Chapitre 10

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Jamais, je n'aurais pu croire que je trouverai un travail aussi facilement. C'est pourtant ce qui m'est arrivé, trois jours plus tôt ! Il a suffi que j'entre dans ce café en parlant avec Joe de mon envie de réellement m'établir ici, en trouvant notamment un job, pour que Sandy, la serveuse et l'amie de Joe, me propose un poste. Un poste de serveuse, je ne pouvais pas refuser, étant donné que c'était ce que je faisais avant. Rien de plus simple pour moi, j'ai vite retrouvé mes habitudes. Les clients sont sympas et depuis maintenant cinq jours, je me sens à ma place. Je suis heureuse d'être venue ici, d'avoir recommencé ma vie.

Joy a définitivement laissé place à May. Cette femme triste et meurtrie, devient peu à peu plus épanouie. May prend le dessus sur Joy. J'essaie d'oublier mon passé même si parfois la nuit, Darren s'immisce dans mes rêves, les transformants en cauchemars. Je me bats comme je peux pour avancer, oublier cet homme et refermer ces cicatrices qui sont encore à vive. L'important est quelle cesse définitivement de saigner ! Pour cela, je pense positive, et je me répète inlassablement que « Darren n'est pas là, que je suis libre ! ». Ce petit mantra m'aide à me lever chaque jour avec le sourire.

Ce matin encore, je quitte mon lit en souriant. Ma nuit a été un peu compliqué à cause de cauchemar mais ce n'est pas la réalité, « Darren n'est pas ici ! ». Je récupère mes vêtements et rejoins la salle de bain pour me préparer. Contrairement à ma vie Parisienne, je ne porte plus de jean noir et de haut à manches longues sombre et triste. Je n'ai plus de raison de me cacher donc la peau de mes jambes et de mes bras peut enfin prendre le soleil. Elle a très vite rougi, donc j'ai investi dans de la crème solaire pour mon bien. Mais c'est le risque quand on vit au milieu de ce climat, je m'y ferais car je m'y sens bien.

- May ! Dit-il en frappant à la porte de ma chambre.

- Oui, dis-je en lui ouvrant après avoir attaché mes cheveux.

- Je vais devoir partir plus tôt donc je passerai plus tard au café.

- D'accord, bonne journée. A plus tard !

Au lieu de partir travailler, il reste là à m'observer durant un long moment. Les minutes s'égrainent et il reste piquer là dans l'encadrement de ma porte de chambre, à me regarder de haut en bas sans cesser de sourire. Le Joe peu sociable de notre première rencontre à l'aéroport, devient un peu plus bavard à mesure que le temps passe. Je crois qu'il aime bien nos petit-déjeuners quotidiens, à vrai dire je les  aime bien aussi ! J'apprécie vraiment sa compagnie mais ce regard qui se fait de plus en plus pesant, me met mal à l'aise. Il doit remarquer mon malaise car il ouvre finalement la bouche.

- Tu te plais ici ?

- Oui, beaucoup. Merci pour tous ce que tu fais pour moi.

- C'est normal, je suis content de t'accueillir ici. Bon, j'y vais. Je vais être en retard !

- A plus tard, passe une bonne journée.

- Bonne journée à toi aussi.

Il disparaît de mon champ de vision en s'élançant dans l'escalier. La porte d'entrée claque puis j'attends sa voiture démarrer. Ça y est, je suis seule. La solitude ne m'a jamais effrayé, j'y trouve même du réconfort. A l'époque, être seule, signifiait être loin de Darren, en sécurité temporairement. J'aimais c'est rare moment où la peur diminuait en moi, ou je n'avais pas à protéger mes arrières et où je pouvais souffler un peu. Aujourd'hui, ça veut juste dire que je suis une jeune femme indépendante, qui n'a besoin de personne pour vivre sa vie. Je termine de me préparer dans ce silence que j'apprécie.

Lorsque je suis prête, je quitte ma chambre et la maison pour rejoindre ma voiture. Au volant de ma jeep, je rejoins le café où je travaille pour commencer ma journée avec un bon petit-déjeuner. C'est la première fois que je vais y manger seule, mais je sais déjà ce que je vais commander. Il y a deux jours, j'ai fait remarquer à Joe qu'il prenait chaque matin la même chose donc nous nous sommes mis d'accord pour tester chaque jour un nouveau petit-déjeuner présente sur la carte. Ce matin, je vais donc passer à la troisième proposition sur le menu !

Without you, I breatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant