Après ce cours, j'ai besoin de m'aérer l'esprit. Je me rends dans le parc qui n'est pas loin de chez moi. J'aime y marcher quand il faut que je réfléchisse. Ce que je viens de faire n'est pas très glorieux. Andrew n'est même pas majeur et je l'ai utilisé pour réaliser mon fantasme ultime, que je n'ai jamais pu oublier. Je me suis servi de lui. Sur le moment j'ai vraiment eu l'impression de faire l'amour avec Hervé, mais ce n'était pas tout à fait pareil, personne ne le remplacera.
– Salut.
Hervé ! Il est là, assis sur un banc, apparemment seul.
– Comment tu vas, Sébastien ?
– Euh, bien et toi ?
– Je surveille mon gamin, il faut l'amener jouer de temps en temps. Il est là-bas.
Je regarde à peine. Je viens m'asseoir à côté de lui.
– J'ai souvent eu envie de t'appeler.
– Moi aussi.
Je ne trouve pas les mots. Je voudrais lui dire tellement de choses, je me suis préparé si souvent à cette conversation. Et maintenant, je le regarde et rien ne sort.
– Qu'est-ce que tu deviens ?
– Je suis prof de philo. Je donne aussi des cours à domicile, pour des élèves étrangers.
– Sympa, tu as toujours aimé prendre soin des autres.
Après ce que je viens de faire avec mon élève, je ne suis pas sûr que ce que je fais, de manière générale, est totalement désintéressé.
– Tu continues le sport ?
– Je coache une équipe de basket.
– Vraiment ?
– Merci d'être aussi surpris ! Je me suis investi à fond dans le basket après, enfin... il fallait que je me change les idées. Et finalement, je suis assez bon.
– Qu'est devenu Florent ?
– On a rompu, depuis je suis célibataire.
– Désolé.
– Non, il faut certainement que j'attende le bon, celui qui me fera vibrer, celui qui me fera oublier...
– Moi.
Il me sourit en disant cela, il est toujours aussi mignon.
– Tu peux le dire, tu sais. Je n'ai pas toujours été sympa, mais j'ai compris ce que tu ressentais à l'époque. Et je m'en veux un peu de ne pas t'avoir tout donné.
– Nous avons déjà fait pas mal de choses, plus que ce que deux amis partagent généralement.
– Et c'était de bonnes expériences, je ne regrette rien.
Ces mots me font du bien.
– Entre mon boulot et ma petite famille, je ne fais plus trop de sport. Mais s'il y a de la place dans ton équipe, j'aimerais bien l'intégrer, il est temps que je m'y remette.
– Avec plaisir, il y a toujours de la place pour toi.
Et puis, nous sommes restés là, assis côte à côte, à regarder les enfants jouer. Je ne pensais pas qu'il serait si difficile de se parler, mais nos vies ont bien changé et nous ne sommes sans doute plus sur la même longueur d'onde.
– En tout cas, ça m'a fait plaisir de te revoir.
– Moi aussi.
– Tu m'appelles à la rentrée, quand les entraînements recommencent ?
– Je n'y manquerai pas.
Je l'ai regardé s'éloigner, tenant son fils pas la main. J'aurais dû me dire qu'il n'y avait plus aucun espoir. Il a désormais une vie ailleurs, avec sa famille. Je ne l'aurai jamais pour moi tout seul, je dois m'y faire. Et pourtant, dès que le vois, je suis un autre, mon cœur bat plus fort, mon esprit s'embrouille. Est-il possible que ce soit le bon ? Et dans ce cas, est-ce que je suis condamné à rester seul toute mon existence ? Les sentiments sont cruels, et dans mon cas ils se sont surpassés !