🌻Soixante-six🌻

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__ Cat es-tu prête?

Vicky toque à la porte de ma chambre, avant de l'ouvrir, pour passer sa tête par l'entrebâillement.

__ Oh Mon Dieu, s'exclame-t-elle sidérée en pénétrant entièrement dans la pièce.

__ Quoi? Quelque chose ne va pas? C'est cette robe hein? Le rouge ne me va pas? Elle est trop...sexy? Ou alors elle ne me convient pas du tout? Tu vois Vicky, tu aurais dû m'écouter, c'était un mauvais choix...

__ Mais non mon sucre, m'interrompt-elle en se plaçant derrière moi, tu es magnifique. Comment oses-tu encore douter de ton charme hein?

À travers le miroir qui nous fait face, j'aperçois l'éclat brillant dans ses yeux. On dirait qu'elle va se mettre à pleurer dans quelques secondes.

__ Vicky, rassure-moi, tu ne vas pas te mettre à pleurer hein, tenté-je de plaisanter en esquissant un faible sourire.

Elle prend une profonde inspiration, puis ses yeux croisent les miens dans le miroir.

__ Non ma chérie, c'est juste que...ta mère est fière de toi.

Je fais volte-face stupéfiée.

__ Co...comment ça? Tu...tu as parlé avec elle?

Elle acquiesce après un long moment, craignant ma réaction. Mon cœur se serre, et mes bras pendent le long de mon corps alors que je baisse la tête au sol, soudaine maussade. Ma mère...ça fait maintenant plus d'un an et demi que je ne lui ai plus reparlé. Elle m'avait interdit de chercher à prendre contact avec elle. Je sais que la culpabilité et la honte y sont pour quelque chose. Elle s'en voulait affreusement d'avoir été aveuglée par cet amour toxique qu'elle ressentait pour Marcus, et de m'avoir négligée. Je ne peux que lui donner raison. Néanmoins, malgré tout ça, malgré sa négligence, malgré le fait qu'elle m'ait littéralement lésée au profit de ce monstre sans cœur, elle me manque tout de même.

Son absence a toujours pesé dans mon quotidien, même si je ne laissais pas transparaître le fond de mes pensées. Après tout, j'avais vécu avec elle pendant seize années. Nos vies avaient toujours été rythmées par la survie, la peur et la soumission plus de son côté que du mien. Je peux compter sur le bout des doigts les moments d'allégresse que nous avons partagés en commun.

En gros, je n'ai pas nagé dans le bonheur, toutefois j'ai toujours vécu aux côtés de ma mère, alors le fait qu'elle se trouve en prison pèse énormément sur moi. J'ai eu pour habitude de faire comme si de rien n'était, cependant dans mon for intérieur c'est vraiment dur à supporter.

__ Mon sucre, ne pleure pas, chuchote Vicky en me prenant dans ses bras. Je suis désolée, je ne voulais pas te mettre dans un tel état.

Je renifle bruyamment et lève les yeux au ciel pour stopper la montée des larmes. Argh! Ce n'est pas le moment de geindre. C'est une soirée qui s'annonce spéciale. Toute la journée, j'ai été stressée et j'ai attendu que le soir arrive, alors il est hors de question que je gâche tout à cause des souvenirs mélodramatiques.

__ Ce n'est rien Vicky, la rassuré-je en me dégageant d'elle, et arrête d'afficher un air aussi abattu, sinon tu risques de me faire pleurer et mon maquillage sera un pur gâchis. Dois-je te rappeler que j'ai passé plus d'une demi-heure à me pomponner?


Elle réussit à sourire, et essuie les larmes sur mes joues d'un coup de pouce.

__ Tu es belle.

Je déteste t'aimer. (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant