35.

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Les cours se passent plutôt bien. Je suis assez fier de moi, je ne croyais pas pouvoir enseigner le français avec tellement d'efficacité ! Enfin, je ne suis pas le seul à féliciter.

– Tu es incroyable, Andrew. Tu mémorises les règles avec une telle facilité !

– Je veux m'intégrer, je n'ai que quelques semaines pour réussir à tenir une conversation en français.

– Et comme disais tes parents, quand tu as quelque chose en tête...

Il se contente de sourire.

– Bien, qu'est-ce que tu veux étudier maintenant ?

Nous fonctionnons par type de sujet : le vocabulaire lié à la nourriture, au sport, aux mathématiques, aux transports en commun ou comment se débrouiller dans un magasin.

– On a déjà vu pas mal de choses, il manque quand même un truc.

– Dis-moi, c'est toi qui décides.

– Il faudrait m'apprendre à, euh, draguer.

Il n'ose pas me regarder dans les yeux en formulant cette requête. J'aurais dû y penser, évidemment que je dois aussi lui enseigner le vocabulaire à employer dans ce domaine.


Au bout de seulement quelques minutes, je vois que mon élève n'est plus concentré.

– Ce sujet te gêne ?

– Non, c'est juste que... on fait comme si je draguais des filles.

Je ne suis pas né d'hier, j'ai compris tout de suite sa véritable orientation sexuelle. Je ne voulais pas le mettre mal à l'aise et lui demander directement. Je change immédiatement la teneur du cours.

– Tu es très beau, Andrew.

– Toi aussi, tu es joli.

Il est tellement mignon son petit accent, dommage qu'on ne puisse pas réellement le retranscrire.

– J'adore passer du temps avec toi.

– Tu as déjà eu des aventures ?

Waouh, il arrive à me surprendre. Là encore j'aurais dû mieux cerner le personnage, je viens de tomber dans une sorte de piège, il avait préparé son coup, il sait parfaitement sur quel terrain il veut m'emmener.

– Il y a très longtemps, mais aujourd'hui je suis célibataire.

– Un homme aussi beau !

– C'est une longue histoire.

– Il faut me la raconter, pour améliorer mon français.


Il est malin et il arrive à ses fins. Pendant plus de deux heures, sans interruption, je lui raconte ma vie ! Il est subjugué par mon histoire avec Hervé. Il semble tout comprendre, on va dire que l'amour est un sujet universel !

– Tu es tellement parfait, je me demande comment il a pu résister.

– C'est gentil. Mais toi aussi tu es mignon, tu as laissé un petit copain derrière toi aux États-Unis ?

– Non, personne.

– J'ai du mal à le croire. Qu'est-ce que tu as, pourquoi tu me regardes de cette façon ?

– Tes yeux, ils sont magnifiques.

– Euh, merci.

– Et ta voix est si douce.

Il pose une main sur ma cuisse et commence à la caresser doucement. Je devrais le stopper immédiatement, je suis le professeur et lui n'est même pas majeur.

– Personne ne devrait te faire du mal. Tu es parfait.

– Andrew, je crois que nous allons trop loin.

– Laisse-toi faire, je sais que tu en as envie.

Mince, il maîtrise super bien notre langue. Soit il faisait semblant pour avoir un professeur particulier, soit j'ai raté ma vocation et j'aurais dû être prof de français.

– Tu as l'air musclé.

Sa main se pose sur mon torse.

– Tu fais du sport ?

– Euh, oui.

La situation est ridicule. Je suis celui qui perd pied, qui est déstabilisé, alors que le gamin montre une assurance incroyable. À se demander qui est l'adulte.

– Tu me fais envie.

Il déboutonne lentement ma chemise. Pourquoi est-ce que je ne bouge pas ? Il faut que ça s'arrête !

– Tu peux dire stop quand tu veux.

Pas un son ne sort de ma bouche...

Amitié amélioréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant