Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.

26.2 - It's a Men's World.

Après leurs ébats, Travis et Elena durent cependant reprendre le cours de leurs vies, à contrecœur. Pourtant, il restait difficile pour eux de se concentrer lors qu'ils ne cessaient de se dévorer du regard et de réprimer l'envie perpétuelle de se retrouver nus l'un contre l'autre.

À présent, ils trouvaient dans le hall en compagnie de l'ensemble des assistants qui leur dressaient un compte-rendu détaillé de la soirée. Le cœur d'Elena s'emballait à chaque fois que Travis parlait de sa voix profonde, la même qui la suppliait d'interrompre sa torture, un peu plus tôt dans la matinée. À plusieurs reprises, elle sentit que le feu s'emparait de ses joues, et se demanda si Benjamin et les yeux réprobateurs qu'il lui lançait signifiaient qu'elle se trahissait malgré elle. Travis, lui, ne paraissait pas avoir de problème pour dissimuler le secret qu'ils cachaient et qui les liait. Comment son esprit demeurait-il aussi clair quand des milliers de questions tournaient dans la tête d'Elena ? Qu'allait-il advenir de la mission, de leur relation, de leur passion interdite ? Elle déglutit, la tête haute.

- Bien, énonça Travis avec force, je vous remercie pour cet exposé très complet, je peux d'ores et déjà en conclure que la soirée s'est révélée un succès. Il ne nous reste plus qu'à éplucher les articles de presse pour nous en assurer, mais je crois que la plupart de nos convives sont repartis enchantés de la réception.

Il marqua une pause, et se tourna vers Elena, le visage sérieux, l'expression aussi dénuée de sentiments que la veille et tous les jours précédents.

- Félicitations, mademoiselle Charles, votre travail et votre dévotion ont porté leurs fruits, je suis fier de votre réussite.

Elena sourit brièvement, embarrassée tandis que ses amis l'applaudissaient avec bienveillances. Jasper et Kaitlyn lui adressèrent des gestes d'encouragement, mais les yeux de Benjamin continuaient de trahir sa désapprobation et sa colère.

- Il est temps pour vous de retourner au siège de l'entreprise, ajouta Travis à destination de l'assemblée.

Ils hochèrent tous d'un signe de tête, ravis de l'intervention positive de Travis, qui manifestait rarement sa joie ou sa reconnaissance envers ses employés. Discrètement, il coula un regard vers Elena qui réprima un frisson le long de son échine, encore hantée par les souvenirs de la matinée et de la veille. Son corps réclamait de nouveau la peau de Travis, ses baisers, ses caresses : chacun de ses gestes lui coupait le souffle, la respiration, menaçait de la trahir.

Au bout d'un moment, le hall fut déserté, et à l'exception des réceptionnistes et du personnel de l'hôtel, il ne resta bientôt plus personne d'autre qu'eux. Leurs yeux se croisèrent, et Elena crut distinguer dans les iris de Travis une flamme de désir qui l'excita légèrement. Pendant un instant, Travis parut vaciller, mais il se reprit rapidement lorsque la voix d'Harold retentit à l'entrée du vestibule.

- Ah ! J'ai à vous parler, tous les deux !

Ils se retournèrent vivement vers un Harold à l'expression sérieuse et fermée. Habituée à le voir enjoué et heureux, la panique s'empara d'Elena devant cette attitude accusatrice et la lueur de colère qui brillait au fond de ses pupilles dorées. Son estomac se contracta, son cœur se serra, et sa peau se recouvrit d'une fine couche de sueur. De son côté, le corps de Travis s'était nettement tendu : s'il n'en paraissait rien, Elena pouvait ressentir son trouble avec une justesse qui l'effrayait. Instinctivement, elle voulut lui saisir la main pour se donner du courage, mais la présence d'Harold la glaçait subitement, si contraire à leur danse tendre et légère de la veille.

Lorsque Harold arriva à leur hauteur, il croisa les bras sur son torse, l'air impérial. Travis haussa un sourcil interrogateur, et Elena demeura stoïque, ne sachant quelle attitude adopter.