Jouir de la Victoire*

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Omniscient


Au même moment... quelque part en France.

La personne derrière son bureau aborde un air maussade en fixant son téléphone. L'attente est insupportable, sa patience n'a jamais été mise à si rude épreuve... sauf une fois... par le passé. Passé qu'il veut abandonner au bout de son chemin de vie. Passé qui pourrait lui coûter cher si son plan de ne déroule pas comme il a prévu. Et il a TOUT prévu. Rien n'a été laissé au hasard. Même la progéniture aux allures de Barbie, dont le cerveau est aussi atrophié qu'une limace, fait partie du complot sans le savoir.

D'ailleurs c'est un concept auquel il ne croit pas. Plus depuis que les mailles du filet en acier se resserrent autour de lui. Plus depuis que ses connards d'anciens militaires endossent le costume de robin des Bois au rabais. Il les hait. Il abhorre ces personnes qui veulent faire le bien sous prétexte d'endiguer le mal et faire payer à ceux qui le font. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que l'argent, propre ou sale, achète n'importe qui, n'importe quoi. Il suffit de trouver la faille, la petite ouverture et s'y glisser insidieusement dedans... et c'est justement sur celui qu'il a jeté son dévolu quelques mois plus tôt qui le fait languir de son coup de fil.

— J'espère que ce ripoux ne va pas me la mettre à l'envers... Sinon lui et le supérieur qui me l'a recommandé risquent de se retrouver dans la même cellule à ramasser des savonnettes sous les douches.

A peine son monologue terminé que le téléphone sonne.

— Allô !

Le ton est ferme et annonce l'impatience d'avoir trop attendu. Les salutations seront pour une autre fois.

C'est bon, ils viennent d'arriver...

— C'est pas trop tôt !

L'interlocuteur déglutit.

— Ils ont garé la voiture à l'intérieur de la propriété et les hommes sont en place, continue le ripoux.

Très bien.

— Dès qu'ils sortent de la maison...

— Chalet.

— Pardon ! s'exclame l'homme à l'autre bout du fil, ne comprenant pas où son client souhaite en venir.

— C'est un chalet pas une maison, appelez un chat un chat bon sang !

Quelle inculture, maugrée l'homme assis derrière son bureau.

— Donc, dès qu'ils sortent du chalet, ils seront cueillis comme des fleurs au printemps.

L'homme soupire de consternation.

— Vous savez ce que vous avez à faire.

Il n'insiste pas, l'important est que son plan fonctionne et qu'il sauve sa peau.

Une dernière chose, l'interpelle le ripoux alors qu'il allait raccrocher et rejoindre l'escort qui l'attend dans ses appartements toute disposée à le satisfaire.

— Quoi ?

— La fille...

— Quoi la fille ? Il me semble que tout est clair à son sujet, non ?

— Si, si... mais c'est un dommage collatéral... alors...

— Alors rien du tout ! elle participe, elle n'est pas un dommage collatéral comme vous dites. Faites ce que je vous ai demandé en la ramenant à l'adresse que je vous ai indiquée et le reste je m'en charge.

Un blanc dans la communication le fait vérifier que son interlocuteur ne lui a pas raccroché au nez.

— Bien, monsieur, après tout, c'est vous qui payez...

— Voilà souvenez-vous en avant d'avoir des remords.

Sur cette recommandation, il met fin à la communication, se lève et avec un sourire mesquin au coin des lèvres, franchi la porte de son domaine les doigts s'affairant déjà à faire glisser la fermeture éclair de son pantalon de costume... Il bande de voir la fille étendue sur le lit, nue, attachée par ses soins un peu plus tôt, prête à assouvir tous ses fantasmes... à lui donner du plaisir, peut-être lui en concèdera-t-il car il est persuadé que journée va être la meilleure de toute son existence. Il va enfin pouvoir respirer normalement et mettre les boulets de son passé qu'il traîne depuis des décennies aux oubliettes... 


BraCœur  Tome 1 ( nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant