20.1. - Falling Hearts

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La lumière du début d'après-midi ensoleillait la pièce de sa lueur vive, éclairant les meubles en bois de l'immense maison. Même si quatorze heures sonnaient déjà, les yeux d'Elena restaient à moitié ouverts, encore mal habitués à la clarté du salon. Cheveux en bataille, maquillage légèrement défait et à peine habillée d'une chemise trop large pour elle par-dessus ses sous-vêtements, la jeune fille respira un grand coup, mains sur les hanches, impressionnée de se trouver dans un tel endroit. Cette magnificence n'avait rien d'ordinaire. Curieuse et enthousiaste à l'idée de l'occuper pendant encore quelques jours, Elena choisit de se sustenter avant de découvrir l'ensemble du domaine, si vaste qu'elle n'en voyait pas la fin depuis la baie vitrée donnant sur une forêt luxuriante. Perdus au milieu de la campagne, dissimulés à la vue de tous, la jeune fille était bien décidée à profiter de ce repos bien mérité.

Quand elle entra dans la cuisine ouverte à l'encadrement de bois, Elena y retrouva le jeune homme, déjà installé devant une grande table laquée. Plusieurs mets s'y trouvaient, depuis les omelettes et le bacon à la tarte à la framboise et autres viennoiseries. Au centre du meuble, une magnifique rose dans un vase y trônait en reine. De dos et concentré sur son téléphone portable, le brun n'entendit ni ne vit Elena s'avancer, et ne perçut sa présence que lorsque cette dernière enroula ses bras autour de son torse nu, puis déposa un léger baiser sur sa joue.

- Bonjour, homme de mes rêves.

- Je ne savais que pas que tu étais réveillée, murmura l'autre en tournant la tête vers elle.

Comme à chaque fois qu'elle le contemplait, le cœur d'Elena se serra devant tant de beauté et de somptuosité. Un homme pouvait-il posséder une telle beauté, jusqu'à en couper le souffle ? Pour toute réponse, il l'embrassa doucement, taisant ses questionnements, et sans qu'elle ne s'en rende compte, il la fit tomber sur genoux, sa main virile venant trouver sans hésitation le haut de ses cuisses, à quelques centimètres seulement du string de la jeune étudiante. Une minuscule vague de chaleur envahit cette dernière, mais il interrompit le baiser trop tôt pour que la sensation puisse s'étendre jusqu'à son bas ventre.

Il dégagea une mèche de ses cheveux en esquissant un sourire espiègle.

- Tu es tellement belle, Elena... Je n'arrive pas à croire que je me retrouve ici avec toi. J'en ai rêvé pendant des mois.

- Je n'arrive pas à croire que tu as pris la peine de préparer le petit-déjeuner, s'amusa la jolie fille, son doigt explorant les lèvres du garçon.

- N'importe quoi pour satisfaire la femme qui fait battre mon cœur insensible.

Elle pouffa légèrement, attendrie. Les yeux verts du jeune homme parcouraient son visage, caressant sa nuque du regard, glissant vers sa gorge avant de s'enfouir au niveau de sa poitrine, cachée par les vêtements. Il soupira d'envie tandis qu'elle passait ses mains dans ses cheveux avec amour.

- Je vois que tu es allé cueillir une rose, remarqua-t-elle.

- Existe-t-il un meilleur symbole pour tout ce temps à tes côtés ? murmura-t-il sensuellement.

La main posée sur ses cuisses remonta encore un peu plus vers l'entre-jambes d'Elena, menaçant à tout instant de franchir la barrière de son intimité. Réprimant un frisson, lèvre mordue, la jeune fille perçut distinctement le rire satisfait de celui qui lui faisait face. Il le sentait ; il la possédait, la dominait, comme dans chacun de ses rêves. Les gémissements d'Elena lui revenaient en tête, l'obsédant, et il se redressa de tout son corps tandis que son membre se tendait.

- En parlant de rose... peut-être serait-il temps que tu me montres la tienne...

- Hum...

Il l'embrassa avec passion sans lui laisser l'occasion d'accepter ou de refuser, sa main se frayant une piste jusqu'à son sexe, qu'il effleura à peine, mais avec une assurance et une fermeté qui excita Elena un peu plus. Incapable de bouger, de répondre, d'émettre le moindre mouvement, elle sentit les mains du jeune homme arracher la chemise qui couvrait sa poitrine ornée d'un soutien-gorge échancré, permettant à la rose tatouée entre ses seins d'éclore à la vue de tous. Jetant la blouse à terre avant de s'attaquer à la dernière couche de vêtements qui dissimulait les courbes affolantes d'Elena, il se mit à embrasser et à mordre cette rose, sa main retrouvant le chemin de l'intimité de la jeune femme qu'il s'empressa d'investir de ses doigts.

- Bordel, Marco... lâcha-t-elle sans retenue.

- Es-tu prête à sentir à quel point je t'aime, Elena ?

***

Le cœur d'Elena battait si fort qu'elle n'arrivait même plus à le sentir lorsqu'elle franchit le seuil du café parisien, à la devanture décorée de verdure et aux vitres larges permettant d'observer les passants de la capitale. Il n'était que quinze heures, mais les tables extérieures étaient déjà remplies, et l'intérieur bondé. Elena douta de dénicher une place vide parmi cette foule, mais elle s'avança quand même, à la recherche d'un serveur.

Cela n'allait pas. Travis lui avait accordé sa journée au terme d'une discussion houleuse, mais Elena avait obtenu gain de cause. Parfaitement maquillée et chaussée de talons pour l'occasion, la jolie assistante s'était morigénée durant tout le trajet pour cette faiblesse. Quelle image renverrait-elle ? Certainement pas celle d'une indifférence totale, ce qui était néanmoins - presque - le cas. Serrant ses mains moites pour éviter de fuir comme le lui dictait son esprit, elle respira un grand coup. Son chemisier blanc, pourtant léger grâce à sa fluidité lui donnait chaud comme jamais, et ses jambes tremblaient à peine. La jeune femme aurait aimé battre la mesure avec son pied pour chasser sa nervosité progressive, mais elle n'osait pas devant tout ce monde. Alors que ses yeux se promenaient de visage en visage, un doigt tapota discrètement son dos, et elle sursauta.

Un inconnu se tenait à ses côtés, un sourire bienveillant sur son visage ponctué de tache de rousseur. Il conservait malgré cela une expression sérieuse derrière de petits iris sombres. Habillé d'une veste de tailleur noir sur sa chemise blanche, les couches de vêtements n'étaient cependant pas suffisantes pour cacher le tatouage d'un bleuet à la base de son cou.

En une seconde, Elena comprit qu'il s'agissait d'un des hommes de Marco. Ne lui laissant pas le temps de se présenter ni de demander après le chef des Lions, l'homme au bleuet déclara.

- Monsieur Rushing vous attend à la table numéro treize. Je vais vous y conduire. Si vous voulez bien me donner votre manteau...

- Que... quoi ?

- Suivez-moi.

Perplexe, la jeune femme emboîta le pas de l'inconnu qui passa devant elle sans lui accorder le moindre regard. D'où venait cette attitude pompeuse ? Les Lions avaient-ils changé à ce point depuis quatre ans qu'elle en était partie ?

Le cœur d'Elena s'accéléra et tout questionnement déserta son esprit lorsqu'elle aperçut, tout au fond de la pièce, un homme à la musculature développée, à la chevelure d'ébène dont les côtés avaient été coupés, laissant une mèche bouclée plus longue sur le sommet de son crâne. Arborant son éternelle veste en cuir ainsi que d'un pantalon noir, son poignet droit comportait un tatouage en forme d'asphodèle surmonté d'une tête de lion noir. Ses yeux verts avaient conservé leur malice et leur beauté enivrante.

Impossible d'en douter ; Marco Rushing signait son grand retour dans la vie d'Elena Charles, qui n'avait cessé d'espérer ne plus jamais le revoir durant le reste de ses jours.

Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant