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Jeudi 11 février

06h50

Clairement, je n'en peux plus. Ça va faire bientôt 8h que je ne sais pas si Saúl est en vie ou non. Si ça se trouve, il est mort depuis quelques heures et moi je suis assise, dans cette salle, où il n'y a que Antoine, Pilar et moi, à attendre son retour comme toutes femmes aimante le ferait pour son conjoint. Mais j'en ai plus que marre d'attendre. Surtout que Amaia à finit sa garde. Donc je n'ai plus personne à qui demander des nouvelles.

Je me lève de mon siège sous le regard fatigué d'Antoine et de Pilar. J'enfile mon manteau et cherche un paquet dans mon sac. Je sors une cigarette de ce paquet avant de refermer mon sac. Antoine me fait les gros yeux. Pilar ne dit rien et me regarde faire. Je prends mon portable et dis à Antoine de me prévenir s'il y a du nouveau. Je sors de la salle et me dirige dehors. Il fait un froid de canard. Je ressers mon manteau sur moi et allume ma cigarette. Dire que ça me détend serait mentir et me ferait passer pour une addict à la nicotine mais ça me rassure légèrement.

Je suis de retour dans la salle. Antoine et Pilar sont en train de boire un café. Je m'approche de la machine et me paye aussi un énième café. Ça doit être au moins mon douzième café de la soirée. Je retourne m'assoir à côté d'Antoine et pose ma tête sur son épaule. Il caresse ma tête avec sa main libre. Je sais que lui aussi en a marre mais il reste là pour moi. Je suis tellement reconnaissante envers lui.

J'aperçois un médecin vêtu d'une blouse de chirurgien s'approcher de nous. Je me redresse tout comme Antoine et Pilar. Il arrive dans la salle et demande :
-« La famille de Saúl Ñiguez ! »
Nous nous levons et nous approchons de lui.
-« Vous avez des nouvelles ? » demande Pilar inquiète.
-« Oui. Je suis le docteur Rodríguez. C'est moi qui me suis occupé de l'opération de Saúl. L'opération s'est bien déroulé dans l'ensemble même si nous avons eu quelques complications mais nous avons réussi à les stopper à temps. » je lâche un soupir de soulagement. « Il vient à peine de se réveiller. Je suis directement venu vous prévenir. »
Mes yeux s'embuent automatiquement de larmes. Mes jambes commencent à trembler. Antoine le remarque et passe son bras autour de ma taille pour m'empêcher de tomber. Je vois du coin de l'œil Antoine écrire un message, sûrement à Simeone pour le prévenir de la nouvelle.
-« On...on peut le voir ? » je demande au médecin en essayant de retenir mes larmes.
-« Oui bien sûr. Suivez-moi je vais vous diriger jusqu'à sa chambre. »
-« Je vais rester ici attendre Simeone. » nous informe Antoine avant de m'embrasser sur le front.

Pilar et moi arrivons devant la chambre de Saúl. Le docteur Rodríguez nous informe :
-« Par contre, je vous demanderais d'y aller une par une. Il est très fatigué donc allez-y doucement. »
-« Merci docteur. Merci pour tout. » remercie Pilar.
Il s'en va à d'autres occupations. Je fais signe à Pilar d'y aller en première. Elle me sert dans ses bras et me dit qu'elle se dépêche.

(Pdv Saúl)

J'ouvre les yeux. Je me retrouve dans une chambre toute blanche. Un bruit de machine me donne mal à la tête. C'est une machine pour le cœur. Je comprends que je me retrouve à l'hôpital. Et d'un coup, la soirée d'hier me revient. Le match. Le coup dans le dos. Clara dans le camion de pompier. Puis après plus rien. C'est le trou noir.

J'essaye de me mettre assis mais une douleur insupportable provenant du bas du dos me prend. Je me retiens de crier tellement la douleur est horrible. Je sers mes poings pour essayer d'enlever la douleur, sauf qu'une petite douleur me lance depuis ma main gauche. Je vois une perfusion mise à ma main. Je détourne aussitôt le regard en voyant l'aiguille plantée dans ma peau. Je ne supporte pas ça. Je pourrais m'évanouir rien qu'à la vue d'une aiguille.

La porte de la chambre s'ouvre. Ma mère apparaît. Elle referme la porte avant de s'approcher de moi. Ça ne se fait pas trop de dire ça, mais je suis déçu que ce ne soit pas Clara qui soit là. Elle m'embrasse sur le front et s'assoit sur une chaise. Elle sert ma main et commence :
-« Mon fils, tu es vivant ! Tu nous as tellement fais peur. Quand Clara m'a appelé, j'ai cru que le monde s'arrêtait. J'ai pris le premier train et je suis venue ici directement. En plus, personne nous donnait des nouvelles de toi. »
-« Ne t'inquiète plus maman. Je suis vivant. » je dis pour la rassurer.
-« Heureusement Saúl. »
-« Est-ce que Clara est là ? »
-« Oui. Elle attend de l'autre côté de la porte. Mon chéri, tu as choisi la bonne cette fois. Tu aurais vu comment elle était inquiète pour toi. » me raconte-t-elle en souriant.
-« Je sais maman, je sais. » je dis en souriant à mon tour.
-« Je vais y aller comme ça tu pourras la voir. Je vais prévenir ton père et tes frères que tout va bien maintenant. »
Elle embrasse ma main avant de sortir de la chambre.

