Chapitre 8 « On y va ! »

17.8K 867 132
                                    

Cadeau du samedi soir
Chapitre surprise !
❤️

Par je ne sais quel miracle, le médecin avait dit que je pouvais danser.

Enfin si, je le savais. J'avais passé la nuit à chercher des moyens de dissimuler une articulation blessée sur internet. Je m'étais aperçue que j'étais loin d'être la seule à avoir besoin de ces techniques. Il y avait des forums entiers remplis de messages de sportifs, de mannequins et autres qui partageaient leur expérience dans le domaine.

On avait tous une bonne raison de vouloir dissimuler une blessure.

La mienne, c'était qu'à la fin de la semaine, si tout allait bien, je serais promue étoile devant le public de l'Opéra.

Il ne restait plus que cinq représentations, 10h de douleur, qu'est-ce que c'était en comparaison de ce que j'avais enduré jusqu'ici ? Qu'est-ce que cela représentait en comparaison de ce qui m'attendait ensuite ?

Si Léonore avait été nommée à 26 ans, je pouvais l'être à 25.

Les représentations s'enchaînaient, les unes après les autres. Dans les couloirs de l'Opéra, on commençait à murmurer mon nom. Le vent tournait en ma faveur je le sentais. Solange m'avait fait promettre de lui signaler tout changement concernant ma cheville.

Mais là, je ne pouvais que lui mentir, j'étais trop près du but. Je souffrais le martyr. À chaque pas, j'étouffais un gémissement. Et durant les représentations, je faisais passer mes larmes de douleur pour de l'émotion.

Lucie n'était pas dupe, elle savait très bien que je ne pleurais jamais, et surtout pas d'émotion. Elle s'inquiétait beaucoup pour moi, je le comprenais mais il ne restait plus qu'un soir.

Le soir.

C'était certain, rien ne serait plus jamais pareil à partir de maintenant.

Évidemment, ma mère n'allait pas venir. De toutes façons ce n'était pas pour elle que je le faisais. C'était pour celle qui m'avait élevée, pour celle qui avait été infiniment plus maternelle que ma propre mère. Pour celle qui aurait tout donné pour être là ce soir, si seulement elle était encore en vie.

Un pincement au cœur, je finis de me laisser maquiller, me concentrant sur mon rôle du soir. Je priai pour que ma cheville me donne ces deux heures de répit, j'étais sous anti-inflammatoires depuis une semaine mais la douleur devenait de plus en plus insoutenable.

Allez Maya !

Ce soir je prendrai ma revanche sur la vie. Une bonne fois pour toutes.

— Maya, on y va, me lança Lucie.

Je passais devant Claire en lui adressant un regard mauvais, nous réglerions nos comptes quand tout serait fini.

C'était parti pour la dernière représentation.

Jamais je n'avais eu aussi mal, jamais je n'avais aussi bien dansé. J'étais obligée de donner plus que ce que mon corps pouvait endurer, je devais puiser mon énergie dans une transcendance qui n'avait rien à voir avec ce que je faisais d'habitude.

À chaque pas, je me disais « C'est pour toi Babcia » . Et je voyais les yeux transparents de ma grand-mère lorsque je fermai les miens.

La scène de la démence de Giselle fut comme une sorte d'exutoire pour ma douleur physique.

Lorsque je m'effondrais dans la mort de Giselle, je sentis quelque chose se rompre dans mon pied et un cri de douleur m'échappa.

Et merde.

FélinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant