Partie 22

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9h arriva très vite, un médecin qui se trouvait à l'accueil depuis quelques minutes déjà s'avança vers elles et demanda:

-Bonjour, Est-ce bien vous qui êtes là pour Tim Brandt?

-Oui, annonça Amanda en se levant pour lui faire face. Comment il va?

-Il va bien, enfin si je peux dire ça comme ça! avoua le médecin. Il va avoir besoin d'énormément de repos. Il ne doit pas faire d'efforts physiques pendant une semaine et au fil des jours après cette semaine il pourra recommencer petit à petit du sport doux puis quand il le sentira à courir et faire plein d'autres choses.

-Qu'est-ce qu'il a eu alors? demanda naïvement Mathilde.

-Il a fait une tentative de suicide assez impressionnante et je dois vous avouer que je n'en avais jamais vu une aussi « poussée » et qui n'a pas fonctionné.Tim, selon mes constatations, a dû commencer par se faire des coupures un peu partout puis étant donné que la douleur commençait à le submerger il a voulu l'arrêter en prenant des médicaments mais tout en continuant dans sa lancée il en a pris beaucoup trop ce qui a entraîné une overdose! Nous lui avons fait un lavement d'estomac pour être sûr de tout enlever puis nous avons fait des points de sutures partout il y en avait besoin.

Une femme en blouse, sans âge, à l'air pincé, se plaçait près du médecin qui annonça en la désignant du doigt:

-Je vous présente madame Martinez qui est notre psychiatre clinicienne et qui est chargée du suivi des patients comme Tim.

-ça sert à rien, vous pouvez aller vous occuper de quelqu'un d'autre! lança Amanda en essayant de contrôler sa voix pour ne pas paraitre trop méchante.

-Excusez moi, qui êtes vous ?... je n'ai pas à recevoir d'ordre Mademoiselle, rétorqua la femme oscillant entre la surprise et la colère.

-Mon frère n'a pas besoin de vous ! s'écria Amanda furieuse alors que le hall se remplissait de monde qui venait s'asseoir sur les bancs tout autour d'eux.

-Bien sûr que si, sinon il n'aurait jamais essayer de mettre fin à ses jours. Les personnes qui comme lui passent réellement à l'acte ne vont pas bien et ont besoin de se confier à quelqu'un. Votre frère fera le nombre de séances avec moi qu'il faudra jusqu'à ce qu'il parle.

Amanda se mit à rigoler nerveusement en la regardant avant d'ajouter comme si un barrage nerveux venait de céder:

-Bas le jour où il viendra à l'une de vos séances, vous m'appelez hein? Je veux être la première au courant! Oh et puis si comme ça, par hasard, vous arrivez à le faire parler...mais alors là, c'est pas moi qu'il faut appeler mais carrément la télé pour le faire passer aux informations sur toutes les chaines!

Amanda rigola encore plus, avant de soupirer bruyamment et de se diriger vers une boulangerie qui venait d'ouvrir dans l'hôpital.

-Non mais oh ! Jeune fille ! Où est-ce que vous vous croyez là ? Je ne vois pas pourquoi il ne me parlerait pas, répliqua la femme piquée au vif d'être ainsi interpellée devant tout le monde. Je suis psychiatre clinicienne et je suis reconnue dans la profession... donc il parlera! affirma t-elle désormais en colère alors qu'Amanda se tournait vers elle, hagarde.

-Ah oui...Madame est trop forte !!! lança Amanda d'un ton ironique en croisant ses bras sur sa poitrine. Les yeux de plus en plus remplis de larmes. Ca fait plus de dix ans qu'il voit une psy, elle n'a jamais réussi à lui faire dire un seul mot durant toutes ses séances. Et vous voyez où on en est ? Vous voyez comme il va bien ? Comme il va mieux ? Et vous, vous arrivez comme ça et vous croyez qu'il va parler!? Non mais vous vous croyez où là? Chez mémé? A l'église? Vous croyez peut être qu'il va vous supplier de l'écouter!? Qu'il va se confesser devant vous alors que même à moi il ne dit rien! Sa voix se brisa. Peut-être que tous vos autres patients vous parlent dès qu'ils vous voient parce qu'ils viennent de faire une tentative de suicide suite à une crise d'adolescence qui a mal tourné. Mais je peux vous assurer que mon frère ce n'est pas une crise d'ado qui a mal tourné! Il ne vous parlera jamais...déjà un : parce qu'il ne viendra jamais aux séances que vous lui imposerez, et de deux : parce qu'il n'a rien à vous dire!

Beaucoup de personnes qui venaient d'arriver s'étaient tournées vers la jeune fille pour voir qui parlait sur ce ton et surtout à qui elle parlait avec autant d'insolence.

-Je vous interdis de me parler sur ce ton! dit la psy entre ses dents, encore plus en colère, rouge comme une tomate.

-Ah bon et sinon quoi? Vous allez m'obliger à vous parler? A discuter avec vous? se moqua Amanda en la défiant du regard.

-Amanda, s'il te plait, l'arrêta Sarah en se tournant vers la jeune fille.

-Quoi c'est pas ma faute si elle nie l'évidence. Elle croit qu'un jour mon frère lui dira un truc...Si, si j'ai trouvé ce qu'il va vous demander, renchérit la jeune fille en se tournant de nouveau vers la psy. Il va vous demander toutes les dix minutes environ combien de temps il lui reste à passer avec vous!

Sarah se plaça devant Amanda, les yeux froncés.

-En attendant si quelqu'un veut aller le voir c'est possible...intervint le médecin comme si de rien n'était... mais une personne à la fois, compléta t-il.

-Moi j'y vais ! J'en ai marre de parler à un mur, déclara Amanda en tournant brusquement les talons pour suivre le médecin jusqu'à la chambre de son frère.

La jeune fille entra et referma la porte derrière elle, avant de s'approcher de son frère pour lui prendre la main et s'asseoir sur le bord du lit. Alors le garçon ouvrit les yeux pour voir sa sœur et lui fit un triste sourire.

-Comment tu vas mon chéri?

-Mieux qu'hier soir, avoua le garçon.

-Je suis désolée que t'en sois arrivé là! C'est notre faute, on aurait jamais dû te dire tout ça! J'ai cru que tu étais mort, j'ai cru que je m'en remettrais jamais si les médecins venaient nous voir pour dire que tu ne t'en étais pas sorti!

Amanda se mit à pleurer alors que Tim lui serrait les doigts pour la réconforter un peu avant qu'il déclare:

-Je peux pas te mentir en disant que c'est pas de votre faute, mais on va dire que c'était juste la minuscule petite goutte qui manquait pour que j'en arrive là et quand l'idée m'a traversé, je n'avais plus rien pour me retenir, pour ne pas le faire, je n'avais plus aucune excuse alors j'ai fait ce que ma tête me disait de faire!

Ils passèrent encore un petit moment ensemble puis elle sortit alors Sarah entra dans la chambre. En la voyant Tim éclata en sanglots.

-Non, je t'en supplie, ne pleure pas! chuchota-t-elle en s'approchant du garçon pour lui prendre la main. Ça va, ça va aller...je te le promets, je te le promets, maman est là, ta maman est là!

La femme s'assit sur le bord du lit. Tim qui était couché se releva très difficilement alors Sarah le prit dans ses bras.

-Maman, murmura le garçon dans un sanglot alors que la femme lui caressait les cheveux en se mettant à pleurer. Je comprends pas maman!

Les mystères du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant