Décembre 2019, Le Caire
Sauter le pas n'était pas chose facile quand cela faisait vingt-et-un ans que l'on n'avait pas vu son père. Mais désormais, je ne pouvais plus reculer. Nous avions traversé la Méditerranée et venions d'atterrir au Caire.
— Réveille-toi Tigrou, on y est.
Casquette sur le nez, capuche rabattue par dessus, Hakim dormait depuis que nous avions changé d'avion à Jeddah.
C'était Clem qui m'avait convaincu d'y aller, elle pensait que quoi qu'il arrive discuter avec mes parents une bonne fois pour toutes me permettrait d'aller de l'avant.
Haks grogna en s'étirant et je ne pus m'empêcher d'avoir envie de rire, quelle enclume.
— Horrible cet avion, sah j'ai mal partout.
— C'est toi qui a voulu le vol le moins cher espèce de crevard.
Il se leva en grommelant quelque chose sur le fait que le vols pour l'Algérie étaient bien moins cher.
— Articule quand tu parles, je comprends rien, dis-je en saisissant la main qu'il me tendait pour m'aider à me lever.
Haks se contenta de me répondre par un regard sombre. Il fallait dire qu'il me harcelait depuis des mois pour que je vienne avec lui en Algérie et qu'avec la prison, le départ de ma mère, l'accident, nous n'en avions pas encore eu l'occasion.
— Boude pas, c'est pas Tizi Ouzou, mais je pense que ça va te plaire quand même.
Comme il continuait de maugréer, je lâchai l'affaire, de toutes façons il était rarement aimable en se réveillant. Malgré tout, il m'aida à sortir de l'avion, j'étais encore très boitillante. Derrière nous des personnes râlaient en arabe en constatant que nous marchions à deux à l'heure.
Hakim se retourna pour leur adresser un regard assassin et j'eus envie de rire, il était mal barré s'il commençait à menacer tous les Égyptiens.
— C'est putain de moche l'arabe égyptien, l'entendis-je encore râler lorsque nous fûmes dans l'aéroport.
Mais quelle mauvaise foi ! J'étais absolument certaine qu'il n'en pensait pas un mot et que c'était simplement une façon pour lui d'exprimer sa frustration.
Les plaintes se poursuivirent pendant tout le temps où nous passions la douane, apparemment le douanier l'avait regardé de travers, puis au moment où nous récupérions nos valises parce que cet aéroport était « putain de mal foutu ». Il commençait à me fatiguer sérieusement.
Je découvrais pour la première fois le pays de mon père et j'aurais aimé être un peu soutenue ou du moins qu'il évite de critiquer absolument tout ce qui l'entourait. Je me promis mentalement de lui refaire le même sketch le jour où il m'emmènerait en Algérie.
Mais comme il continuait, je finis par réagir, vraiment agacée par son attitude.
— Je ne suis pas d'accord avec toi Tigrou, tout n'est pas absolument pourri ici, par exemple, je trouve que les Égyptiens sont quand même beaucoup plus beaux que les Algériens. Ils ont un charme incroyable, tu ne trouves pas ?
Il me jaugea quelques instants avec véhémence et puis je me fis avoir encore une fois à mon propre jeu.
— Ouais peut-être, par contre les Égyptiennes laisse tomber, je les toucherais même pas avec un bâton.
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Félins
FanfictionUn connard m'a renversée avec sa BMW. Ce qu'il ignorait, c'est que mon corps, c'est mon outil de travail. Je suis danseuse. Rien ne m'empêchera jamais d'être la meilleure. Et surtout pas un crétin de rappeur. Hakim & Maya (Tome 1 - Avide Tempêt...