Chapitre 22 : Instant sensuel.

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Point de vue de Lola Garcia

Etalée sur le lit, en étoile de mer, je regarde attentivement le plafond, plongée dans mes pensées. Trois jours sont passés depuis l'attaque et je ne suis toujours pas sortie de ma chambre, non pas que je le veuille mais parce que j'en ai l'interdiction. Et oui, c'est bien là ma punition d'avoir essayé de m'enfuir de leurs griffes. Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé...

Demain prend fin ma punition, car la semaine s'achève. En revanche, je ne suis pas sûre de sortir toute seule, dans la maison après ce qu'il c'est passé. Une nouvelle fusillade peut avoir lieu à n'importe quel moment, même si au fond de moi je sais qu'il n'y en aura pas une nouvelle de sitôt, et pourtant, j'ai cette impression que cette histoire n'est pas finie et qu'il y aura remise. Je l'ai compris, après c'est trois jours passés, seule sur mon lit. Mis à part le matin où Alcina m'emmène mon plateau pour le petit-déjeuner et me fait mes cours d'italien - où d'ailleurs je n'ai toujours pas parlé et mis du mien pour apprendre la langue - je n'ai toujours pas arrêté de penser à ces hommes. Je sais qui ils sont, je sais pourquoi ils sont venus. Ils avaient le même air, physiquement parlant que les hommes grecs qui m'ont enlevé lorsque j'étais encore en France. Je suis sûre et certaine que ces hommes étaient grecs, et qu'ils venaient pour moi, pour me chercher et me ramener à ce Nikos Vasilis, en Grèce. Sinon, qui auraient-ils pu être ?

Je pense aussi au petit moment que j'ai passé avec Romano, il y a trois jours. Je ne pense que ce qu'il dit soit faux. Il ne ressemble pas à Adriano, il est plus gentil, plus à l'écoute. Je n'ai pas cette même appréhension d'être seule dans une pièce avec lui qu'avec Adriano. Je ne ressens pas non plus la même chose. Il m'a dit que jamais il ne me violenterait. Dois-je le croire sur parole ? Quelque part, au fond de moi, j'en ai envie, mais une autre partie de mon esprit me dicte de faire attention, de me méfier, et qu'il peut très bien me berner comme il peut berner n'importe qui.

Son toucher sur ma joue, puis sur mes lèvres... j'aurais juré voir son regard s'assombrir de désir. Et son geste, malgré qu'il m'a paru déplacé, m'a rendu toute pantelante, toute désireuse. Sa main sur ma joue et son pousse qui caressait mes lèvres d'une lenteur mortelle m'a fait ressentir des émotions que je ne devrais pas ressentir.

Me désire t-il ?

Non, non, c'est impossible. Il ne peut pas. Si je suis encore là, c'est pour une bonne raison. Sinon, Adriano m'aurait déjà jetée dans la rue. Si je suis là, encore enfermée dans ma chambre, c'est parce que l'un deux, Adriano ou Romano veut que je reste ici. Après, pour quoi faire, ça, c'est à savoir.

Mais si je leur dis qui ils sont et pourquoi ils sont venus, peut-être que par grâce, ils vont me laisser partir ? Je dois tenter l'expérience, je dois avoir une autre chance de pouvoir partir d'ici et de continuer ma vie là où elle s'est subitement arrêtée.

Je ne peux pas rester ici, avec Adriano ou avec Romano, peu importe. Je n'ai pas le droit de ressentir quelconque sentiments à leur égard surtout pour Romano. Je sais très bien que quelque chose cloche, dans leur manie de rester impérativement enfermée dans leur maison.

Je ne suis pas en sécurité à leurs côtés, malgré les dires de Romano, il ne serait pas toujours là quand j'aurais besoin de lui, si jamais cela arrive.

Alors il faut que je parte, et si ma chance est de leur faciliter la tâche pour éviter de découvrir qui ils sont et quel est leur mission, alors je dois le leur dire, impérativement.

Je me lève précipitamment de mon lit et me dirige à grande vitesse vers la porte. Je tourne la poignée dans tous les sens mais comme je m'en doutée elle est fermée. Je voudrais bien l'ouvrir comme je l'ai fait la dernière fois lors de la fusillade, avec une barrette à cheveux, mais ils ont changé la serrure et c'est impossible pour moi maintenant de l'ouvrir car je n'ai jamais appris à ouvrir une porte sur ce genre de serrure. Je tape donc le plat de ma main sur la porte en bois et pose mon front dessus, énervée.

Pourquoi ils sont si malins et intelligents, dîtes-moi ?

Inutile, je me retourne et m'approche de la fenêtre, les bras dans le dos. J'admire le paysage qui est en fait, une forêt. Sympathique.

Mais avant cette lugubre forêt qui m'a l'air immense, il y a les jardins, qui sont magnifiques. Je n'ai pas eu le temps de les observer jusque là, alors que ça fait maintenant pratiquement deux semaines que je suis ici, mais je peux dire que je me suis privée de quelque chose d'exceptionnel.

Celui qui s'occupe de tailler toutes ses haies, ses arbres, qui plante ses fleurs et forme ses formes, je lui dis chapeau. C'est vraiment sublime.

L'envie de prendre une douche, ou plutôt un bain, me prend soudainement alors je ne tarde pas plus et me hâte dans la salle de bain.

Je fais couler l'eau chaude et verse un petit flacon de gel douche à la lavande, mon odeur préférée. Très vite, la mousse et l'eau remplissent la baignoire alors, j'en profite pour me déshabiller et y rentrer.

Le temps passe sans que je ne m'en rende compte. C'est alors qu'une heure plus tard, je décide que ce petit moment de bonheur est fini et que je dois sortir. J'enroule une serviette autour de mes cheveux et une autour de mon corps, et je sors de la salle de bain, pensant qu'il n'y avait personne dans ma chambre.

Mais lorsque je vois Adriano assis sur mon lit en train de pianoter quelque chose sur son téléphone, je m'arrête immédiatement et sans m'en rendre compte, pousse un petit cri de surprise. Tout de suite je capte son attention car il décolle ses yeux de son téléphone pour me regarder.

Il est aussi ébahi que moi de cette situation car il ouvre grand la bouche et ses yeux parcourt mon corps en entier. Il referme subitement la bouche mais laisse son regard dévorer les parcelles de peau laissées à l'air libre. Un frisson me parcourt l'échine lorsque son regard se plante dans le mien. Il se lève sans me lâcher du regard et s'approche de moi, lentement comme ci il voulait me faire sa proie. Je recule, mais très vite, je suis bloquée entre son corps totalement et complètement musclé et le mur qui me fait barrage.

Je devrais le repousser, mais je ne le fais pas. Une part en moi me dis de laisser faire les choses, et que si elles se passent, c'est qu'elles devaient se passer.

Je tiens fermement ma serviette pour ne pas qu'elle s'échoue au sol et l'affronte du regard. Je le vois lever sa main et la placer au même endroit que celle de Romano l'autre fois. Je déglutis péniblement mais tiens bon. Il penche sa tête vers la mienne et colle son front au mien. Nos nez se touchent, nos lèvres se frôlent, mais rien ne se passe. Nous restons tout les deux immobiles à se regarder dans un silence plein.

Jusqu'à ce qu'il me vole mon premier baiser en posant délicatement ses lèvres sur les miennes...

Rien que pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant