Chapitre 36 - Point de vue de Thibault - Une décision irrévocable

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Quelques jours ont passé, des jours durant lesquels, j'ai vu que très peu mon homme, Nath m'accaparait dès que je rentrait du boulot pour préparer la cérémonie. On est jeudi enfin techniquement vendredi vu qu'il est plus de 2h du matin. Je n'arrive pas dormir, dans quelques heures je vais devoir me rendre à la mairie. Je me sens pas bien, je suis angoissé, opressé, et c'est pas le stress positif d'avant mariage. Non, je pense à Alex, même s'il accepte tout ça, que je sais qu'il m'aimera encore après et que ça changerait rien, je sais que ça lui fait mal, c'est impossible autrement. Et puis je l'ai senti tout à l'heure quand je suis passé le voir chez lui, après avoir fini ma journée. Quand on s'est dit au revoir et qu'il m'a serré fort dans ses bras, même s'il n'y avait pas de larmes dans ses yeux, j'ai senti son désespoir dans son étreinte, il s'agrippait à moi, comme s'il allait me perdre, comme si c'était la dernière fois...ça m'a déchiré le coeur...

La nuit a été longue et j'ai à peine fermé l'oeil, c'est la lumière du jour qui vient de me réveiller en passant à travers les volets de ma chambre. Il est 7h00 du mat, je suis seul dans le lit, Nathacha est comme prévu déjà en route pour retrouver sa copine pour se préparer à leur institut qu'elles ont fermé pour la journée. Moi mon costume m'attend dans sa housse qu'elle a déposée a sa place sur le lit, avec un post-it dessus.

" Je t'attends à dix heures chez Mme le maire, soit par en retard"

Je sors du lit, je ne déjeune pas, étant incapable d'avaler quoi que ce soit. Je passe directement à la salle de bain, je me lave et je ressors aussitôt de la baignoire. Je croise mon reflet dans le miroir. Il me renvoie le visage d'un homme à la mine sombre, pâle, dont le regard a perdu tout éclat, dont les yeux assombrit n'expriment qu'un sentiment de tristesse profond, dont le sourire a complètement disparu, laissant place à une grimace maussade, renforçant la dureté de ses traits habituellement doux.

Ne supportant plus cette image de moi, je passe au plus vite un coup de peigne dans mes cheveux et taille un peu mon bouc qui commençait à devenir beaucoup trop long à mon goût, mais pas trop court non plus, mon chéri adore le tenir entre ses doigts quand il m'embrasse. À cette pensée, une larme s'échappe sur ma pommette, je l'essui d'un revers de main et sort de la salle d'eau.

Une fois dans la chambre, j'ouvre fébrilement la fermeture éclair de cette housse qui renferme mon costard. Un smoking trois pièces composée d'une veste, d'un gilet, d'un pantalon noir, porté avec une chemise blanche simple et agrémentée d'une cravate ébène. Des choses si faciles à faire comme s'habiller me paraissent insurmontables aujourd'hui. Je me sens étouffé dans ses vêtements, emprisonné, tout comme dans ma vie.

Je suis perdu, je ne sais pas quoi faire...mais bien sur que je le sais, je veux tout avouer à Nath, ne pas me marier avec elle et retrouver l'unique amour de ma vie... Mais il y aussi cette raison qui me torture l'esprit, qui me fait penser à ce bébé qui n'a rien demandé et qui est pourtant là, ce petit être que je ne veux pas risquer de perdre mais d'un autre côté, cet homme dont je suis fou amoureux que je vais, malgré ce qu'il dit, blesser.

Et puis cette femme que je fais espérer...j'ai beau retourner la situation dans tous les sens, des deux côtés je serais au final, un salaud. Je suis complètement paumé...je décide donc d'aller voir la seule personne qui pourrait m'aider. Enfin j'en sais rien mais sa maturité pourrait l'aider, à me donner de bons conseils, même si elle est touchée au plus près dans cette histoire, je n'ai plus ma mère et c'est elle qui a joué ce rôle pendant des années, avec Rose et Meredith. Elles, elles sont à des kilomètres...et j'ai besoin de quelqu'un maintenant.

