p a r k - c.h

37.

Bizarrement, les larmes me montent aux yeux et une vague de haine monte aussi en moi envers Calum. Tandis que celui-ci passe devant moi le visage d'une impression neutre, laissant apparaître aucun sentiment, je reste à ma place abasourdie par ce qu'il vient de dire.

Je lui prends la tête ? Il ose réellement me dire ça ? Encore, ce qui m'avait le plus fait mal, c'est la façon dont il a prononcé sans l'ombre d'un doute '' il ne s'est jamais rien passé entre nous, notre relation est inexistante ''. Je savais pertinemment qui se fout de moi et que ce n'est pas concevable. Il m'avait embrassé plusieurs fois, et je n'avais pas l'impression qu'il ne s'est jamais rien passé.

J'étais plus que déçue, et je comprends rapidement pourquoi. Depuis la soirée, et même bien avant j'ai envisagé inconsciemment quelque chose entre Calum et moi, quelque chose que j'avais cru réciproque pendant tout ce temps sans que je n'en prenne conscience. Je tombe bien bas ce soir.

Je commence à avoir des sentiments pour un gars qui s'en fout littéralement de moi.

La désillusion me frappe bien fort ce soir, comme un coup de massue dans le ventre, me faisant monter la nausée au maximum.

J'essuie mes yeux délicatement sans vouloir gâcher mon maquillage et redescend dans le salon. Je n'ai plus envie de rester dans cette maudite soirée, j'étais même tentée de me barrer. J'aurai pu taper tout le chemin à pied, mais cela aurait donné une raison de plus à Calum de se moquer de moi ouvertement. En plus, je sais que si je rentre, seule la tristesse m'attend chez moi. Mon regard parcourt l'assemblée, avant de voir Noah dans un coin de la pièce. Je le rejoins en essayant de paraître calme, et je tente même un sourire pour masquer la peine qui dévore mon cœur.

- Tu as pleuré ? Il s'exclame en s'approchant de moi inquiet et en posant une de ses mains sur mon épaule.

Cette phrase me refait monter les larmes aux yeux, une boule apparaît au fond de ma gorge me faisant mal. Pitié la honte, je n'allais pas pleurer en public quand même ? En prenant une longue inspiration, je hoche la tête à la négative et je glisse mes mains dans la poche de ma veste.

- Tu veux rester ? Il ajoute en retirant sa main.

- Oui.

Bien qu'il fasse sombre, je sens le regard de quelqu'un sur moi. Noah propose d'aller boire quelque chose, et lorsqu'on passe pour rejoindre la table, le regard de la '' copine de Calum '' croise le mien. Elle voulait quoi de plus celle-là ? Je lui lance le pire regard noir de ma collection, avant de partir me bourrer la gueule au sens propre du terme. Noah tente de réfréner l'allure d'enchaînement des verres que je buvais, mais il finit par laisser tomber. Alors qu'on avait parlé, danser et flirter à plus de deux heures de matin, j'étais complètement déchirée. Je ne marchais plus droit et j'étais épuisée, je pensais que ça allait me détourner de ma peine, mais le pincement au cœur était encore présent.

- Merde Kya, je dois partir, m'informe Noah en montrant son téléphone. Le devoir m'appelle.

Parcourant du regard le message, je comprends rapidement sa teneur. Il est venu avec des amis, et un de ses potes semblent défoncé encore plus que moi, sauf que Noah était responsable de lui. Il devait donc le ramener chez lui. J'accompagne avec le peu de lucidité restante Noah à sa voiture et son ami Nate dans une rue plus bas. Une fois que les deux soient montés dans une voiture bleue cabossée, Noah me propose en ouvrant sa fenêtre :

- Je te raccompagne chez toi ?

Sa bienveillance me touche et réchauffe le cœur, je souris en allant accepter sa proposition.

- Non, c'est bon, elle rentre avec moi.

Sa voix jacassante me tape sur les tympans, je me retourne et sans surprise aperçois Calum, les mains enfoncées dans son sweat, l'air de rien. Retenez-moi de ne pas le frapper. Rien que son air nonchalant pouvait me faire monter dans les tours.

- Tu fous quoi là ?

- Comme je me suis engagé à t'emmener, je me suis engagé à te ramener, il explique en haussant des épaules.

Parce que maintenant, il avait un honneur des choses ? On dirait le début d'une mascarade. Il se tourne vers Noah et d'une voix claire, je l'entends clairement dire :

- Désolé mec, mais ce n'est pas aujourd'hui que tu vas te la faire.

Pardon ? Il vient réellement de dire ce que je viens d'entendre ? L'exaspération monte en flèche et j'ai vraiment l'envie soudaine de m'enterrer vivante par honte. Je finis par me faire une raison face à cette situation, Nate, l'ami de Noah, allait vomir sur sa moquette incessamment sous peu. Calum avait l'air résigné de me ramener, je finis donc par prendre ma décision de laisser partir Noah par peur de le déranger.

- Bon Noah, bonne nuit et désolé, je lui dis d'une petite voix.

J'ajoute moins fort pour que seulement lui m'entende :

- Fait pas attention à lui, il a toujours été si désagréable.

- J'entends, fait la voix de Calum.

- Bon, bonne soirée Kya, me dit résigner Noah.

Il quitte le trottoir et s'engage sur la route, je suis désormais seule avec Calum. Géniale cette fin de soirée n'est ce pas ? C'était bien fait pour moi d'accepter ce genre de plan bourbier quand un des organisateurs de la fête, me fait la gueule. Il brise le silence en partant vers sa voiture en disant assez haut :

- Bon bouge, il fait froid.

- Attends, tu crois vraiment que je vais rentrer avec toi ?

- Bah ouais.

- Non, je vais aller dormir chez Mady, je ne rentre pas avec un mec lunatique, je réplique en partant à nouveau vers la fête à grands pas.

J'entends qu'il me suit avec ces grands pas, quand sa voix agaçante se fait entendre de nouveau sur un ton moqueur désormais.

- Je crois que c'est trop tard, elle est partie, ça fait une heure.

L'espoir de l'éviter dégringole comme une étoile filante, et merde. Putain pour une fois que Mady aurait pu rester quelques heures supplémentaires. Ma bouche devenait plutôt pâteuse, et je prononce comme je peux :

- Pas grave, je demanderai à Ash' de me ramener.

- Il est déchiré, je ne pense pas qu'il est dans son état pour conduire. Je suis navré Kya, mais dépêche, je suis le seul qui peut te ramener.

Je me rends compte que j'étais au pied du mur. Je me fais une raison et je le suis de mauvaise grâce vers sa voiture.