La porte s'ouvre de nouveau. Clara entre et cours vers moi. J'ai eu à peine le temps de voir qu'elle était en train de pleurer. Elle me sers fort contre elle. Sauf qu'elle me fait mal mais je ne lui en veux pas car elle n'est pas au courant.
-« Clara. Tu...tu me fais mal. » je dis en rigolant.
Elle s'écarte de moi et me regarde droit dans les yeux. Ses yeux sont tous rouges et gonflés. Elle a des très gros cernes sous les yeux. Des larmes perlent sur son beau visage. J'approche ma main de sa joue et essuie avec mon pousses les larmes qui sont sur son visage. Elle s'approche de moi et m'embrasse tendrement. J'ai l'impression que ça faisait une éternité que je n'avais pas senti ses lèvres sur les miennes.

Clara s'assoit dans la chaise où se trouvait ma mère quelques minutes auparavant. Elle prend ma main et la sers fort dans la sienne. Elle porte ma main à sa bouche et laisse un long baiser.
-« Arrête de pleurer, s'il te plaît. Tu me rends triste.» je la supplie avec un sourire triste.
-« J'ai tellement eu peur. J'ai...j'ai cru que tu m'avais laissé. Que je ne te reverrais plus jamais. »
-« Clara, je ne te laisserais jamais toute seule compris !? »
-« Oui. »
Elle pose sa tête sur le lit contre mon corps. Je mets ma main sur sa tête et la caresse doucement.
-« Tu as dormis cette nuit ? » je lui demande doucement.
-« Heu...à peine 30 minutes. »
-« Clara... » je dis en soupirant.
-« Je me faisais trop souci pour toi. Personne ne  nous donnait de nouvelles. Je me suis imaginé le pire Saúl. » me raconte-t-elle en relevant la tête.
-« Ne t'inquiète plus maintenant. Je suis là avec toi. Tout va bien. »
Elle pose sa tête sur mon torse.

La porte s'ouvre. Antoine et Simeone apparaissent. Antoine s'approche et nous nous tapons dans les mains. Simeone me sert la main.
-« Alors comment tu vas Ñiguez ? » me demande l'entraîneur de l'Atletico.
-« Bah j'ai mal dans le dos et aux côtes mais sinon ça va. En tout cas, mieux qu'hier soir. » je réponds en souriant.
-« Tu as vu le docteur ? » demande Antoine.
-«  Non pas encore. »
À peine avais-je finis ma phrase, que la porte s'ouvre de nouveau. Un docteur accompagné d'un interne je pense et ma mère entre dans la chambre. Ma mère va se placer à côté de Clara tandis que le docteur commence :
-« Je suis le docteur Rodríguez pour ceux que je n'ai pas vu. C'est moi qui me suis occupé de votre opération, monsieur Ñiguez. Durant l'opération, il y a eu quelques complications mais nous avons réussi à les stopper à temps. »
-« Du coup, qu'est-ce que j'ai docteur ? » j'interviens.
-« Vous avez deux côtes cassées. Votre coccyx est fêlé mais il va se réparer tout seul avec le temps. Votre rein a été fortement endommagé. Nous avons essayé de faire du mieux que nous pouvons pour essayer de le soigner. C'est d'ailleurs, lui, qui nous a causé beaucoup de dommage. Mais nous avons réussi à le soigner complètement. Donc suite à cette opération, je vous demanderais de vous déplacer le moins possible.
-« Il va être en arrêt de sport combien de temps ? » demanda Simeone.
Mon cœur commence à s'emballer. J'ai peur de la réponse.
-« Alors un arrêt 3 mois et demie de toute activité sportive dont 1 mois d'arrêt total d'activité physique. » dit-il en me regardant puis en regardant Clara.
Un sourire prend place sur le visage d'Antoine. Tout le contraire du mien. Putain ! 3 mois et demie sans faire de sport ! Mais je ne vais pas tenir ! Le foot c'est ma vie. Je ne peux pas vivre sans. Puis, qu'est-ce que je vais faire pendant trois mois ? Je vais tourner en rond si je ne peux rien faire.

-« Et il...il va devoir rester combien de temps à l'hôpital ? » demande soudainement Clara.
-« Il va passer la nuit ici. Puis nous aviserons demain voir si vous pouvez retournez chez vous. Bon je vais vous laisser. J'ai d'autres patients à aller voir. Je repasserais dans la journée pour voir si tout se passe bien. Au revoir. »  dit-il en regardant toutes les personnes présentent avant de sortir de la chambre.

Antoine et Simeone annoncent qu'ils rentrent chez eux. Je peux les comprendre. Surtout Antoine qui a dû dormir 1 heure alors qu'il a joué un match entier.  Ma mère part elle aussi car elle a du travail à faire. Il ne reste plus que Clara et moi. Même si je ne suis pas d'humeur, j'essaie de lui montrer que je vais bien. Elle a quand même passé toute la nuit à m'attendre. Je vois qu'elle ne tient plus debout. Je me décale sur le côté du lit et fais signe à Clara de venir s'installer à mes côtés. Elle enlève ses chaussures et grimpe sur le lit avec moi. Elle pose sa tête contre mon torse pendant que moi je passe mon bras autour de ses épaules. Elle remonte la couverture sur nous et nous nous endormons dans les bras de l'un de l'autre.

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Nouveau chapitre et surtout avant dernier chapitre de l'histoire. J'espère que ce chapitre vous a plu !

Hidden SiblingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant