Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.

3.3. Hungry Eyes.

La réunion prit fin aux alentours d'une heure vingt. Pendant toute la durée de celle-ci, Elena ne put s'asseoir, courut d'un collaborateur à l'autre dès que l'ordre claquait d'apporter une boisson, une collation, chercher des documents dans l'attaché-case... De tous les hommes, Travis et William Anderson furent ceux qui la sollicitèrent le plus. Le fils exigeait un copieux en-cas sur-le-champ tandis que le père lui demandait sans cesse de modifier la température de la salle, de descendre ou de monter les volets. Elena grinçait de dents ; elle soupçonnait Travis de l'interpeller aussi souvent uniquement pour jouer avec ses nerfs ; le comble était qu'il y parvenait sans avoir besoin de s'adresser à elle. Un regard suffisait.

Quatre heures suffisaient pour apprendre à réprouver Travis Anderson.

Ses talons hauts lui déchiraient littéralement les pieds, mais elle ne pouvait que souffrir en silence. Après les remarques consécutives de Carmichael, de M. Anderson et de Travis, la jeune femme n'avait aucune envie de s'exposer à une énième critique.

Le doux regard d'Harold et son sourire rassurant lui permirent de tenir toute la réunion. À force de courir partout, elle avait dû au moins perdre la moitié de son poids ! Elle qui déplorait de ne jamais faire de sport, faute de temps... Dès que la jeune assistante ne se sentait plus le courage d'exécuter un énième ordre saugrenu — comment ça, changer les chaussures de M. Rosfield en plein discours de celui-ci ? – elle jetait de discrets coups d'œil vers Harold, sûre de trouver du réconfort. Quand le beau blond s'en apercevait, il lui adressait de discrets encouragements à l'aide d'un sourire ou d'un geste de la main.

Lorsque tous les collaborateurs des Anderson prirent congé et qu'il ne resta plus qu'eux trois, Elena manqua de s'effondrer au sol, ou du moins sur un des canapés du petit salon attenant. Ils paraissaient si confortables, et la jeune femme désirait plus que tout se replonger dans ce rêve qui satisfaisait tous ses fantasmes...

Au lieu de quoi, remarquant les innombrables tasses de café, les verres d'eau et de vin sur la table centrale, Elena s'employa à faire une fois de plus la vaisselle à la main, prenant bien garde à ne pas mouiller sa montre en argent. Combien de fois l'avait-elle faite durant la matinée...

— Mademoiselle Charles, dépêchez-vous donc, lui ordonna M. Anderson, toujours aussi impérieux. Nous partons au restaurant dans cinq minutes exactement.

Elena sursauta et manqua de briser la flûte de champagne qu'elle venait tout juste de nettoyer. Le déjeuner ! Toute dévouée à répondre aux exigences des uns et des autres, Elena ne s'était même pas aperçu à que son estomac criait famine.

— Bien Monsieur, j'arrive immédiatement.

Cinq minutes plus tard, ils débarquaient dans le hall du building. Elena savait bien que son travail ne s'arrêtait pas après la réunion ; elle restait à disposition des Anderson pour le reste de la journée.

Une immense limousine aux vitres teintées les attendait devant l'entrée du bâtiment, et la jeune femme fournit un énième effort pour que sa mâchoire ne se décroche pas. Elle ne s'était pas encore rendu compte qu'elle allait monter dans une voiture aussi luxueuse pour la première fois de sa vie, elle qui vivait dans un studio tout juste correct avec Brooke.

« Brooke... si elle savait ça, elle sauterait au plafond ».

Le chauffeur ouvrit la porte aux trois hommes, suivis par Elena. Cette dernière lança un ultime regard en arrière et aperçut Kaitlyn qui lui souriait de toutes ses dents. Elle regretta de ne pas lui avoir dit que tout s'était bien passé, la réceptionniste s'étant montrée si réconfortante avec elle.

L'intérieur de la voiture était tel que l'on pouvait se le représenter lorsque l'on n'appartenait pas au monde abondant des Anderson ; en cuir, tout confort, avec bouteille et coupe de champagne, minuscule écran de télévision...