Je reviens dans mon appartement. Hervé est assis à son bureau, il bosse ses cours. J'ai un peu de mal à être naturel. Je viens d'imaginer que nous avons fait des folies, j'y ai presque cru.
– Alors, c'était bien ce rencard ?
– C'était pas un rencard. Le mec est sympa.
– Tu veux regarder un porno ?
– Euh, pas tout de suite. Je vais me laver.
Je ressors de la salle de bain, avec juste une serviette autour de la taille. Étrangement, Hervé est assis sur le canapé. Il me fait signe de venir à côté de lui.
– Tu reviens d'un rendez-vous avec un mec, tu refuses un porno et tu vas te doucher. Il s'est passé quoi ?
– Rien, on a juste bu un verre.
– Arrête de me mentir, Sébastien. Je te rappelle que je suis un homme aussi, je sais reconnaître un mâle qui vient d'avoir une relation sexuelle.
Je baisse la tête. J'ai honte devant mon meilleur ami. C'est avec lui que la situation devrait être la plus facile, on se connaît par cœur. Je n'ai pas honte de ce que je viens de faire, mais plutôt d'avoir caché mes véritables penchants à celui à qui je dis normalement tout.
– J'ai l'air con, moi je te propose un plan à trois avec une fille alors que tu préfères les mecs.
– Ça n'a pas l'air de te déranger ou de te choquer.
– Évidemment que non. Je suis un peu vexé que tu ne m'aies rien dit, mais sinon je m'en fiche que tu te tapes des meufs ou des mecs.
Il parle toujours sans détour, c'est parfois brutal mais au final je préfère les personnes franches, qui ne tournent pas autour du pot comme j'ai tendance à le faire.
Je suis soulagé que nous ayons eu cette petite discussion, même si ça ne résout pas tout. Il y a tellement longtemps que je voulais lui dire ce que je suis vraiment. Soudain, je ne comprends plus pourquoi je me suis caché pendant toutes ces années. J'avais peur de sa réaction et finalement il ne se passe rien de spécial. Ou alors je suis naïf.
– Je peux continuer à me balader à poil devant toi ?
– Évidemment, Hervé.
– Ça t'excite de me voir nu ?
Je n'ai pas vraiment envie de répondre. La journée a déjà été assez chargée en événements, je voudrais bien juste m'isoler et me reposer. Sauf que je ne peux pas éluder la question.
– Toi c'est pas pareil. On se connaît tellement bien que je te considère comme mon frangin.
– Donc la vue de mon corps ne provoque rien chez toi.
– Je n'ai pas tout à fait dit ça. T'es un beau mec, bien foutu, évidemment que j'adore te voir nu.
– L'autre nuit, au camping, quand tu t'es occupé de moi, tu n'étais pas totalement ivre, tu savais ce que tu faisais.
– J'étais bien bourré, donc certaines barrières sont tombées. Mais je ne le referai plus, on est potes.
Il ne dit rien pendant un moment. Un silence qui ne manque pas de faire monter une certaine anxiété. Il réfléchit, je ne sais pas ce qui va en ressortir. Pour l'instant tout se passe bien, mais la suite risque de ne pas me plaire.
– Tu ne le referas plus parce que tu n'en as pas envie ou parce que ça ne se fait pas ?
– Je ne comprends pas.
– Tu en as envie ?
Il pose ma main sur son entrejambe.
– J'ai bien aimé m'en occuper.
Il déboutonne son jeans.
– Moi aussi j'ai adoré. Ce serait cool que tu t'en occupes de temps en temps.
– Quoi ?
– Ça va, on est entre potes. Je ne te force à rien, évidemment, mais tu m'as procuré un sacré orgasme sous la tente. Si tu as toujours envie de me faire plaisir, moi je ne suis pas contre.
– Et ça ne te dérange pas ?
– Tant qu'on ne va pas plus loin et que ça reste entre nous, je ne vois pas le mal.
Il est en boxer devant moi. Pour ma part je ne peux pas cacher mon excitation, une simple serviette de bain ne suffit pas à masquer la réaction de mon sexe. Nous sommes à un point crucial de notre amitié. Je ne sais pas quelle serait sa réaction si, à cet instant, je refusais de lui faire plaisir. Mais si je fais ce qu'il demande alors que nous n'avons plus l'excuse de l'ivresse, nous allons basculer dans une toute nouvelle forme d'amitié. Il attend et je n'arrive pas à me décider. Pourquoi j'hésite ?