Chapitre 167 des Chroniques de Livaï
C'est à moi de m'y coller en premier. J'aurai dû m'y attendre. Furlan a mis le temps avant de trouver où se terre cette grande perche.
Tout le monde est en train de souper au réfectoire, j'ai réussi à m'esquiver sans me faire suivre, prétextant un mal de tête catastrophique. On me croit en route pour le baraquement. Au lieu de ça, j'ai pris mon cheval et j'ai fait un saut jusqu'ici. Ce bâtiment est à l'écart de la forteresse, près du terrain d'entraînement. C'est désert à cette heure. Seul le hennissement des chevaux trouble le soir.
Me voilà devant la porte de son bureau. Si j'avais des doutes, son nom est écrit sur une petite plaque juste à côté. Ca se refuse rien, hein ? C'est pas difficile de crocheter une serrure quand on a le matos sur soi ; ce qui est mon cas. On perd pas les bonnes habitudes... Après quelques secondes à tripoter le mécanisme, il cède enfin et la porte s'ouvre en grinçant un peu.
Il fait sombre dans la pièce. Elle est carré à première vue, dotée d'un bureau massif, d'un divan dans un coin et d'une vaste bibliothèque à côté de l'entrée. Rien sur les murs, à part un petit tableau. Je distingue des meubles de rangement derrière le bureau, avec plein de tiroirs... Ok, autant s'y mettre tout de suite.
Je passe à côté du bureau et je remarque une tasse sur une soucoupe, à côté d'un encrier garni d'une plume. Il reste un fond de quelque chose là-dedans. Voyons voir ce qu'il boit, ce monsieur. Je me penche, et je renifle la tasse, juste un peu... Ah tiens, du thé. Surprenant. Mais du vert, il fallait s'y attendre, cette grande perche a aucun goût.
Je me mets à ouvrir les tiroirs un peu au hasard et je fouille dans la paperasse qui s'y trouve. Y a vraiment des tas de trucs divers. Ce mec s'occupe de plein de choses différentes. Il y a des relevés de comptes, des carnets de notes sur les expéditions, des croquis, des plans... Je parcours des yeux les textes qui me passent entre les mains, mais aucun ne porte le nom de Rovoff.
Je passe à un autre tiroir. Chou blanc. Dans un autre, je découvre des sachets de thé - je les lui tirerais bien, mais j'aime que le noir -, un briquet et des cigarettes. Monsieur fume comme un voyou ? Je m'en voudrais de le laisser se pourrir la santé... Par ici, les cibiches. Il se rendra compte de rien, il pensera les avoir perdues. Je connais pas cette marque. Sans doute réservée à ceux de la haute...
Il pensais sans doute l'autre jour que je m'écarterais de son chemin, pour lui témoigner du respect... Il a dû s'étouffer d'indignation, le pauvre ! Quand je me suis retourné pour voir sa réaction, il en eu aucune, mais je sais bien qu'il en pensait pas moins.
Je déteste ça, qu'on m'ignore quand je fais en sorte qu'on me remarque... Cette grande perche perd rien pour attendre... J'ai pensé si fort à ce moment-là que je serais celui qui le tuerai qu'avec un peu de chance, il a dû l'entendre... Mais il y a un truc qui m'a encore plus mis hors de moi ; après l'avoir vu de près en pleine lumière, j'ai pu constater que ses yeux avaient la couleur du ciel... Bah, cette histoire de couleur des yeux, c'est des conneries, maman.
Tandis que je me mets en tête de m'attaquer à un autre tiroir, je vois un truc bizarre, là où le tableau est accroché. Il semble pas collé contre le mur, comme s'il y avait un truc derrière... Ca sent le jackpot. Furlan mon vieux, tu vas peut-être pas avoir besoin de te risquer jusqu'ici, parce que ça sent le coffre-fort. Un type prudent et important comme lui mettrait forcément des documents de valeur dans une cachette comme ça. Enfin, faudra juste lui dire que niveau dissimulation, on peut faire mieux.
Et si on allait mettre le nez dans les secrets de cette grande perche, voir un peu ce qui le fait courir ?
Voyons cette serrure : conventionnelle, aucun problème. Je réitère le processus, pendant un peu plus longtemps, puis j'entends le déclic de la victoire. Le petit battant s'ouvre devant moi et je jette un oeil. Plutôt décevant ; des papiers, des enveloppes, un petit médaillon avec... oui, c'est bien ça, avec un portrait dedans. Celui d'un type... Lunettes, barbe... Il ressemble un peu à Smith ; pendant un moment je me demande même si je l'ai pas déjà vu... Bah, sans intérêt. Voyons la paperasse.
Il y a un peu d'argent dans une des enveloppes, de belles pièces rutilantes, on les dirait neuves... Sentimental, peut-être... Je les prendrais bien mais je saurais pas où les planquer et puis j'en ai pas l'usage. J'ouvre une autre enveloppe avec une lettre à entête dedans. Qu'est-ce que ça dit ? Apparemment, monsieur Smith entretient une relation galante avec une certaine Mary... Beurk... Il a fallu que je tombe sur les histoires de fesses de cette grande perche, malheur à moi. Enfin si j'en crois la date qui figure sur les lettres, elles remontent à pas mal de temps. Un amour de jeunesse, sans doute...
Je m'en fous. Où sont les documents, putain ?! Y a rien que des choses stupides dans ce coffre ! L'heure tourne, je dois me grouiller. Je remets les objets dans la position où je les ai trouvés, et je referme le coffre. J'essaie les tiroirs du bureau, mais certains sont fermés à clef. Bordel, je vais pas avoir le temps ! On verra plus tard, je dirais à Furlan qu'il reste les tiroirs du bureau à fouiller. Et...
Oui, cette grande bibliothèque... Ca me paraît une bonne planque, on peut y glisser des tas de choses, entre les livres ou dedans... Je me dirige vers la porte et contemple les rayonnages, en me demandant comment je vais compulser tout ça... Je peux peut-être feuilleter ceux du bas, les autres sont hors de ma portée. Ah, merde, si je m'y mets maintenant, je vais pas en sortir ! En plus je suis en manque de bouquins ! Et si j'en prenais un, il verrait rien ? Je pourrais me bricoler un bougeoir à la tête de mon lit, et passer la nuit à lire. Bof, rien que des trucs trop compliqués, c'est une tête, ce blondinet.
Je recule un peu pour examiner les titres des livres du haut. Et je tombe en arrêt. Ce salopard, il a... mais oui, c'est bien ça, il a la série complète du "Royaume des Trois Déesses" ! J'y crois pas ! J'ai jamais réussi à trouver le quatrième volume ; et ils sont là, tous les sept ! Ils sont trop haut, merde... Peur-être que si j'approche le fauteuil, je pourrais l'atteindre... Non, non, pas le temps, et puis je dois retourner faire mon rapport au "capitaine" Furlan. On a quartier libre pendant une heure avant d'aller se pieuter.
Je remets tout en place, et je sors de la pièce en refermant derrière moi. L'idée de ce bouquin va me rester dans la tête toute la nuit, j'crois bien...
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Les Chroniques de Livaï ~ EruRi Only [+13]
FanficUne compilation des chapitres des Chroniques de Livaï qui exposent la relation entre Erwin et Livaï. Elle reflète comment je les vois dans le contexte du manga, et en suivant la timeline de SnK. Leur rencontre, leur antagonisme du début, leur lien q...