Les Chroniques de Livaï ~ EruRi Only [+13]

Un éclat dans le noir #1

L'expédition tourne mal. En vue de couvrir une large zone inconnue infestée de titans, l'escouade d'Erwin se sépare. Suite à un geste malheureux, Greta blesse grièvement Livaï sans le savoir, et celui-ci, à peine valide, essaie malgré tout de retrouver ses camarades. Mike est aux aguets et aide les derniers explorateurs à se replier vers un avant-poste de fortune...

Chapitre 255 des Chroniques de Livaï

L'avant-poste est proche, je vois les tours se découper sur le ciel sombre. La procession de survivants arrive presque à son terme maintenant. Je m'inquiétais pour les camarades mais Steffen se porte assez bien pour un soldat qui vient d'abattre une dizaine de titans à lui seul ; et le meilleur c'est que le chariot de réappro a reparu. Greta le conduisait avec à côté d'elle son conducteur, encore choqué par les évènements. Son cheval suivait juste derrière. Erwin, qui patrouillait dans le coin, lui a ordonné de rallier l'abri.

Il lui a aussi demandé si elle avait vu Livaï ; elle a répondu l'avoir aperçu dans la forêt mais qu'il a peut-être rebroussé chemin. Elle devait sauver le chariot des titans et n'a pas eu le temps de lui expliquer. Erwin semble inquiet mais il a toujours eu une confiance absolue dans les capacités du nabot. Je m'approche de lui et lui recommande de faire escorte au chariot jusqu'au refuge ; nous attendrons ici avec Steffen que Livaï refasse surface. Il sait où est le point de rendez-vous, il devrait pas tarder. Sans doute quelques titans de dernière minute à massacrer. Erwin approuve avec réticence et s'éloigne avec la réappro.

Je sens l'odeur des titans tout autour de nous... Ils ont beau être tous différents, c'est toujours la même : celle du sang froid, des plaies purulentes... Des hôpitaux bondés et saturés d'effluves de médicaments, ou d'un charnier à ciel ouvert... Une odeur de mort, ni plus ni moins ; certains charognards sentent pareil...

Comme je le pensais, faut pas traîner, j'aperçois de nouveaux titans qui s'avancent. Steffen trépigne sur son cheval, et ne cesse de tourner en rond pour se calmer. Qu'est-ce qu'il fait, le nain ? On a pas que ça à faire de l'attendre ! Toujours à se faire remarquer, hein...

Un cavalier surgit au trot de l'ombre des arbres. Emmitouflé dans sa cape, je reconnais d'abord son odeur, puis sa monture. C'est bien Livaï. Quand il s'immobilise près de nous, je ne vois pas son visage ; il le tient tourné de côté, recouvert par sa capuche, et nous parle à peine. Il demande en tout premier lieu si Greta va bien ; ouais, elle est en route pour l'abri, mon vieux, on attendait plus que toi. Il remercie dans un souffle, et sa bête se remet au pas.

Faut décoller, vite, les titans se rapprochent ! Tandis que nos montures adoptent un galop de phase deux, je ne peux m'empêcher d'observer Livaï. Il a pas l'air bien, serait-il blessé ? Il galope courbé sur l'encolure de sa jument, ça lui ressemble pas. Eh Livaï, tu vas...

Au moment où je formule ma question, je vois le corps de Livaï basculer de côté et s'écraser lourdement à terre. Je freine des quatre fers et saute à ses côtés. Je le retourne - en constatant que sa bobine de câble est en miettes - l'examine et constate bien vite sa plaie à la tête ; elle est sale, pleine de boue, et colle ses cheveux poisseux sur son front. Il est encore plus pâle que d'habitude, ses lèvres écorchées, et il doit bien avoir un bras démis... La moitié de sa petite personne est couverte de sang jusqu'à la taille. Il a fait une mauvaise rencontre ou quoi ? Que lui est-il arrivé ? Ce ne sont pas les titans qui lui ont fait ça, cette profonde coupure sur son crâne...

Pas le temps de diagnostiquer, les géants se ramènent par ici. Et Erwin aussi. Il a fait demi-tour, comme je m'y attendais. Viens, chef, prends-le avec toi que je puisse remonter en selle ; il tient pas sur son cheval. Erwin s'approche et nous essayons tant bien que mal de hisser Livaï sur sa selle. Mais le dispositif est gênant, il prend trop de place et c'est avec difficulté qu'Erwin arrive à le caler correctement pour pas qu'il glisse. Si Livaï avait été un tout petit peu plus massif, on aurait pas réussi. De toute façon, on avait pas le temps de lui enlever tout ce barda !

Je remonte à cheval tandis qu'Erwin revient sur ses pas, deux fois plus chargé. Il ne peut pas galoper trop vite au risque de tomber tous les deux. La jument de Livaï suit juste à côté. Je reste en arrière avec Steffen pour le couvrir. Dégage, chef, fonce vers l'avant-poste, on s'occupe des titans !

On a perdu trop de temps, ils nous ont repérés. Steff, on y va !