Je quitte l'appartement, monte en voiture, effectuant ce trajet que j'ai emprunté si souvent et que j'ai redécouvert, il y'a peu de temps avec lui. Je me gare devant ce portail blanc que j'ai passé si souvent, m'envoyant des rafales de souvenirs. Il faut que j'arrête de penser sinon je vais m'effondrer et le temps morose qu'il fait avec ce ciel gris ne m'aide pas à me sentir mieux mais aujourd'hui c'est impossible. Je tire sur le fil qui pend sous la clochette pour la faire tinter.

Une magnifique femme a la chevelure bouclée et dorée et aux yeux aussi bleus que ceux de son fils m'ouvre la porte:

- Bonjour Ellen...je sais que c'est déplacé de venir te voir...par rapport a la situation...mais j'ai vraiment besoin de parler, Alex a dû te mettre au courant...pour aujourd'hui...

- Entre... On va discuter, tu as bien fait de venir.

Elle me fait entrer et on s'assoit tous les deux dans le canapé. Ce clic-clac ou Alex et moi avons fait l'amour pour la première fois, je m'en souviens comme si c'était hier et ça me bouleverse, je cache ma tête dans mains, laissant mon émotion se libérer.

- Je l'aime tellement... ça me détruit de lui faire ça dis-je d'une voix brisée

- Ça va aller...mon grand...tu sais que quoi que tu fasses il t'aimera toujours, n'en doute pas

- Je sais...mais quoi que je prenne comme décision, je vais blesser quelqu'un, en fait je n'ai jamais changé, je suis resté le même minable qu'avant...

- Ne dit pas des choses pareilles! Ce n'est pas vrai, tu es quelqu'un de très bien, des erreurs ont en fait tous et moi aussi j'en ai fait avec Alex...

- Les vôtres étaient bien insignifiantes... Je ne sais pas quoi faire...dis-je en relevant la tête vers elle.

- Bien sur que tu le sais mon garçon...tu le sais au plus profond de ton coeur dit-elle en prenant mon visage entre ses mains et en essuyant mes larmes. Ça va lui faire du mal, évidemment mais pour votre bien à tous, c'est la meilleure décision à prendre. Bon excuse-moi de te mettre à la porte mais il faut que j'aille bosser.

- Pas de souci, merci de m'avoir écouté, tu m'as beaucoup aidé Ellen dis-je en allant vers la porte.

- Je ne t'ai pas aidé, tu connaissais ton choix bien avant de me parler. Allez file dit-elle alors que je remonte dans mon véhicule.

Je refais le chemin en sens inverse mais au lieu de rentrer chez moi, je prends la direction du centre-ville ou se trouve les commerces, il est 8h40, je suis largement dans les temps. Au fur et à mesure que je me rapproche de ma destination, une boule de stress se fait ressentir dans mon ventre mais je ne vais pas reculer. Une fois garé devant le salon, je prends une profonde inspiration, sort de l'auto et pénètre dans la boutique. Elles sont en pleine séance maquillage et coiffure, et la robe est posée sur un fauteuil.

- Thibault?! Mais qu'est-ce que tu fais là?! Tu ne dois pas voir la mariée avant le mariage! s'insurge son amie Coralie

- Natacha, il faut que je te parle...

- Tu veux bien... nous laisser...s'il te plaît? demande-t-elle à sa copine.

L'intéressé part s'enfermer dans la salle de massage et ma fiancée me fait signe de m'assoir sur une chaise en face d'elle.

- Je crois savoir ce que tu vas me dire. 

- Non, je pense pas...

Elle se baisse pour attraper sa pochette- portefeuille, en sort quelque chose et me dit en me montrant ce qu'elle tient dans la main.

- Ça n'aurait pas un rapport avec ça?

Je tombe des nues en voyant une photo d'Alex et moi, très explicite, puisqu'il est assis sur mes jambes, face à moi, les bras autour de mon cou, ses lèvres contre les miennes. Comment a-t-elle pu avoir ce cliché...je suis pourtant sûr d'avoir mis tous nos souvenirs à l'abri.

Chapitre plutôt court mais j'espère qu'il vous aura plut ; )

Tu m'avais dit " Dans un an jour pour jour" ( Tome 2Alex/Thibault)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant