Chapitre 19 « Elle est belle la jeunesse ! »

18.5K 843 104
                                    

Être irrésistible, c'était une question de mesure, d'attitude. En dévoiler suffisamment pour attirer le regard, mais ne pas perdre une part de mystère, créer une envie d'en découvrir plus. Je connaissais les atouts de mon corps de danseuse, un dos énergique, des jambes galbées et une taille marquée. Ce soir, j'avais décidé de mettre chacun d'entre eux en valeur. Malheureusement, mon attelle m'empêchait d'avoir l'air véritablement sexy en robe. J'optais donc pour une combinaison noire, ultra échancrée dans le dos. À défaut de montrer mes jambes...

Mon principal atout physique, ce n'était pas mon corps, c'était mes yeux. Pas un jour ne passait sans que quelqu'un me fixe avec intensité ou me fasse une remarque sur mes iris d'un bleu polaire, presque transparent. Le contraste était d'autant plus frappant que ma peau était plutôt hâlée et mes cheveux bruns.

« T'as des yeux de husky » m'avait sorti une fois Lucie.

Une chose était sûre, c'est qu'un brin de maquillage doublait leur effet.

Ce soir, je me décidais à laisser mes béquilles, tant pis, mieux valait une démarche un peu boitillante que ces immondes cannes en métal.

Lorsque je retrouvais Lucie, celle-ci haussa les sourcils si haut qu'ils atteignaient presque la racine de ses cheveux.

— Eh ben, pour une fille qui ne voulait pas voir ces « connards de rappeurs », t'as mis le paquet.

Si elle savait quel plan machiavélique j'avais mis en place.

— Tu sais quelle est la plus grosse faiblesse des hommes, Lucie ?

Elle m'adressa un regard interrogateur.

— Leur virilité.

Mon amie leva les yeux au ciel, comprenant que j'avais une idée derrière la tête, puis commanda un taxi.

Devant la boîte, une espèce de gorille en rangers nous demanda nos noms. Mais avant que nous ayons eu le temps de répondre, une voix féminine nous héla.

— Maya ! Lucie !

Clémentine se tenait derrière le videur et nous faisait signe de la rejoindre.

— Excusez moi Monsieur, fit-elle, elles sont avec le S-Crew.

Sans plus de cérémonie, elle nous tira à l'intérieur sous le regard blasé du gros type.

— Vous êtes magnifiques, s'enthousiasma-t-elle, le concert est dans trente minutes, ils vont forcément commencer en retard. Ça ne durera pas très longtemps, après on se pose dans le carré et on pro... Oh putain.

La jeune femme venait de s'arrêter net, fixant quelqu'un dans la foule.

— Suivez moi, dit-elle d'une voix blanche, faut que je voie Ken.

Sans vraiment réfléchir, nous lui emboîtâmes le pas, elle s'enfonça dans un couloir et poussa une porte sur laquelle une feuille avait été scotchée avec la mention « $-CREW ».

Charmant spectacle qui s'offrit alors à nous, Ken et Idriss étaient torses nus en train de se battre par terre comme à la lutte, tandis que Théo, Hakim et Doums encourageaient l'un et l'autre en riant grassement.

FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant