Without you, I breathe

Chapitre 4

Ouvrir les yeux est difficile, douloureux et c'est réellement une épreuve. J'ai l'impression que mon visage est en feu, anesthésier par un poids invisible qui pèse de toute part. Je tente de quitter cette obscurité qui m'effraie, en vain. Mes yeux ne veulent pas s'ouvrir, pourrais-je un jour y parvenir de nouveau ? Je ne sais pas et c'est ce qui fait accélérer les battements de mon cœur. J'ai peur de sombrer dans ce gouffre qui m'entoure. Les tam-tam résonnent dans ma tête à vive allure, le sang afflue de toute part, propulsée par la peur pourtant je ne suis pas consciente. Je suis seulement perdue dans le noir comme une enfant. Perdue dans mes doutes, mes craintes et mes peurs. Perdue après le traumatisme et l'agression de Darren. Ma respiration devient oppressante en pensant à lui ! Je ne veux plus jamais le voir.

En même temps si tu n'ouvres plus les yeux, il n'y a aucun risque !

C'est ça Joy, fait de l'humour. C'est ça qui va t'aider à reprendre conscience...

Est-ce vraiment nécessaire ? J'ai souffert à chaque fois que j'ai ouvert les yeux c'est trois dernières années. Dormir était mon seul refuge donc je ferais mieux de m'en contenter.

Je fais taire mes angoisses. Les battements de mon cœur ralentissent, bien que les tam-tam continuent de résonner dans ma tête. Puis je me laisse sombrer davantage dans le néant. Loin de Paris et de son agitation. Loin de mes problèmes mais surtout très loin de ce monstre qui m'a pris celui que j'aimais.

Le poids sur mon visage finit par disparaître, je ne sais pas au bout de combien de temps. C'est donc un peu désorienté que je parviens à ouvrir les yeux. La lumière me brûle la rétine, elle bien trop claire et puissante pour moi. Pourtant mes yeux parviennent à s'habituer, petit à petit, ma vue devient plus nette et je me rends compte que je fixe un plafond blanc ! J'étais dans une ruelle, où suis-je maintenant ? Au paradis ? Ah non, à l'hôpital, je reconnais cette odeur si particulière qui lui est associée ! Tous mes sens se réveillent, mon ouïe me permet d'entendre le bruit strident d'une machine à mes côtés. Qui m'a emmené ici ? Tellement de questions me passent par la tête, et je me rends compte que l'obscurité était beaucoup plus facile à vivre. Les douleurs dans mon cou se réveillent comme mes sens. Je ressens tellement de choses qu'il m'est impossible de savoir ce qu'il y a de pire, mes douleurs dans les côtes ou sur le visage. Je ne parviens pas à ouvrir la bouche, la sensation que cette tentative me procure m'arrête net.

Un gémissement s'échappe de mes lèvres et je refuse de bouger de peur de souffrir davantage, un bruit autour de moi, m'informe que je ne suis pas seule ! La première émotion qui me traverse à ce moment, c'est la peur. Je n'arrive pas à bouger, mon corps est comme paralysé et je ne vois rien, le bruit de la machine s'accélère comme les battements de mon cœur.

Une femme apparaît au-dessus de moi, évitant à mon cœur d'exploser dans ma poitrine à cause de la terreur que me fait ressentir l'idée de revoir Darren. Les battements de mon cœur ralentissent pendant que j'observe cette femme, elle a environ le même âge que moi, aux alentours de 24 ans. Sa blouse blanche me rassure et m'informe que je suis entre de bonnes mains. Mon cerveau comprend enfin où je me trouve ! A l'hôpital. Ce qui veut sûrement dire que Darren a été arrêté. Cette idée me fait presque sourire mais les douleurs m'en empêchent.

- Mademoiselle Dubois, vous êtes à l'hôpital !

- Euh... Aaaah.

Pourquoi je ne peux pas ouvrir la bouche ? J'ai tellement de questions à poser pour me rassurer comme par exemple : Où est mon agresseur ? L'ont-ils arrêté ? Je veux tellement croire que c'est le cas, imaginer qu'il ne peut plus m'atteindre, qu'il est enfermé dans la cage qu'il mérite loin des autres. Je ne veux plus qu'il me fasse de mal et je ne veux pas qu'il en fasse à une autre. L'infirmière m'observe un moment comme si elle lisait en moi les questions que je meurs d'envie de lui poser et après ce qu'il me semble une éternité, elle ouvre enfin la bouche.