Chapitre 28

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JAKE

Brisbane, cette ville s'apprête à devenir ma préférée. Pas seulement car j'y suis avec May, mais parce que c'est ici, que je me suis libéré. Depuis la disparition tragique de ma famille, je n'ai plus jamais reparlé d'eux. Évoqué, ma petite amie, ma fille et surtout mon fils à peine né, a toujours été impossible pour moi. C'était trop douloureux pour moi, pour être honnête ça l'est encore ! J'ai tout perdu du jour au lendemain, d'un simple claquement de doigt. En parler à May, offre à notre histoire une chance de fonctionner car je veux qu'elle me connaisse et surtout qu'elle aie confiance en moi. La confiance est primordiale dans un couple surtout quand les deux personnes ont souffert dans leur vie. May n'évoque que très peu sa vie en France, et je me doute que ce qu'elle cache est tout aussi horrible que ce qui m'a détruit. May se remet lentement de ce qu'elle a vécu. Il m'aura fallu un peu plus de cinq ans pour sortir la tête de l'eau, je lui laisserais le temps nécessaire pour qu'elle se batte et refasse surface.

Peu importe si cela signifie, ne pas partager de moment intime ou ne pas la connaître complètement pendant des semaines, voir plus. Je suis prêt à attendre, car je suis sûr qu'elle en vaut la peine. Nos longues discussions en visitant cette ville, nos éclats de rire comme si nous nous connaissions depuis des années. Cette fille a fait tomber toutes mes barrières en à peine quatre mois. A ses côtés, je retrouve ce sentiment que je ressentais avec Sarah, l'envie de la découvrir, l'envie de la laisser se faire une place dans mon cœur. Certes, comparer Sarah et May ne seraient pas juste pour chacune d'elles. Mais ce sont les seuls à avoir atteint cette partie de moi que je protège avec force. Sarah a été et restera le premier amour de ma vie, mais aujourd'hui, je me rends compte qu'elle n'aurait sûrement pas apprécié que je me morfonde dans mon garage. Je n'aurais jamais souhaité ça pour elle, si j'avais perdu la vie à sa place.

Sarah, Laya et Thomas resteront ma famille pour l'éternité, ils sont ancrés en moi. Mais a présent, je compte avancer, et peut-être un jour me laisser la chance de reconstruire une nouvelle famille. Le présent ne remplacera jamais le passé, mais la vie ne peut pas s'arrêter aux souvenirs. Il faut vivre ! 

C'est ce que j'ai fait avec May, aujourd'hui. Nous avons arpenté la ville pendant des heures, enchaînant les longues conversations et les blagues. Pour la première fois, je n'ai pas eu honte de cette jambe, je n'ai même pas prêté attention aux regards de certaines personnes. Seule, May comptait. Elle n'a jamais regardé ma jambe avec honte ou dégoût, comme je peux le faire parfois dans le miroir de la salle de bain.

La journée arrive à son terme, il est 17h, et nous sommes de retour à l'hôtel, car j'ai prévu une petite surprise à May. Nous ne montons pas dans notre chambre car je la guide vers le spa de l'établissement. Une femme d'une trentaine d'années nous accueille avec le sourire. Elle nous invite à entrer dans une cabine et à nous changer pour une séance de massage. Je laisse May entrer dans une cabine et entre dans l'autre. Sans attendre, je me débarrasse de mes fringues et enfile le peignoir avant de rejoindre la pièce où je retrouve May dans la même tenue que moi.

La femme qui nous a accueillies, nous invite à prendre place sur les tables de massages. On se débarrasse de nos peignoirs pour nous allonger sur le ventre. Une autre femme entre dans la pièce, et sans plus attendre, une longue séance de détente commence sous les mains expertes de ces femmes. Je tourne la tête vers May, elle fait de même et me sourit avant de murmurer un merci. Nous nous regardons alors que nos muscles subissent la plus agréable des tortures. Je n'ai jamais ressenti cette sensation de bien-être. Le massage dure plusieurs minutes, nous nous détendons complètement, jusqu'à ce qu'elles aient terminée. J'ai ensuite prévu une séance de manucure, May est très contente, je participe à ce moment qui ne peut faire que du bien à mes doigts calleux. Mes ongles avaient besoin de soin.

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant