à rien de me demander quand la suite arrivera. J'ai initialement un planning de prévu pour les publications, mais je ne peux pas vous garantir de le tenir dans les prochaines semaines.🌹🍃
🌹🍃 En attendant, j'espère que vous avez aimé le chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez penser en commentaire - ou à répondre à cette petite annonce....
Je vous fais des bisous ! 🌸🍃
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Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.
RomanceDepuis toujours, Travis Anderson rêve d'hériter d'Anderson Luxury, dont son père est le fondateur. Entreprise pionnière dans le monde du luxe, sa puissance ne fait plus aucun doute. Seul problème de Travis : son frère aîné, Harold. Plus brillant, pl...