Chapitre 68 « On est là pour toi »

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——Hakim——

Maya ne regardait jamais avant de traverser.

C'était comme ça qu'elle avait débarqué dans ma vie, en manquant de passer sous les roues de ma BM.

Ce soir, c'était la BM d'un autre qui l'avait percutée de plein fouet.

Tout avait si bien commencé, j'avais trouvé le courage d'aller la voir dans sa loge pour lui demander de m'épouser. J'étais pas serein, je savais que c'était pas forcément le bon moment, mais j'avais pas envie d'attendre pour le lui dire parce que...

La vie ne tenait qu'à un fil.

Si je lui avais pas demandé ce soir, peut-être que je l'aurais regretté toute ma vie.

Et puis elle avait été nommée étoile, j'y connaissais rien en danse mais la meuf que j'avais vu sur scène, j'avais vraiment du mal à réaliser que c'était la mienne. Elle était tellement... insaisissable et en même temps elle accaparait l'attention de tous. On pouvait pas la lâcher du regard.

J'avais vu tous ces regards d'hommes braqués sur elle avec une sorte d'envie rêveuse, et je m'étais dit « Toi, t'es le seul qui sait qui elle est ».

Et puis j'avais pas pu m'empêcher d'espérer que pendant tout ce temps où elle dansait, elle pensait à moi.

Putain mais quel hmar, j'aurais du rester pour l'attendre à l'Opéra.

À l'instant où je l'avais vue se jeter sur la route, j'avais compris que cette soirée putain de parfaite virait au drame.

Et là, je me retrouvais à deux pas de ma meuf étendue sur le sol, elle venait de perdre connaissance et les pompiers lui foutaient des électrodes sur la poitrine et un masque sur le visage.

Elle pouvait pas mourir.

Pas à vingt-six ans, alors qu'elle venait à peine de découvrir que la vie pouvait être un minimum douce.

Le Mektoub s'acharnait littéralement sur elle, enfance de merde, adolescence pourrie, jeunesse foutue en l'air, et maintenant une possible mort débile.

Ce fils de pute s'était même pas arrêté.

Je sentis une paume sur mon épaule.

— Haks, ça va aller, me dit Ken, elle va s'en sortir.

C'était exactement ce que j'avais répété à Maya, pour me rassurer moi même. Mais au fond, qu'est-ce qu'on pouvait faire à part prier.

— Vous connaissez la victime, me demanda un pompier.

« Victime » comme si elle était déjà morte.

— C'est ma femme, répondis-je.

— Venez avec nous.

J'opinai aussitôt et après avoir filé mes clés de voiture à Ken, je suivis les pompiers.

— Hakim ! m'appela-t-il, Appelle quand vous êtes à l'hosto, on vous rejoint, je préviens les autres.

FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant