Chapitre 21

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JAKE

Est-ce qu'elle s'imagine vraiment que nous sommes juste amis ? Non, mais sincèrement, elle a dormi blottit dans mes bras, elle a partagé avec moi certains moments de sa vie qu'elle n'évoquera sûrement jamais à Sam. Il lui faut quoi de plus pour se rendre compte que notre relation pourrait évoluer davantage. Suis-je le seul à me rendre compte de notre alchimie ? Je me prends trop la tête ! Elle n'est pas prête, et honnêtement, je ne pense pas l'être aussi. Je voudrais seulement qu'elle arrête de nous qualifier d'amis. Ça permettra à notre relation d'évoluer réellement, certes à un rythme qui correspondra à nos blessures, mais ce qui compte, c'est que ça bouge. May a le chic pour me prendre la tête, même quand elle n'est pas avec moi, mes pensées lui sont dédié.

Si je suis sortie en plein milieu de ma nuit, c'était pour prendre l'air. Je savais qu'à cette heure, seuls les fêtards et les alcooliques seraient de sortie. Rencontrer May a été une surprise, et il aurait sûrement fallu que je m'abstienne de l'approcher. Notre conversation, si on peut appeler ça ainsi, ne fera en rien avancer notre histoire.

Quelle histoire ? Hein, Jake, tu rêves. Il n'y absolument rien entre vous.

Ça y est, je me remets à me parler à moi-même. L'éloignement de ce week-end avec cette belle blonde, ne peut être que bénéfique. Je sens que ça va être la pire fête de la ville que je vais devoir supporter. Et pas seulement car je viens de décider de ne pas voir May durant les deux prochains jours.

A vrai dire, chaque année, c'est la même chose. Les habitants sont tous heureux et exaltés à l'idée des célébrations et notamment de leur bal annuel. Mais pour moi, c'est deux jours, sont ce qui me rapproche le plus de mon passé. Cette date que je n'oublierai jamais... Et que j'aimerais pourtant effacer de ma mémoire pour ne plus souffrir.

Ce mois d'août prend fin comme à l'accoutumé, ce matin, les festivités de la ville commencent tôt, me réveillant par la même occasion. Je n'y participe pas, mais les bruits dans la ville, et cette effervescence qui monte peu à peu, résonne dans mon appartement. Ce n'est pas ce vieux garage qui va couvrir les bruits extérieurs, j'attrape mon casque audio que j'avais posé sur ma table de chevet la veille. Je le pose sur mes oreilles et connecte mon smartphone, les musiques de ma playlist Spotify se font entendre les unes après les autres m'éloignant de cette ville qui s'apprête à célébrer sa fête annuelle. 

Allongé sur mon lit, bercer par des musiques que j'écoute rarement, je laisse mes pensées dérivés vers le Québec. Dernièrement, je ressens une sorte de manque de ce qui a toujours été mon chez moi. Je revois les visages de ses gens qui ont fait partie de ma vie pendant des années, ceux qui ont eu un réel impact sur moi. J'essaye d'imaginer ce qu'ils ont pu devenir en cinq ans, quand le visage le plus doux que j'ai jamais vu apparaît dans mon esprit comme dans un rêve. Ce joli sourire que j'ai aimé chaque jour un peu plus, ses yeux bleus qui m'ont si souvent observer, et puis, il y a ce rire. Doux et délicat, ce son sera toujours le plus beau que j'ai pu entendre dans ma vie, mais le plus douloureux, car il ne résonnera plus jamais. 

Une larme glisse sur ma joue, et son visage disparaît dans un nuage de douleur. Je me glisse hors de mon lit, le cœur au bord des lèvres. J'éprouve un grand sentiment de tristesse mêlé à beaucoup de rage car je n'ai pas su la garder près de moi. Tous les ans à cette date, je souffre de son absence, du vide qu'elle a crée dans ma vie et de l'énorme troue dans mon cœur qui ne se refermera jamais ! Sans elle, tout est plus fade.

J'abandonne mon casque sur mon lit, mets ma prothèse et enfile un jogging. Dans la cuisine, je récupère un petit truc à manger avant de descendre dans mon garage. La musique Rock résonne rapidement dans ce lieu ou mon cerveau me laisse un peu tranquille. Je ne tarde pas à me mettre au travail sur les voitures de mes clients. Il est à peine 8h30 du matin, et je suis déjà prêt pour une journée de travail. Je sens que cette journée va être longue, surtout que je n'aurais pas de client pour les deux prochains jours. Ne pas avoir de client est un choix que je fais durant les deux jours de célébrations afin de ne côtoyer personne !

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant