Les Chroniques de Livaï ~ EruRi Only [+13]

Des gens ordinaires #4

Chapitre 286 des Chroniques de Livaï

Des échelles ont été placées sur les flancs des bâtiments pour que les citoyens puissent grimper sur les toits. Je me demande bien ce qui se passe, tout le monde a l'air fébrile. On monte tous les sept sur un toit proche et on s'installe, dans l'attente.

C'est vraiment un drôle de hasard qu'on soit tous tombés les uns sur les autres ce soir. Comme si c'était écrit qu'on passerait Yule tous ensemble. Au milieu d'eux tous, je crois que j'arrive maintenant à vraiment comprendre le sens de cette fête. Je me sens très bien, et même si j'aurais aimé que Greta et Steffen soient avec nous, tout ceci a l'air de se passer le mieux du monde. Entre les blagues nulles d'Erwin et les rires d'Hanji, j'ai l'impression d'être exactement à ma place, là où je dois être.

C'est alors qu'un signal sonore retentit du haut du Mur Maria. Toutes les têtes se lèvent en même temps vers le ciel étoilé et sans nuages. Ce qui ressemble alors à une fusée de signalement s'élève dans les airs, et explose dans le ciel en une myriade d'étincelles colorées ! J'y crois pas, mais qu'est-ce que c'est ?! Cette première salve est aussitôt suivie de nombreuses autres, projetées en rythme et se déchaînant dans un ordre savamment étudié, arrosant de bleu, de vert, de jaune et de violet les toits des maisons en contrebas. De là où nous sommes nous ne risquons pas de prendre de projections, mais je sens tout à coup des fourmillements un peu inquiétants me descendre le long du dos... Il se passe quoi ? Ca a l'air dangereux ! Je me tortille un peu mais Erwin me calme en passant ses bras autour de moi pour me faire tenir tranquille. Il a pas peur, lui.

Eh, il se passe quoi, chef ?! Comment ils arrivent à produire ces trucs ?! Erwin me répond dans l'oreille que je ne devrais pas avoir besoin de tout savoir sur tout, et que parfois, se laisser porter uniquement par l'instant est bien plus agréable. C'est vrai... c'est très beau. Je laisse mes yeux se remplir de lumière et je constate que tout le monde a le sourire ; Hanji montre du doigt les petites étincelles inoffensives qui retombent sur les toits, Mike s'exclame à chaque explosion et Erwin rit doucement au-dessus de moi. Shiganshina est totalement illuminée de mille lueurs colorées qui emplissent l'espace devant nous et je crois n'avoir jamais rien vu de si beau, mais en même temps si contrôlé... Un bordel sous contrôle, c'est exactement de quoi il s'agit.

Je me laisse aller et je ferme les yeux, me concentrant uniquement sur le bruit des détonations et les cris enchantés des spectateurs tout autour de moi. Tout comme eux, nous sommes des gens ordinaires, capables de prendre du plaisir à ce genre de divertissement. Nous en avons le droit nous aussi. Ceci a été mis en place pour nos yeux. Alors je les rouvre et distingue le profil de Mike qui me regarde en souriant. Hanji se met debout et lève les bras au ciel comme pour attraper les petites flammèches qui retombent bien trop loin de nous ; Moblit essaie désespérément de l'empêcher de tomber du toit, le pauvre gars ! Gelgar et Nanaba trinquent avec leurs bières et lèvent leurs bouteilles au firmament. Nanaba se blottit alors tout contre Mike et je vois son sourire pour moi se tourner vers elle.

Je n'ai plus froid du tout avec eux. J'aurai même presque trop chaud, avec Erwin qui me colle sans arrêt. Je me sens tout à fait vivant, et même en paix. Vraiment. Ces gens que je ne connaissais même pas il y a un an de cela... je donnerai ma vie pour eux. C'est si facile de les aimer quand on les côtoie tout le temps.

Le final du spectacle semble proche et une véritable tempête de fusées se déclenche. On en prend plein les yeux et je me sens même obligé de m'exclamer moi aussi. C'est génial ! Mais qui a fabriqué ces merveilles ? Eh, Erwin, ce serait pas ton pote de la guilde qui serait derrière tout ça ? Pour toute réponse, je sens ses lèvres toucher mon front. Pas vraiment mon front, plutôt ma tempe, à travers mes cheveux. C'est pas vraiment un baiser, juste... un contact furtif. Il ne dit rien d'autre et je devine qu'il est gêné. Ca va, chef, t'en fait pas, si ça me gênait, tu serais déjà tombé de ce toit. Mike a raison quand il dit que c'est rare qu'Erwin se comporte comme ça. Je le sais aussi, alors je le laisse faire. C'est bien quand il est simplement humain, aussi... Quand il redeviendra le chef d'escouade austère et chiant comme la mort qu'il est la plupart du temps, ça me manquera. Pour l'instant, bien calé entre lui et Mike, je savoure ce moment qui passera bientôt.

Erwin me lâche et se lève pour descendre. Ah, il est déjà passé ?... Tchhh...