7.

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Je laisse Hervé et sa copine profiter du salon. Moi je vais sur mon lit pour bouquiner. Je ne les entends pas beaucoup parler, ils doivent passer leur temps à s'embrasser. Je ne suis pas réellement jaloux. Je sais que je ne pourrais pas être à la place de cette fille. Et il faut bien qu'Hervé s'amuse. Quand il entre dans la chambre il est déjà à moitié déshabillé, visiblement bien excité. Il tire le rideau.

– Tu veux que j'aille dans l'autre pièce ?

– Pas la peine.

Ça ne changerait pas grand-chose que j'aille dans le salon, les murs ne sont pas très épais. Il faudrait peut-être demander l'avis à la fille, elle ne veut pas forcément faire l'amour sachant qu'il y a un autre mec juste derrière un simple rideau. Pour leur intimité j'éteins quand même la lumière.


Ils entrent dans la chambre et se laissent tomber sur le lit. J'entends des bruits de baisers et les premiers gémissements. Il ne faut pas longtemps pour qu'Hervé ouvre le tiroir et cherche une capote. Ils ne se privent de rien, ils ont raison. J'entends les cris, les cochonneries qu'ils se disent, je vois des silhouettes remuer, Hervé a l'air de bien s'amuser. Ils se font plaisir pendant un moment qui me paraît assez long, parce que je ne participe pas. Et puis vient la jouissance. Celle de mon pote, je ne sais pas comment reconnaître les signes de l'orgasme féminin. Puis plus rien pendant quelques minutes avant d'entendre la fille qui se rhabille et Hervé qui la raccompagne à la porte de l'appartement.


Il revient, à poil, pour retirer le rideau.

– Pas trop gênante comme situation ?

– Non, c'est cool comme compromis.

– Tu t'es paluché pendant qu'on faisait l'amour ?

– Évidemment, c'était comme un porno sans les images.

– C'est sympa ça, quand l'un de nous prend son pied, l'autre se fait du bien aussi.

Je suis effectivement allé jusqu'au bout en les écoutant, surtout excité par la voix d'Hervé, évidemment. Je ramasse le mouchoir qui a servi à récupérer mon sperme pour aller le jeter dans les chiottes. Quand je reviens, Hervé dort déjà. Il a l'air heureux, c'est l'essentiel.


Comme prévu, c'est Hervé qui va profiter le plus souvent de notre accord, en fait ce n'est que lui. Sa conquête du soir s'en va, lui s'assoit sur le bord de mon lit.

– Qu'est-ce que tu fous, mec ? T'as encore ramené personne.

Je ne sais même pas quoi répondre, je n'ai pas préparé d'excuse.

– Si tu veux ramener un mec, y a aucun souci.

Je suis comme tétanisé. Pourquoi a-t-il prononcé cette phrase ? Est-il sincère ? Est-ce que c'est juste une provocation ?

– Je déconne !

Je souris, même si au fond de moi je suis déçu. Ce n'était qu'une blague, il n'a pas compris que pour moi c'est une question sérieuse à laquelle la réponse est oui : j'ai envie de ramener un mec, enfin il est déjà là en fait.


Il ne quitte pas le bord de mon lit. Je ne sais pas ce qu'il veut encore me dire. Des conversations comme ça en pleine nuit ne peuvent être que sérieuses.

– Je sais que t'es encore puceau, mais il va falloir faire le grand saut.

– C'est difficile.

– Plus tu attends plus ce sera compliqué. La fille qui vient de partir, elle est d'accord pour un plan à trois.

– Quoi ?

– Ça va, ne joue pas au pudique. Ce serait un bon moyen de franchir le pas, je serai là, à côté de toi.

Je ne veux pas qu'il soit à côté !

– Bien sûr, toi qui fais l'amour comme un dieu et moi qui n'ai aucune expérience, ça va vachement me simplifier l'existence.

– Je proposais juste comme ça, je te laisse réfléchir.

C'est tentant, en même temps nous n'avons pas la même vision de ce plan à trois. Moi j'imagine la fille en tant que spectatrice, lui voudrait que je fasse l'amour à une meuf. Je peux jouer la comédie jusqu'à un certain point, il y a quand même une limite que je ne me sens pas de taille à franchir.

– Qu'est-ce que tu as, Hervé ?

– Je sais pas trop, je me sens pas bien.

Je lui touche le front.

– T'es brûlant !

– Ça va passer.

– Faudra aller voir le médecin demain.

– Ouais, ouais.

Je le tire vers moi pour qu'il s'allonge sur mon lit. Je ne vais pas le laisser dans cet état, je veux le surveiller de près. Il se colle contre moi, il a besoin de contact. J'aime l'avoir contre mon corps, que nos sexes se touchent, sans que ça ne choque aucun de nous. J'aime ce que nous partageons. Définitivement, je l'aime.


Amitié amélioréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant