Chapitre 42

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Si le garçon avait frappé son frère c'est qu'il était intimement persuadé que Ryan avait agressé leur mère étant donné qu'il était méchant avec lui depuis toujours; ça ne pouvait être que lui aux yeux du garçon. Pourtant une image le dérangeait depuis qu'il était monté s'enfermer dans sa chambre : quand il avait frappé son frère, pour une fois, il n'avait pas le regard moqueur et le sourire provocateur de quelqu'un qui attend de voir la réaction des gens après avoir fait une méchanceté. Ryan avait vraiment un air surpris. Le garçon se mit à douter puis se demanda qui aurait pu poignarder sa mère sous ses yeux si ce n'était pas Ryan pour le voir souffrir comme il aimait le faire depuis tant d'années.

Tim ne savait pas du tout qui pouvait faire du mal à sa mère et il ne comprenait pas non plus la raison qui avait poussé un homme à lui faire du mal en pleine journée alors qu'il y avait beaucoup de monde autour d'elle. Pour le garçon ce n'était pas du tout logique car tous les psychopathes savent très bien qu'il faut agir la nuit quand la personne est seule...ou cette personne voulait que lui, voit sa mère se faire poignarder, on voulait qu'il se sente impuissant face à des imprévus et qu'il n'arrive pas à sauver sa mère une deuxième fois dans sa vie alors qu'il lui avait promis quelques temps plus tôt. Quelqu'un toqua à la porte ce qui fit sursauter le garçon.

Il s'enleva de derrière la porte en se glissant sur le sol pour se coller contre le mur qui était à côté. Monsieur Aubry passa la tête dans la chambre et entra en découvrant le garçon qui arrêtait tant bien que mal de pleurer. L'homme referma doucement la porte et vint s'asseoir à côté de Tim.

-Je suis vraiment désolé de ce qui vient d'arriver à ta mère, avoua le proviseur d'un ton triste visiblement lui aussi touché par le drame qui s'était déroulé devant eux. Est-ce que tu as eu des nouvelles?

-Non, annonça le garçon la voix tremblante.

-Est-ce que tu as envie que je t'emmène à l'hôpital pour attendre plus près d'elle et avoir en direct les nouvelles?

-Pourquoi vous feriez ça?

-Parce que tu n'as pas l'âge de conduire et savoir que tu prends le bus tout seul pour aller à l'hôpital qui est quasiment en centre ville me fait peur car tu es, je te le rappelle, sous notre responsabilité ici! Alors tu as envie ou pas? J'ai demandé à ta sœur mais elle a dit qu'elle préférait rester ici pour se changer les idées et avoir les nouvelles en même temps que les autres et soutenue par ses amis.

-Oui j'en meurs d'envie, avoua Tim en se passant une main dans les cheveux pour se recoiffer car ses cheveux étaient rebelles en ce moment.

Monsieur Aubry se redressa avec un peu de difficulté car la terre était basse... Tim se leva à son tour et ils sortirent de la chambre sans rien dire. Vu qu'ils étaient là pour un voyage scolaire le proviseur n'avait pas de voiture donc il fit venir un taxi pour qu'il les conduise à l'hôpital, il paya avant de sortir de la voiture jaune et de se retrouver devant l'hôpital.

L'homme soupira profondément car il se rappelait que environ deux jours auparavant c'était à cause de Tim qu'il était arrivé en courant dans un hôpital. Ils entrèrent sans rien dire car le proviseur ne savait pas vraiment s'il devait engager la conversation ou laisser le garçon dans ses pensées. L'hôpital était rempli de monde, ce qui fit écarquiller les yeux de Tim qui ne s'attendait pas à trouver autant de gens à une heure aussi avancée dans la soirée.

Ils s'approchèrent de l'accueil où une femme d'une cinquantaine d'années, portant une blouse d'infirmière blanche au bord rose, était en grande discussion au téléphone assise derrière un bureau en désordre. Les deux hommes attendirent un petit moment jusqu'à ce que la femme finisse enfin par raccrocher en soupirant longuement, visiblement émue de ce qu'elle venait d'annoncer à une famille qui appelait pour avoir des nouvelles d'une personne se trouvant à l'hôpital. Elle leva ses yeux noisette pour les regarder et demanda avec un sourire aimable:

-Que puis-je faire pour vous?

-Nous voudrions savoir si vous avez des nouvelles de Sarah..., commença le proviseur avant de s'arrêter car il remarqua qu'il ne connaissait pas le nom de famille de la jeune femme.

-Il me faut un nom de famille si vous voulez des informations, avoua la femme.

-En réalité je ne connais pas son nom de famille, Tim tu le connais toi?

-Non, annonça le garçon qui ne connaissait pas le nouveau nom de famille de sa mère car celle-ci s'était remariée avec l'homme avec qui elle avait eu trois autres enfants.

-Ecoutez...c'est une femme d'environ trente-cinq ans, elle est arrivée en tout début d'après-midi avec les pompiers, elle s'est fait poignarder dans le ventre. Nous aimerions vraiment avoir des nouvelles de cette femme car elle fait partie de la famille de ce garçon, déclara M. Aubry en désignant Tim du regard.

La femme les regarda d'abord surprise et un peu méfiante, puis après un court moment d'hésitation à les dévisager, elle parut décider de leur faire confiance et sourit gentiment en secouant la tête comme pour chasser les doutes.

-Je vois très bien de qui vous parlez, elle est encore au bloc opératoire, nous n'avons pas encore de nouvelles depuis qu'elle y est entrée cet après-midi. Je suis désolée mais il va falloir patienter encore un moment je pense, car son état était critique. Je viendrai vous faire signe et vous donner plus de détails quand j'en aurai si vous voulez rester pour attendre. Vous pouvez aller prendre place sur des chaises libres si vous le souhaitez : il y a un distributeur de bonbons et chocolat de toutes sortes près de l'entrée et un point chaud qui fait de très bons sandwiches 24h/24 si vous n'avez pas encore mangé.

-Merci, lancèrent les deux visiteurs en même temps avant de se diriger vers deux sièges libres qui se trouvaient près de l'entrée et du distributeur de gourmandises.

Toutes les personnes qui étaient déjà là à leur arrivée les regardaient pour savoir se qu'ils venaient faire ici et chacun se demandait bien pourquoi ils avaient des visages aussi tristes.

-Vous croyez que nous allons encore devoir attendre longtemps avant d'avoir de ses nouvelles? demanda soudain Tim alors que cela faisait maintenant une trentaine de minutes qu'ils attendaient sans rien se dire chacun perdu dans ses pensées.

-Sincèrement je n'en sais rien, je ne suis pas médecin et pour tout te dire je commence un peu à perdre le notion du temps depuis que nous attendons sans aucune nouvelle.

-Oui moi aussi, avoua Tim qui fixait ses chaussures en s'empêchant tant bien que mal de fondre en larmes tellement le fait de ne pas savoir comment allait sa mère le faisait souffrir.

Tim se demanda soudain si la nouvelle famille de sa mère était au courant de ce qui venait de lui arriver. Le garçon avait envie de se dire que oui car théoriquement les policiers auraient dû le faire mais en regardant tout autour de lui le garçon ne vit personne qui ressemblait aux enfants, ni au mari et encore moins à la mère de Sarah. Il espérait seulement que sa mère n'allait pas encore une fois l'abandonner à son sort. 

Les mystères du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant