Harold venait de régler l'addition qu'un serveur venait de lui apporter lorsqu'il saisit la main de la jeune femme, pensive. Un verre de vin à la main, qu'elle n'avait pas touché depuis dix minutes, son regard se perdait dans le décor de la capitale, refusant tout sentiment de culpabilité parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de se sentir bien avec Harold et d'avoir envie que cette nuit se prolonge indéfiniment.
Un sentiment égoïste qui allait entrainer sa chute.
Elle déglutit, alors qu'il chuchotait doucement son nom.
- Elena ?
Instinctivement, elle pivota lentement vers lui, et la tendresse et le désir qu'elle lut dans son regard lui fit momentanément oublié tout ce à quoi elle songeait auparavant. Une vague de chaleur la submergea tandis qu'elle réalisait le repas était fini, que la nuit leur appartenait, et qu'elle n'attendait plus que de coller son corps au sien.
Au diable les foutus complots et les stratagèmes ; personne ne l'avait jamais ainsi dévorée du regard, avec ces iris brillantes qui ne reflétait que sensualité, désir, amour.
Elle sourit, sentant son cœur et ses barrières tomber peu à peu en lambeaux.
- Paris est une ville tellement romantique. Ça fait des années que je rêve d'y aller... je n'arrive pas à croire que je suis là. On dirait un rêve...
- J'y suis depuis des années, mais la ville ne m'a jamais semblé aussi belle qu'avec toi, murmura-t-il le plus sérieusement du monde.
L'iris de ses yeux ne tremblait pas, affirmant un peu plus l'assurance et la conviction que sa voix laissait entendre. Elena se tourna vers lui, le visage impassible, ne souhaitant laisser filtrer aucune émotion.
Ses doigts pressèrent un peu plus ceux d'Harold, incapable de sourire, le souffle coupé devant la beauté de la femme qui se tenait devant lui, comme s'il ne l'avait jamais vue auparavant. Comme s'il réalisait pour la première fois à quel point elle était là, peut-être prête à lui donner tout ce qu'il n'avait jamais désiré.
Elle sourit faiblement, une lueur mystique dans le regard.
- Et si nous échappions de cet endroit ? proposa-t-elle doucement, avec une expression avide qui en disait long sur son désir et sur le charme que le jeune homme exerçait sur elle.
Harold opina du chef et se leva, contournant la table avant d'arriver à sa hauteur et de lui tendre une main galante, dans un geste qu'Elena ne put s'empêcher de trouver incroyablement romantique, sans en comprendre la raison. Mais ce n'était pas le moment de philosopher ; tout ce qu'elle pouvait ressentir, en cet instant, c'était ce lien indéniable, bien présent, qui reliait une partie de son âme à celle d'Harold.
Elle glissa délicatement ses doigts entre les siens, se laissant guider par les yeux brillants du jeune homme, et ce dernier l'attira contre lui, retenant de justesse un petit rire niais mais que la jeune femme devinait terriblement charmant.
Sans échanger mots, le jeune couple sortit du restaurant pour accueillir la fraîcheur de la nuit de Paris, qui vint s'engouffrer sous leurs manteaux légers. Elena frissonna quelque peu, mais la minuscule brise de cette nuit d'été était une infime raison parmi celles que suscitaient la douceur, le sourire d'Harold, son bras enserrant sa taille fine et sa main se promenant avec délicatesse et lenteur dans ses cheveux bouclés.
Dans l'ascenseur qui leur fit quitter la hauteur du moment et la splendeur de la vision de la capitale illuminée de mille feux, Elena ferma ses yeux, appuyant sa tête contre l'épaule virile et musclée d'Harold, songeant à quel point elle aimerait que cet instant de félicité se poursuive jusqu'à un temps indéfini. Presque, la présence de son corps brûlant et la sensation du cœur du jeune homme, battant à vive allure, la faisait voyager dans un autre univers où rien de toute cette histoire n'avait été monté de toute pièce ; où ils n'étaient que tous les deux, seuls au monde.
Ils flânèrent le long de la Seine, au pied du monument, main dans la main, toujours sans s'adresser la parole. C'était mieux ainsi, et Elena croyait fermement qu'il y avait des silences qui valaient mille mots. De rester muette lui donnaient tout le loisir de contempler le profil du blond, éclairé par les lampadaires et les étoiles scintillantes au-dessus d'eux. Quelque chose dans la manière de se tenir d'Harold avait l'air infiniment noble et pur : peut-être était-ce son nez, droit, et son visage aux traits ciselés qui lui conféraient cette expression pratiquement royale. Les yeux fixés droit devant lui, Harold semblait plus décidé et déterminé que jamais, conquérant, comme provenant d'une autre dimension. Elena l'observait du coin de l'œil, à la fois impressionnée et fascinée par cette aura de confiance qui émanait de son compagnon. Les doigts de ce dernier se resserrèrent un peu plus sur les siens, et la jeune assistance comprit qu'elle n'était pas aussi discrète qu'elle le pensait.
Nerveusement, elle pouffa de rire, et Harold sourit. Le rire d'Elena lui faisait un tel effet, elle n'en avait même pas conscience ; et de toute manière, de quoi avait-elle conscience ? Elena ne remarquait jamais qu'elle était la plus belle femme dans tous les lieux où ils se retrouvaient ; elle ne se rendait pas non plus compte de la grâce qu'elle incarnait, ni de la vive intelligence qui brillait dans ses yeux ; elle ne voyait pas que les autres femmes qu'il avait connues ne pouvaient se comparer à elle parce qu'il n'avait rien ressenti d'aussi intense et véritable pour quelqu'un.
Quand bien même rien en elle n'aurait dû lui inspirer la confiance.
Une partie de son cœur se ravissait du spectacle, et une autre se languissait d'enfin la sentir sous son corps et de jouer avec ses lèvres. Quelques notes de piano, accompagnées par une voix masculine et grave retentit alors à leurs oreilles tandis que les deux jeunes gens contemplaient le reflet de la lune sur l'eau et les bateaux-mouches qu'ils rencontraient. Un air bien connu s'éleva dans les airs, une voix grave et sensuelle s'infiltra entre eux, et le souffle d'Elena se fit plus court et plus bruyant. Ils s'arrêtèrent un instant, n'osant pas se regarder, subjugués par la gracieuse mélodie autour d'eux, leurs mains toujours enlacées.
Au bout d'une minute qui parut une éternité à Elena, le jeune homme se tourna légèrement vers elle, de sorte que leurs visages soient face à face ; ainsi, elle ne pouvait ignorer la lueur dans ses yeux de miel, ni l'expression à la fois extatique et douce peinte sur ses traits délicats. Elena déglutit discrètement, enchantée. Harold n'avait définitivement rien à envier à son jeune frère ; sa beauté moins ravageuse, plus discrète, était largement compensée par la galanterie dont il faisait preuve ainsi que son charme naturel.
Il lui sourit tendrement, la faisant rougir jusqu'à la racine de ses cheveux ; elle fut reconnaissante de la semi-obscurité dans laquelle était plongée la ville et grâce à laquelle Harold ne pouvait voir son trouble. Elle soupira un bref instant, avec l'impression que le temps était suspendu ; peut-être était-ce à cause du sourire du jeune homme, ou bien de la chaleur de la main dans la sienne, ou de la bienfaisante sensation de tranquillité qui naissait au creux de son ventre lorsqu'elle le dévisageait.
- Tu veux danser ? lui chuchota-t-il alors que les notes étaient de plus délicates, volant presque dans les airs.
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Every Breath You Take : Alliances | Tome 1.
RomanceDepuis toujours, Travis Anderson rêve d'hériter d'Anderson Luxury, dont son père est le fondateur. Entreprise pionnière dans le monde du luxe, sa puissance ne fait plus aucun doute. Seul problème de Travis : son frère aîné, Harold. Plus brillant, pl...