Les bambous d'acier

489 45 1
                                    

Une nouvelle expédition d'importance est en cours de préparation...


Chapitre 246 des Chroniques de Livaï

J'ai envoyé mon escouade s'assurer que la réappro correspond bien à ce qui était convenu

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'ai envoyé mon escouade s'assurer que la réappro correspond bien à ce qui était convenu. Les comptables m'ont assuré que tout était conforme mais je préfère être sûr que tout cela vaut le prix que nous avons dû payer. Maintenant que la date de l'expédition est arrêtée, nous ne pouvons plus reculer. Je n'en ai pas l'intention. Cette sortie pourrait déterminer pour longtemps l'avenir du bataillon... Ah... j'ai l'impression de me dire ça à chaque fois...

Il a fallu un long moment au major pour décider enfin. Sous la pression de nos donateurs, il a finit par plier. Nous planchons depuis plusieurs jours sur la stratégie de sortie. Des points de désaccord demeurent, mais ils seront réglés bientôt.

La décision d'emmener tout le bataillon, y compris les nouvelles recrues, a été difficile. Mais nécessaire si nous voulons augmenter nos chance de succès. Car ce n'est pas moins de trois chariots que nous devrons escorter... Sans eux, nous ne pourrons pas rapporter assez de minerai, ni transporter assez de réappro pour tout le monde. Keith a proposé seulement deux, mais je doute que cela soit suffisant.

Si les trois chariots sont adoptés, alors nous partirions en trois groupes destinés à les protéger. Une nouvelle escouade a été montée pour l'occasion. Nous partirions en larges files, en évitant le flux de titans principal. Il faudra donc bifurquer très vite, car Keith a refusé catégoriquement que nous partions de la cité de l'est ; le détour serait trop grand pour une troupe aussi nombreuse. Mon escouade serait chargée du chariot du centre, celui de la réappro, le plus important. Celle d'Hanji serait la dernière, avec tout le matériel de minage.

Il est prévu selon les circonstances de laisser l'équipe d'Hanji avec deux chariots à la carrière pour extraire le maximum de minerai, tandis que nous autres irions plus loin à l'est, découvrir ce qui se trouve au-delà des collines. Si un avant-poste fiable se présente, nous y passerions la nuit et irions rechercher Hanji au retour.

Je ne m'inquiète pas pour Hanji, et elle prendra avec elle les quelques bombes soporifiques qui lui restent. Mais au-delà de cette limite, nous nous aventurerons de nouveau en terrain inconnu et donc dangereux. Pourvu que les recrues tiennent le coup... Ces soldats sont tous jeunes, mais semblent bien comprendre ce qu'ils s'apprêtent à vivre.

Mon escouade est déjà connue dans le monde militaire et beaucoup d'entre eux espèrent surtout se battre aux côtés de Livaï. Sa petite notoriété a attiré pas mal de postulants, je dois dire... Il ne fait rien pour ça, mais la plupart du temps, tout le monde se tait quand il est présent. Livaï ne se vante jamais, il souhaite rester discret et cette attitude à son égard le gêne un peu dans ses rapports avec les autres. Il préfère les comportements francs et directs, et n'hésite jamais à se montrer chaleureux envers ceux qui en ont besoin. Ca n'arrive que rarement, mais je ne cesse de lui envier ça...

Je ferme le dernier bouton de ma chemise, ajuste mon col et sors de ma chambre pour descendre dans la cour. Je n'ai pas été très matinal, et les cartes que j'ai étudiées hier soir sont encore étalées sur mon lit. Mais je me sens assez alerte pour me tenir au courant de ce qui se passe en bas.

Je descends très vite les marches et l'effervescence d'une préparation d'expédition me frappe au visage en même temps que le pâle soleil d'octobre. Les explorateurs vont et viennent pour entreposer le matériel dans les réserves, les palefreniers font trotter les chevaux dans la cour ; j'entends vaguement Hanji crier un ordre plus loin, mais je ne la vois pas. Une véritable marée humaine me cerne de toutes parts, et comme à chaque fois, cela me galvanise... mais c'est cette maudite solitude, que je chéris pourtant, qui m'enveloppe... Comme si quelque chose n'allait pas chez moi et m'empêchait de me mêler complètement à eux...

Cela me rend toujours malheureux, mais pour un temps seulement. D'autres soucis viennent toujours remplacer cette désillusion... L'important, c'est qu'ils y croient tous. Tant qu'ils seront là, autour de moi, à s'affairer, à respirer, à vivre pleinement, même si ce sont leurs derniers instants, alors j'y croirais moi aussi.

Nous ne sommes pas la veille du départ, et l'ambiance reste encore bon enfant. Elle s'assombrira un peu par la suite jusqu'à se changer en atmosphère lourde et concentrée, générée par tous ces esprits en prise avec eux-mêmes et avec leur notion de l'avenir. En ce qui me concerne, la question ne se pose plus, puisque j'ai renoncé à tout pour le bataillon. Je n'envisage rien d'autre hormis la victoire, ou la mort.

Une petite silhouette nerveuse se précipite sur moi et je baisse les yeux vers les papiers que Livaï tend sous mon menton. Il m'annonce que la liste est complète et conforme. Je reviens vite à la réalité et le remercie d'avoir vérifié. Il me demande ensuite si je compte aller m'entraîner avec eux tout à l'heure. Mon escouade se sentait tellement rouillée après tant d'inactivité qu'ils se sont vite remis aux exercices intensifs pour être prêts le jour venu. Je lui répond que je les rejoindrais tout à l'heure mais qu'ils n'ont pas besoin de m'attendre.

Je le sens fébrile à l'idée de retourner dehors, et je suppose que les autres le sont aussi. Je suis dans le même état. Chaque heure passée derrière les Murs me paraît une perte de temps, quand je pense à tout ce qu'il reste à découvrir. Si je pouvais me débarrasser à jamais des problèmes matériels et techniques, tout serait bien plus facile...

Livaï fronce le nez en m'examinant et constate que je manque de sommeil, moi aussi. Je sais, je fais un piètre exemple, ah ah ! J'essaierai de dormir la veille du départ, et il devrait faire de même. Il me répond en s'éloignant qu'il essaiera, mais qu'il se passera des bons soins d'Hanji cette fois. Tandis qu'il remonte la file de soldats occupés, je remarque que tous s'écartent sur son chemin pour le laisser passer.

A vrai dire, il est difficile de déterminer s'il s'agit d'admiration ou de peur respectueuse... Sans doute un peu des deux. Mais quand il disparaît enfin, ce sont bien des sourires que je vois autour de moi.

Les Chroniques de Livaï ~ EruRi Only [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant