39.

4.3K 153 8
                                    

Nous sommes assis sur le canapé. Tout n'est pas encore redevenu naturel entre nous. Je ne pensais pas qu'après avoir été aussi proche avec quelqu'un il faudrait tellement de temps pour se sentir à nouveau à l'aise.

– C'est la première fois qu'on reste habillés si longtemps.

Comme c'était le cas avant, je laisse Hervé prendre les initiatives. Je ne voudrais pas commettre de faute, aller trop vite ou trop loin.

– On dirait que monsieur a des envies.

– Ne tournons pas autour du pot, matons un porno ensemble.

Il n'en fallait plus pour qu'on se déshabille en moins d'une minute.

– Voilà, ça c'est mon pote !

Et comme à l'époque, nous avons commencé à regarder un film pornographique, en s'occupant chacun de son plaisir.


À ce moment je suis à la fois heureux et troublé. Heureux de retrouver mon pote, troublé par cette situation qui fait remonter tellement de souvenirs.

– Ce genre de chose, je ne peux pas le faire avec mes nouveaux potes.

– Tu as tenté ?

– J'ai tâté le terrain, mais je n'ai vu aucune ouverture. Et je n'ose pas leur proposer directement.

– Tu serais devenu timide ?

– Le problème c'est qu'ils connaissent bien ma femme. Si je leur propose et qu'ils disent non, ils sont capables de tout raconter.

Alors qu'avec moi, il est en confiance.

– Vous faites souvent l'amour avec ta femme ?

– À peu près une fois par semaine. Enfin, il y a des périodes d'abstinence plus longues.

– Te connaissant, ce n'est largement pas suffisant.

– Non, alors je vais souvent m'enfermer aux chiottes pour me soulager. C'est assez ironique, quand j'étais ado je pouvais me masturber librement et maintenant que je suis marié je dois me cacher. Normalement c'est l'inverse.

– Tu viens chez moi quand tu veux.

– Je savais que tu dirais ça, t'es un vrai pote.

L'espace d'un instant, qui a tout de même duré une bonne heure, nous avons retrouvé notre complicité d'autrefois. Et j'imagine qu'Hervé va souvent revenir, il semble en avoir besoin.

– C'était cool, comme toujours.

Voilà ce qui change. À une époque, une fois soulagés nous restions nus, ensemble, dans le même appartement. Là il se rhabille, après s'être nettoyé un peu, pour repartir vers sa famille.

– Tu n'as pas mauvaise conscience ?

– Étrangement pas du tout. De toute façon je me paluche chaque jour, autant que ce soit librement, avec un pote, qu'enfermé aux toilettes.

Je comprends qu'il pose les limites. Désormais nous sommes simplement des potes de branle, il n'y a pas d'ouverture pour aller plus loin.


Ce qui finalement me convient quand même. J'aime retrouver cette forme de complicité totale avec mon meilleur ami. Car même s'il y a eu un passage à vide, je le considère toujours comme tel. Nous nous voyons donc lors de l'entraînement de basket et de plus en plus souvent en dehors, pour une bonne séance de masturbation. Ce n'est pas ce genre de chose qui va me donner envie d'aller voir ailleurs, pourtant je sais que je devrais me forcer à me détacher de cette relation, pour trouver l'amour dans les bras d'un homme qui ne serait qu'à moi et avec lequel je pourrais construire une relation solide, qui va quelque part...

Amitié amélioréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant