Après la dernière expédition désastreuse, les explorateurs prennent un repos bien mérité...
Chapitre 327 des Chroniques de Livaï
C'est ennuyeux, ces cours de corps à corps ; mes partenaires finissent toujours par terre, même quand j'y vais doucement. Je sais pas si j'ai réellement besoin de ces exercices à vrai dire. Mais ça me permet de me maintenir en forme, après ce que j'ai traversé ces derniers jours.
Je me souviens pas d'une douleur aussi forte... Si, en fait, quand j'étais sous terre, à me laisser crever et en souhaitant que la peste m'emporte. Je pensais pas revivre ça... Et le pire c'est que j'étais pas le plus mal en point, des gens mourraient sous mes yeux sans que je puisse rien faire. Je me souviens d'avoir empoigné le col de ce docteur Jäger en lui ordonnant de faire quelque chose, mais Erwin m'a plaqué par terre - c'était tout ce qu'il pouvait faire avec ses seules forces - et m'a traîné jusqu'à mon lit. Quand je me suis réveillé quelques heures plus tard, je me sentais un peu mieux et j'étais calmé. Ca servait à rien de m'énerver et au lieu de ça, j'ai aidé les infirmiers à soigner les malades. On était en quarantaine de toute façon, alors autant se rendre utile.
Ca a été dur... Il régnait là-bas une telle saleté, une odeur de sang présente partout, des plaies ouvertes, des déjections de toutes sortes... Les cadavres qu'on évacuait les uns après les autres... c'était horrible. J'ai vécu un tas de situations du même genre sans me plaindre, mais là c'était différent ; c'était des gens que je connaissais... Je voulais tout nettoyer, pour me sentir mieux, mais j'aurais dû tout recommencer après. J'ai vraiment pris sur moi. Je pensais pas être capable de supporter tout ça... Je veux pas remettre les pieds dans un hôpital militaire si je peux l'éviter...
J'ai tenu la main de Greta pendant un bon moment, tandis qu'elle délirait dans son sommeil, la peau rougie et le front ruisselant ; je ne me suis pas senti sale en le faisant, c'était quelque chose de normal... On pensait tous qu'elle était tirée d'affaire quand nous sommes revenus, mais elle a fait une rechute juste après. Mike en menait pas large non plus, et le voir comme ça m'a vraiment choqué... Erwin et moi, on a vraiment cru qu'ils y passeraient tous les deux. Steffen était dans un coin, recroquevillé sur lui-même, à marmonner tout seul, comme s'il voulait pas voir tout ça. Je me demande si ses nerfs ont pas lâché à un moment. Seul Erwin est resté ferme, alors que sa jambe, maintenue dans une attelle, le faisait encore souffrir ; il boitillait dans l'hôpital en essayant d'apporter son aide quand c'était nécessaire. Je crois qu'il faudrait peut-être lui casser les deux jambes pour espérer qu'il reste tranquille, autrement pas moyen de le garder immobile.
Mourir en mission, c'est tout ce qu'un explorateur peut attendre ; mais crever d'une foutue fièvre colportée par un salopard d'insecte, je crois qu'il y a pas pire, comme perspective. Une foutue mort inutile, voilà ce que c'est. Bordel, pourvu que je meurs pas comme ça...
On est restés ainsi, comme dans une bulle, pendant pas mal de temps, j'ai pas compté les jours. Et puis, un matin, alors que je dormais à côté de son lit - enfin, j'essayais -, Greta m'a touché le bras et j'ai vu qu'elle allait mieux. Sa peau avait repris une couleur normale et elle parlait comme d'habitude. Je me suis senti tellement soulagé... Je l'aurais prise dans mes bras, mais j'ai pas osé. Et puis elle avait peut-être encore mal... Mike s'est réveillé peu de temps après, et Erwin lui a serré la main avec force. Nous nous sommes tous regardés, Steffen a fondu en larmes en tombant dans nos bras, et on a compris que c'était fini. Nous allions sortir, tous les cinq, et revenir à la vie.
On a vu le major quitter l'hôpital aussi, le pas mal assuré, sans nous jeter un seul regard. Il devait se sentir honteux, ou un truc comme ça. Même si pour le coup, c'était pas de sa faute. Il a voulu éviter un danger et nous a précipités dans un autre. On s'en serait peut-être même pas sortis si on avait pris le canyon... Enfin, on le saura jamais, ce qui est fait est fait, faut pas avoir de regret sinon on fait plus que ça. Hanji aussi est sortie avec un air tout à fait abattu. Elle avait perdu la moitié de son escouade et s'en remettait toujours pas. Moblit est resté avec elle pour la soutenir, bien sûr, mais elle semblait sourde et aveugle.
Mais c'était pas fini pour les gradés, ils se sont confrontés avec les brigades spéciales après. Erwin en est revenu échevelé - et ça c'est vraiment inhabituel - tellement ils ont défendu leur point de vue. Tu parles, on avait rien ramené de concret. A part notre mémoire et notre intime conviction d'avoir avancé, d'avoir même presque atteint notre objectif, on avait rien pour convaincre ces idiots. Quand je pense à tout ce qu'on accomplit dehors sans que personne le sache... ça me donne envie de buter des gens au hasard parfois.
Ah, voilà Mike qui se ramène. Il a repris du poil de la bête et il est concrètement le seul à pouvoir me tenir tête. Je saute de la clôture où je me tourne les pouces et me place devant lui, en position de combat, ce qui marche toujours en général. Mais pas cette fois. Il a l'air soucieux et me dit qu'il est pas d'humeur. Ok, quel est le problème ? Le major a convoqué Erwin tout à l'heure. Merde... ça présage quoi, à ton avis ? Tu penses qu'il va avoir des problèmes ? Que Shadis s'avise pas de chercher des poux dans la tête du chef, il lui en a déjà fait assez bavé. C'est grâce à lui s'il est encore en vie, faudrait pas qu'il l'oublie. D'ailleurs Erwin devrait pas être en train de crapahuter dans la forteresse, le toubib lui a prescrit un repos complet, il devrait être vissé à son lit.
Mais va dire ça à Erwin Smith...
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Les Chroniques de Livaï ~ EruRi Only [+13]
FanficUne compilation des chapitres des Chroniques de Livaï qui exposent la relation entre Erwin et Livaï. Elle reflète comment je les vois dans le contexte du manga, et en suivant la timeline de SnK. Leur rencontre, leur antagonisme du début, leur lien q...