Chapitre 15 « Oh Mékra c'est ta meuf ? »

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— C'qu'on a entendu... chuchota finalement Hakim.

Je hochai la tête, comprenant qu'il souhaitait que pas un mot de ce que nous venions de surprendre ne soit diffusé.

Je n'étais vraiment pas très à l'aise dans le noir.

— Ça va ? demanda-t-il toujours à voix basse.

Comme je ne répondais pas, il se pencha légèrement vers moi, sans doute pour mieux distinguer mon expression. Je ne voyais presque pas ses yeux, cachés par l'ombre de la visière de sa casquette.

Je devais me rendre à l'évidence, je ne le haïssais plus et sa présence me rassurait un peu.

Quelle horreur !

— Tu veux bouger ?

Quelque chose m'empêchait de parler, peut être était-ce le constat alarmant que je venais de faire.

— Maya ?

C'était la première fois que je l'entendais prononcer mon prénom. Très lentement je hochai la tête. Il parut rassuré de me voir réagir un peu.

— Tu veux bouger ? répéta-t-il.

Je me raclai la gorge.

— Hum euh... ouais, pour aller où ?

Hakim haussa les épaules et plia les lèvres, comme à son habitude.

— J'sais pas, j'peux pas conduire avec tout ce qu'on a picolé. Mais y doit y avoir encore des tromés, sinon on se pose quelque part.

Une question me turlupinait, je voulais la poser avant que nous partions.

— Je peux poser ma question avant ?

Nouveau haussement d'épaules.

— Pourquoi tu restes avec moi alors que tous tes potes sont à côté à faire la fête ?

Hakim se passa la main sur la barbe et se leva.

— J'peux te répondre dehors ?

J'acquiesçai et étonnamment, il me tendit la main pour m'aider à me redresser sur un pied. Quelques heures plus tôt je l'aurais ignoré, mais j'avais envie qu'il réponde à ma question, alors je la saisis.

Quand je fus suffisamment équilibrée il me lâcha et me tendit mes béquilles.

Je le remerciai d'un signe de tête et le suivit hors de la pièce. Ils avaient allumé des bougies et des lampes torches de portable. La soirée était passée en mode « avachie » ils avaient tous un peu l'air défoncés, une forte odeur de cannabis avait imprégné l'espace. Camille roulait des pelles dans un coin à un type chauve.

Et Lucie, je clignai plusieurs fois des yeux, Lucie était assise en travers sur les genoux de Framal, ils avaient l'air d'être dans une conversation des plus passionnantes. Le rappeur jouait négligemment avec ses doigts et elle n'avait pas l'air mal à l'aise pour deux sous.

Ah ben super.

Je cherchai Ken ou Clem des yeux pour les prévenir de mon départ mais ne les vis pas.

Hakim posa sa main sur mes reins et m'adressa un regard du genre « tant pis on s'arrache de là ».

J'adressai un petit signe à Lucie, qui me répondit par un large sourire, et suivis le Kabyle jusque dans la rue.

Nous nous dirigeâmes vers le métro. Je sortis mon pass et le rappeur fouilla ses poches à la recherche du sien.

— Nique sa mère je l'ai oublié. Descends au trom', j'prends un ticket, ces enculés contrôlent tout le temps la nuit.

FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant