Chapitre 40 : Échange de passés (2)

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Point de vue de Lola Garcia

Pourquoi a t-il fallu que j'accepte ? La prochaine, je vous en prie, rappelez moi de ne jamais faire un deal avec Adriano !

Bouleversée par ce qu'il vient de me raconter, c'est désormais à mon tour, sauf que je ne veux pas, je ne peux pas. Je n'y arriverai pas, je le sais. Je le sais parce qu'il va me détester et m'abandonner, et je ne veux pas qu'il le fasse. Même s'il vient de me promettre de ne pas me juger ou de me rejeter, je sais qu'il va le faire à cause de mon putain de passé. Personne n'est au courant, mis à part mes "parents" mais tout le monde s'enfuirait en courant si jamais ils apprenaient.

Mais si je perds Adriano, je vais perdre tout le monde autour de lui. Alcina, Romano...

Je ne veux pas. Ils sont devenus mes amis, ma "famille" si je peux dire ça comme ça après si peu de temps.

Mais Adriano lui, a eu le courage de m'avouer la vérité. Il a eu la force de me narrer son passé, son histoire avec son cousin, alors je dois faire la même chose, pour lui. Parce qu'il n'est pas n'importe qui pour moi. Il est quelqu'un d'important, quelqu'un avec qui j'ai passé des moments incroyables comme mauvais. Quelqu'un avec qui je me suis amusée, quelqu'un qui me rend joyeuse, heureuse. Quelqu'un pour qui j'éprouve quelque chose. Des sentiments ? Est-ce cela alors ? Des sentiments ?

Et bien je crois bien. mais est-ce réciproque ? En tout cas, jamais je ne pourrai le savoir car ce n'est certainement pas moi qui va faire le premier pas, qui va avouer mes sentiments. Si ce n'est pas le cas, alors, cela voudrait dire qu'il ne ressent rien pour moi, et que je ne suis qu'une simple idiote. Après tout, je l'aurai été tout le long de ma vie et le serai encore, cela ne fait aucun doute...

Dans tous les cas, je dois me lancer. Alors, je prends une grande respiration et commence sous le regard attentif d'Adriano :

_ Ça c'est passé un soir, après les cours, lorsque j'étais en terminal, au mois de novembre. Comme d'habitude, à peine rentrée que je devais cuisiner pour mes parents. Étrangement ce soir là, ils étaient absents, alors que ça ne leur arrive que rarement. Mais je ne me suis pas inquiétée pour eux, je ne me suis pas demandée où ils pourraient être et j'ai continué mon chemin pour aller dans la cuisine, après avoir déposé mes affaires dans ma chambre bien évidemment. Mes environs dix minutes plus tard, alors que j'avais sorti une planche à découper et un couteau pour couper les tomates, un homme m'a attaqué par derrière. Je ne sais pas qui c'était, ni comment il était entré, mais en attendant il était là, et ivre. Il m'a...

Je prend une grande inspiration alors que les larmes commencent à monter....

_ Il m'a étouffé avec son bras au tour de mon cou, alors, je  suis débattue encore et encore. Jusqu'à ce que je le mordre assez fortement pour qu'il me lâche. Mais il est revenu, malgré qu'il soit alcoolisé, il attaquait encore, il n'était pas fatigable. Alors je me suis battue avec lui, pendant quelques minutes, mais suffisamment longtemps pour que je me reçoive quelques coups. J'étais à terre et n'avais plus mon couteau et... et

Je pleure désormais toutes les larmes de mon corps. Je perds mon souffle, je sanglote et n'arrive plus à former une phrase correctement.

C'est pourquoi Adriano resserre sa prise sur mes hanches et me retourne pour que je puisse nicher ma tête dans son cou. Il caresse mes cheveux délicatement en me chuchotant des mots doux, des mots réconfortants.

_ Arrête toi Lola. Tu n'es pas obligée de continuer si ça te fait trop mal. Je ne veux pas que tu...

_ Non. Dis-je en l'arrêtant.

Même si cette histoire me fait mal, me fait souffrir, je dois continuer. Pour lui. Car lui l'a fait alors je dois le faire. Je dois me montrer courageuse, même si à cet instant, je dois être tout sauf courageuse...

_ Je dois continuer. Tu dois savoir toute la vérité.

Après quelques secondes qui me permettent de reprendre un petit peu mes esprits, je me  replonge dans mon récit :

_ Il s'apprêtait à me toucher. J'étais faible, innocente, il avait tous les moyens pour me faire du mal. Enfin, jusqu'à ce que je vois mon couteau au sol. Il était à ma portée, alors... je l'ai attrapé, lui tournant quelques secondes le dos, et lorsque je le tenais à pleine main, je me suis retournée vivement et j'ai planté mon couteau dans son thorax. C'était de la légitime défense, je n'avais pas le choix, il allait me violer et...

Je parle rapidement, trop rapidement. Je panique, essaie de lui comprendre que ce n'était pas de ma faute mais lorsque Adriano passe ses pousses sur mes joues pour essuyer mes larmes, je le regarde incompréhensive.

_ Je ne voulais pas le tuer, je ne voulais pas je te le jure ! Après qu'il s'est échoué sur le sol, j'ai tenté par tous les moyens de me racheter, je lui ai fait un massage cardiaque mais c'était déjà trop tard, il était mort et j'avais du sang sur mes mains...

C'est à ce moment là que mes parents ont décidé de rentrer. Dis-je la voix pleine d'amertume. Lorsqu'ils ont vu le désastre dans la cuisine, ils ont d'abord regardé l'homme que je venais de tuer, puis m'ont regardé droit dans les yeux. Mais j'ai aperçu de l'horreur et du mépris. Du dégoût. Ils étaient dégoûtés de moi et je pouvais le comprendre ! Je venais de tuer quelqu'un, bordel ! Je venais de tuer un homme innocent !

Je regarde partout autour de moi sans jamais regarder Adriano. J'ai peur de sa réaction, j'ai peur que lui aussi me rejette à son tour. Je reprends plus doucement avec tristesse et vide :

_ Ils se sont débarrassés du corps. Je ne sais pas comment ils ont fait pour que personne ne chercher à retrouver cet homme mais en attendant, ils ont réussi à nous éviter des ennuis, à m'éviter des ennuis. Tu penses que je devrais leur en être reconnaissante, et je le suis quelque part au fond mais, ils se sont mis à me faire du chantage. Si je ne faisais pas tous ce qu'ils voulaient, ils allaient me dénoncer à la police. C'est comme ça que je suis devenue esclave de mes parents. Je n'avais pas le choix sinon j'allais passer ma vie derrière les barreaux, je n'aurais eu plus aucune liberté et c'est ce qui m'est de plus cher alors, j'ai fait tous ce qu'ils voulaient... Lorsqu'ils me battaient, je ne disaient rien par peur de représailles. Et si je n'étais pas là à cet instant, je serai encore avec eux à leur obéir comme un petit chien...

Lorsque je m'arrête de parler, un lourd silence règne dans la pièce.

Je le savais, il va me rejeter. Il ne va pas tenir sa promesse... C'est pourquoi je reprends :

_ Si tu ne veux plus de moi, je comprendrai tu sais. Je...je pense que je vais aller faire mes bagages.

J'essaye alors de me retirer de ses bras mais étrangement, il ne me laisse pas partir. J'ose alors l'affronter du regard et l'interroge silencieusement.

_ Il est hors de question que je ne veuille pas de toi mia cara. Et je t'interdis formellement de faire tes valises, c'est clair ? Tu restes ici, avec moi Lola.

_ Je suis un monstre Adriano. J'ai tué un innocent et...

_ Et alors ? Moi aussi j'ai tué Lola, sauf que moi ce n'était pas pour de la légitime défense. Enfin pas tout le temps. Alors que toi si. Si tu ne l'aurais pas fait Lola, il t'aurait violer ! Tu imagines un peu les conséquences morales et physiques que tu aurais subi si tu ne l'avais pas fait ?

_ Oui mais...

_ Je ne veux pas de mais mia cara. Tu as eu raison de le faire et même si j'admets que c'est un acte grave, tu t'es juste défendue et si tu veux savoir, j'aurais fait exactement la même chose que toi. Je t'ai promis que jamais je ne te jugerai, que jamais je ne t'abandonnerai, et je compte bien tenir cette promesse et tu sais pourquoi ?

_ Non...

_ Parce que j'ai des sentiments pour toi... Mais surtout parce que je dois t'apprendre à te battre. Dit-il avec un immense sourire moqueur.

Je rigole et il me suit dans mon rire. Les larmes de tristesse ont laissé place aux larmes de joie. L'amertume s'est désistée pour laisser passer le bonheur.

C'est réciproque. Il a des sentiments pour moi. J'ai des sentiments pour lui. C'est ce que j'ai souhaité du plus profond de mon âme. Et mon vœu s'est enfin exaucé...

Rien que pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant