- Plutôt cheesecake ou cupcake ?
- Euh... Crème glacée !
- T'es décidée à me faire tourner en bourrique ? sourit Harold en poussant la porte de la glacerie située sur Orchand Street.
Elena contint un sourire moqueur tandis qu'ils entraient dans la boulangerie. Le début d'après-midi tapait sur leurs têtes, avec ce grand soleil, et le besoin de manger se faisait ressentir inexorablement. Profitant de l'absence de M. Anderson et bénéficiant de la permission de Travis, Harold s'était finalement décidé à faire découvrir la ville à Elena.
Celle-ci ne pouvait s'empêcher de ressentir un léger pincement au cœur. Elle aurait préféré voir Brooke et Noah, qui venait enfin d'intégrer le programme lancé par Pfizer, mais Travis avait été intraitable sur le sujet. Elle leur rendrait visite lors de son jour de repos.
Ils revenaient tout juste de leur visite de East Village. Pour la journée, Harold s'était simplement habillé d'un t-shirt blanc et d'un jean noir ; sûrement avec l'envie de passer incognito dans les rues de New York, ou peut-être d'offrir une journée "normale" à Elena. Depuis que la jeune femme était devenue l'assistante personnelle de Travis, elle n'avait plus eu l'occasion de s'offrir des plaisirs simples, noyée dans un monde de faste et de luxe qui n'était pas le sien.
- Je parie que tu es le genre de femme à préférer rester un dimanche sous la couette avec un chocolat chaud et un film à une longue balade sur Broadway, taquina gentiment Harold en lui tendant sa crème glacée à la vanille.
- On ne t'a donc pas appris que les apparences pouvaient être trompeuses ? rétorqua Elena avec un sourire moqueur.
- Il me semble plutôt que l'on dit que la première impression est souvent la bonne.
- Il vaudrait mieux pour moi t'avoir fait une excellente impression, alors, s'amusa la jeune assistante.
- Tu ne serais pas là si ce n'était pas le cas, fit Harold en mordant dans son cheesecake au citron, après un léger clin d'œil.
Ils marchèrent un moment en silence, savourant chacun de leur côté leurs petites douceurs. De temps en temps, Elena lançait un petit regard en coin à Harold, s'attardant sur la courbe son menton, virile, sur ses lèvres charnues et ses yeux d'ambres. Le visage de l'homme était calme, serein, rassurant.
La jeune femme sentait le poids et la pression accumulée par les exigences de Travis s'envoler à chaque pas qu'elle faisait aux côtés d'Harold.
Ce dernier se tourna vers elle.
- Alors, verdict ?
- Quoi donc ?
- Melt Bakery n'est-elle pas la meilleure boulangerie de tout New York ?
- J'ai connu mieux, s'exclama-t-elle en lui glissant un discret coup de coude dans les côtés.
- Madame est exigeante ! Je ne sais pas si je vais pouvoir répondre au moindre de tes caprices !
- Tu peux toujours essayer.
La complicité naturelle qu'il y avait entre elle et Harold ne cessait de l'étonner. Elena avait beau avoir répété maintes et maintes fois la journée avec Travis, avant d'accepter l'invitation de son frère, celle-ci ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait imaginé.
C'était simple. Facile, léger. Et entraînant, à tel point qu'elle ne voyait pas les minutes défiler.
Cela faisait bien longtemps qu'Elena n'avait plus eu de rendez-vous aussi agréable. En fait, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus eu de rendez-vous tout court.
- Et toi, alors ? lança-t-elle avec un sourire taquin. Plutôt film sous la couette ou balade sur Broadway ?
- Question difficile... fit mine de réfléchir Harold. Je dirais que c'est bien meilleur de regarder un film en amoureux, alors que tu peux te promener sur Broadway en célibataire, c'est toujours aussi génial.
- Je ne suis pas d'accord. Un excellent film peut se regarder en solo, il te prendra toujours aux tripes.
- Oh, pouffa Harold. Parce que tu as l'intention de regarder le film ? Je pensais que c'était un nom de code...
Un rire cristallin s'échappa des lèvres d'Elena et ses joues rosirent légèrement sous l'allusion. Harold sourit discrètement mais ne renchérit pas. Ils débarquèrent, vingt minutes plus tard, sur Grand Street, glace et cheesecake avalés. Le soleil les aveuglait, et Elena dût se cacher les yeux pour se protéger de la lumière.
- On voit bien que tu n'es jamais partie de Grande-Bretagne, remarqua Harold. Tu n'es pas habituée à la chaleur new-yorkaise.
- Tu y es souvent venu ? s'enquit Elena tandis qu'ils prenaient sur leur droite, évitant la lumière éclatante. Je veux dire hormis pour les affaires...
- Je suis né ici, en réalité, révéla le jeune homme en glissant ses mains dans les poches.
Elena fronça les sourcils en le dévisageant et Harold perçut son regard. Ses yeux pétillèrent devant son air surpris et un sourire se dessina sur sa bouche. Elena se surprit à songer que ses lèvres devaient être douces à embrasser. Leurs corps s'étaient rapprochés au fil de la rue qui se rétrécissait, et la jeune femme sentit la chaleur bienfaisante se détacher de lui.
- Tu m'as l'air étonnée.
- Assez, oui.
- Travis est né à Londres, c'est vrai.
Elena se souvenait bien de ce détail, qu'elle avait lu sur la fiche de présentation, le jour où ils étaient venus au siège social. La rue devenait de plus en plus étroite, et la jeune femme se trouvait derrière son compagnon, n'apercevant plus que son dos.
- Mes parents étaient venus ici pour un mois, à cause des affaires.
- Tu as la nationalité américaine, alors ?
- Exactement.
- Et moi qui te prenait pour un pur Londonien... prétendit-elle se désespérer. Surtout que ton prénom est très british !
Doucement, il saisit la paume de sa main, ne craignant qu'elle ne s'égare. Le cœur d'Elena fit un bond sous la surprise mêlée de joie et d'enthousiasme. Leurs peaux se frottaient légèrement l'un contre l'autre, mais la prise de Harold était à la fois ferme et veloutée sur elle. Ce contact la fit sourire instinctivement. La jeune femme avait l'impression que ce n'était pas la première fois.
Soudainement, Harold s'écarta de la rue pour se poster près d'un immeuble, afin de s'isoler un peu des passants. Elle se laissa faire en dissimulant une expression d'amusement. Le visage d'Harold se dévoilait derechef à ses yeux, tout sourire.
- Cela va poser un problème pour la suite ? demanda-t-il en l'attirant gentiment contre lui.
La main virile de l'homme vint trouver sa place sur la taille d'Elena, sans pour autant paraître avide et désireuse de plus. Ses boucles blondes mêlées de mèches rousses brillaient d'autant plus avec le soleil, et encadraient son visage angélique à la perfection.
- Parce qu'il va y avoir une suite ? taquina Elena.
- A moins que tu ne veuilles pas ?
- Si, bien sûr. C'était une journée géniale, murmura-t-elle.
- Elle n'est pas encore finie, tu sais ? souligna-t-il en se remettant en marche, sans pour autant lui lâcher la main.
- Tu me réserves encore des visites ?
- Des tonnes ! New York est immense. Tu n'en viendras jamais à bout, souffla-t-il en entrelaçant un peu plus ses doigts autour des siens.
Le doigt d'Harold caressa lentement la paume d'Elena.
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Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.
RomanceDepuis toujours, Travis Anderson rêve d'hériter d'Anderson Luxury, dont son père est le fondateur. Entreprise pionnière dans le monde du luxe, sa puissance ne fait plus aucun doute. Seul problème de Travis : son frère aîné, Harold. Plus brillant, pl...