Félins

Bonus #4

——Maya——

Je dormais tout le temps, littéralement.

Ce premier trimestre de grossesse était d'une violence... Les nausées du matin étaient telles qu'à peine sortie du lit, je mettais ma tête dans un seau, pendant qu'Hakim grognait.

Même Lucie était frappée par l'intensité de mes symptômes, elle et Idriss étaient les seuls au courant. Nous attendions Noël pour l'annoncer au reste de nos amis.

— Je vais mourir, murmurai-je en m'affalant sur le canapé après une crise de vomissements.

— Ouais, bah tu peux pas mourir aujourd'hui, on a rendez-vous pour l'échographie je te rappelle. 

Pitié non.

Je rabattis un plaid sur moi, me recouvrant le visage.

Deux secondes plus tard deux doigts se glissaient sous la couverture pour la soulever.

— Nam' arrête ton cirque.

— Facile à dire pour toi, t'as juste à me regarder vomir, grossir, et attendre que je m'ouvre comme un kinder surprise pour laisser sortir ton bébé.

Hakim sourit et embrassa mon front. J'étais de mauvaise foi, en réalité j'étais épouvantable à vivre et je le sentais souvent au bord de casser toute la maison tellement il se contenait pour ne pas m'étrangler.

— D'ailleurs tu grossis pas, je trouve même que tu maigris. Faut en parler au médecin, je crois pas que ce soit normal, fit-il.

C'était absolument normal, je rendais la plupart des aliments que je mangeais et mon appétit était toujours inférieur ou égal à zéro.

Épouvantable.

— Y'a pas moyen de faire avance rapide ? demandai-je, genre comme dans les sims, on fait passer le temps en dormant et hop ! Je me réveille dans neuf mois avec le bébé dans les bras !

Hakim leva les yeux au ciel, le pauvre, je lui sortais ce genre de phrases du soir au matin.
Ce qui était assez paradoxal, c'était qu'habituellement je ne me plaignais jamais. Même quand j'avais été handicapée des pieds à la tête, je faisais tout pour me battre toute seule et ne m'a être un poids.

Qui aurait cru qu'un minuscule être en devenir m'abatte à ce point.

— T'as déjà joué au Sims toi ? m'interrogea-t-il en me tendant la main pour m'aider à me lever.

— Ouais, Lucie y jouait surtout, et moi je la regardais construire ses maisons et ses familles. Elle m'avait même créé un sims, c'était la méchante qui insultait tout le monde et qui se battait. J'étais au maximum d'antipathie avec tous les autres sims.

Cette fois mon mari éclata de rire avant de me tendre mon manteau.

— Moi aussi j'avais un sims agressif, j'allais me battre avec tous ceux qui faisaient une carrière dans la police et je baisais leurs femmes.

Mes yeux s'écarquillèrent. Non pas pour ce qu'il faisait en en jouant au sims, mais tout simplement parce qu'il y jouait.