Nous sommes la veille de Noël. Hervé frappe à ma porte. Je suis surpris de le voir, surtout à cette période de l'année. Il devrait être en famille ! J'ouvre, il est venu avec deux valises. Son regard, je ne l'aime pas. J'y vois de la colère mêlée à de la tristesse.
– Entre.
Sans rien dire il dépose ses affaires dans le salon et s'installe sur le canapé. Non pas pour nos activités habituelles, mais pour discuter. J'apporte deux verres de vin, je crois que la situation prête plus à cet alcool qu'à la bière.
– Tu vas me dire ce qui se passe ?
– Ma femme me trompe.
– Quoi ?
– Ce matin elle est partie faire les courses pour préparer le repas de Noël. Elle a oublié son téléphone. Elle a reçu un appel et j'ai décroché. Le mec a l'autre bout a commencé par : « Salut ma cochonne ».
– Merde.
– Elle n'a pas nié. Elle me trompe depuis six mois.
Je passe mon bras autour de ses épaules. Il ouvre les vannes et se met à pleurer.
– Je suis désolé.
– Je ne me doutais de rien. Je pensais qu'on vivait une belle histoire, que notre mariage était une réussite, et elle, elle va voir ailleurs.
– Tu as quitté la maison.
– Je ne peux plus la regarder en face.
Je pense surtout à son gamin, il va passer Noël sans son père !
– Je peux rester ici ?
– Bien sûr, autant que tu veux.
De mon côté, j'ai annulé ce que j'avais de prévu pour les fêtes, je veux rester avec Hervé, il a besoin de moi. Et finalement, je n'aurais pas pu rêver d'un plus beau Noël.
Nous avons rapidement repris nos anciennes habitudes. Pas de gêne entre nous, nous restons à poil en permanence. Avec le chauffage poussé à fond, puisque nous sommes quand même en hiver.
– Je devrais me trouver un appartement.
– Tu prends le temps qu'il te faut.
– Tu as peut-être envie de retrouver ton lit.
– J'aime bien le partager avec toi.
Il arrête de manger pour me regarder droit dans les yeux.
– Tu es toujours amoureux de moi ?
– Je n'ai jamais cessé de l'être.
Inutile de continuer à mentir. J'ai l'impression de profiter de la situation, il est affaibli par l'histoire avec sa femme, mais j'en ai assez de cacher mes sentiments.
– C'est pour ça que tu es célibataire ?
– Je n'arrive pas à éprouver pour un autre ce que je ressens pour toi.
– Et tu espères toujours qu'il se passera quelque chose entre nous.
– Je sais, c'est idiot.
– Attends, je vérifie un truc.
Il se lève et me dépose un baiser sur la bouche.
– Qu'est-ce que tu fous ?
– Tais-toi et continuons.
Nous nous embrassons un long moment.
Il me prend par la main et m'amène à la chambre.
– Je ne veux pas que tu te sentes obligé...
– Tu as toujours été là pour moi. Personne ne me connaît aussi bien, personne ne m'a autant soutenu. Tu as toujours été un peu plus qu'un ami.
Nous nous allongeons sur le lit.
– Dis-moi que tu as quand même fait des choses depuis tout ce temps.
– Oui, avec des mecs qui acceptaient que je prononce ton nom pendant l'acte.
– Vraiment ? T'es totalement accro. Qu'est-ce que tu veux de moi ?
– Laisse-toi faire.
– Tu veux dire que tu vas...
– Oui, je te veux complètement, être en toi, avoir ton corps entièrement.
– Je suis à toi, Sébastien.
