9.

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Nous avons quand même dû patienter près d'une heure avant que ce ne soit au tour d'Hervé.

– Tu viens ?

Euh, je ne pensais pas l'accompagner dans le cabinet du médecin. Selon moi c'est quelque chose qui ne se fait pas, la consultation est confidentielle. Mais le docteur ne semble pas plus étonné que cela.

– C'est gentil d'accompagner votre frère.

Aucun de nous deux ne corrige le médecin. Sans doute que c'est acceptable que j'assiste à la consultation si je suis de la famille du patient. Si nous révélions que nous ne sommes qu'amis, je n'aurais pas le droit d'entrer.


Je m'installe et j'observe le déroulement de l'examen. Hervé est torse nu sur la table d'auscultation. Rien d'inhabituel, il doit inspirer et expirer profondément. Ensuite il faut qu'il tousse, ouvre grand la bouche, avant que le médecin ne prenne sa température et sa tension.

– Aucun doute, vous avez attrapé la grippe.

– Ce n'est pas vraiment la saison !

– Il y a des pics pour l'épidémie mais on peut contracter la grippe à n'importe quel moment de l'année.

Il prescrit une bonne dose de médicaments. Nous allons encore devoir passer à la pharmacie avant de retourner à l'appartement.


Là, il faut qu'Hervé aille d'urgence se recoucher. Cette sortie n'a fait que l'affaiblir, même si c'était indispensable.

– Il vaut peut-être mieux que tu ne restes pas trop avec moi, je risque de te contaminer.

– Il est hors de question que je te laisse seul.

– Mais, tu dois aller en cours.

– Je peux louper une journée pour m'occuper de toi.

Je relis l'ordonnance et aussi la notice de chaque médicament avant de donner ce qu'il faut à mon malade.

– T'es trop gentil avec moi, Sébastien.

– Ne raconte pas de bêtises. Allonge-toi.

Je le regarde s'endormir avant de sortir discrètement de la chambre pour m'installer au salon.


Pendant plusieurs heures, je bosse mes cours. Il y a de nombreux livres à lire et à étudier, je ne peux pas me permettre de perdre du temps. Sauf que le malade dort profondément quatre heures après la prise des médicaments et je commence à tourner en rond. Alors, avec mon smartphone je surfe, à la recherche d'applications à télécharger. Il est temps que je passe à la vitesse supérieure. J'ai l'air tellement désespéré que mon meilleur pote m'a proposé un plan à trois pour enfin m'initier aux joies du sexe. Ce n'est pas exactement ce que je veux. Jusque-là, ce qui m'a retenu de rencontrer d'autres mecs, ce sont les sentiments que j'éprouve pour Hervé. Mais je ne peux pas continuer à attendre indéfiniment, il faut que j'agisse. Et puis, les applications de rencontres sont réputées pour ne déboucher que sur des plans cul, c'est tout ce qu'il me faut pour l'instant.


Dans l'idéal j'aimerais qu'Hervé soit ma première expérience, que je découvre tout avec lui. Sauf que ce fantasme ne se réalisera probablement jamais. Alors je consulte les profils. Il y a quand même pas mal de mecs en demande autour de chez nous. C'est dangereux la géolocalisation, je ne surfe que depuis une demi-heure et j'aurais déjà pu avoir une dizaine d'occasions d'être dépucelé à seulement cinq minutes à pied de l'appartement ! Je résiste à la tentation parce que je ne veux pas laisser Hervé seul, la priorité est de veiller sur lui. Je n'ai pas envie qu'il se réveille alors que je ne suis pas là.

– Sébastien !


Je me précipite dans la chambre. Le malade n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux. Je le porte jusqu'à la salle de bain pour qu'il puisse aller aux toilettes. Étant donné ce qu'il a à faire, je lui laisse quand même son intimité, attendant qu'il me rappelle pour le soutenir jusqu'au lit. Là je lui redonne une dose de médicaments pour soulager sa peine.

– Ça fait plus de vingt-quatre heures.

Je regarde entre ses jambes. Il a de la fièvre, des douleurs dans tout le corps et pourtant sa libido s'exprime encore.

– Tu peux t'en occuper ?

Je m'approche.

– À la main !

Dommage. Je suis là, à m'occuper de son érection. Il n'a pas de réaction spéciale. Il a l'air d'apprécier, sans plus. Mais il est malade avant tout, ce que je fais est simplement pour l'hygiène. Je l'accompagne jusqu'au bout avant d'essuyer ce qui est sorti.

– Merci, mec.

Le sourire aux lèvres, il se tourne sur le côté et s'endort à nouveau. Encore une fois, nous allons beaucoup plus loin que ce que la plupart des couples acceptent de partager. Nous formerions un duo parfait, nous sommes faits l'un pour l'autre. Malheureusement je suis le seul à la réaliser...


Amitié amélioréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant