Partie 30

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Il était 7h30, l'avion décolla à peine quelques minutes plus tard. Tim s'était installé entre Matt et Thomas. Il posa sa tête sur l'épaule de Matt et ferma les yeux, non pas pour dormir, mais pour s'imprégner encore plus de la musique qui résonnait dans ses oreilles. Il se perdit très vite quand même dans ses pensées. La première qui lui vint à l'esprit était que Sarah disait sûrement vrai : il se souvenait parfaitement du jour où sa maîtresse leur avait donné carte blanche pour faire un cadeau en pâte à sel pour la fête des mères qui aurait lieu à peine trois jours plus tard. C'était à cet instant précis qu'il avait su qu'il allait lui faire un cœur rose. Il savait que sa maman adorait le rose et aussi qu'elle raffolait des paillettes alors quand il avait vu un gros pot de paillettes posé sur la table il avait littéralement sauté dessus pour le prendre avant tout le monde ce qui avait fait pleurer trois petites filles de sa classe mais la maîtresse les avait vite calmées en sortant d'autres pots remplis eux aussi de paillettes.

Cette pensée fit sourire Tim mais ses amis ne le remarquèrent pas car ils venaient tous les deux de s'endormir très profondément. Cet après midi là, Tim qui avait alors 4 ans s'était plus qu'appliqué pour former un joli cœur, qu'il avait d'ailleurs dû recommencer trois fois avant d'être pleinement satisfait de la production qu'il allait pouvoir offrir à sa mère quelques jours plus tard. Il avait passé toute la matinée du lendemain à peindre minutieusement tout son petit cœur alors que tous les autres élèves avaient bâclé leur peinture en en mettant partout et surtout en oubliant des bouts ou des côtés. Une fois que ce fut sec, l'après midi il vida un tube entier de colle sur son cœur et versa le pot de paillettes rose dessus pour en mettre sur tous les côtés.

Quand sa maîtresse avait vu ce qu'il était en train de faire avec un immense sourire, s'était beaucoup trop tard pour qu'elle puisse dire quelque chose et elle fut encore plus surprise quand le petit garçon garda en main durant tout l'après midi son cœur par les deux minuscules endroits où il n'avait pas mis de colle pour pouvoir le tenir. La femme lui avait alors demandé pourquoi il ne l'avait pas posé au fond de la classe comme tous les autres élèves et il avait répondu qu'il devait attendre que tout soit très sec pour ne pas l'abîmer car c'était pour sa maman préférée.

Cette pensée refit sourire le garçon qui commençait à se sentir mieux. C'est alors que dans son esprit revint un jour quand il avait trois ans. Le petit garçon et sa maman étaient en train de se promener sur un chemin en gravier. Ils s'amusaient tous les deux jusqu'à ce que Tim se mette à courir et trébuche en s'emmêlant les deux pieds avant de tomber par terre sur une grosse pierre tranchante.

Sarah avait alors couru vers son fils qui s'était mis assis et avait explosé en sanglots car « ça piquait » comme il avait dit de sa toute petite voix d'enfant. Le petit garçon s'était entaillé tout le dessous du genou droit à cause de la pierre. La coupure ne saigna pas longtemps, une fois que sa maman eut posé un mouchoir mouillé sur sa blessure. Elle avait pu mouillé un mouchoir car ils marchaient tout près d'une petite rivière. Sa maman l'avait pris dans ses bras et l'avait réconforté jusqu'à ce qu'il arrête de pleurer, ce qu'il avait fait une dizaine de minutes après. C'est alors que Sarah avait demandé à son fils de la regarder droit dans les yeux et de lui promettre de ne jamais parler de cette blessure à personne et surtout pas à son père. Il prenait déjà son fils pour une chochotte alors si en plus il apprenait que son fils ne savait pas courir sans tomber...elle avait très peur de ses réactions violentes aussi soudaines que disproportionnées.

Tim avait toujours gardé le secret et n'avait jamais rien dit à son père, ni à personne qu'il avait une cicatrice. Sa mère avait pris l'habitude de ne pas lui mettre de short, habitude qu'il avait gardé. Ce n'était que bien après la mort de leur mère qu'il en avait parlé à sa sœur, quand celle-ci l'avait vu en boxer en entrant dans sa chambre sans frapper. En repensant aux souvenirs à demi-effacés du visage de la jeune femme qui avait été sa mère durant toutes ces années et en le comparant au visage de Sarah, il comprit que cette femme n'était pas une usurpatrice mais belle et bien sa mère. Ce rêve qu'il avait depuis si longtemps se réalisait enfin. Il sentit un immense bonheur l'envahir. Il décida de profiter pleinement de ce séjour à New York...en plus il avait toujours rêvé de voir en vrai la Statue de la Liberté alors il était aux anges.

Les mystères du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant